ACTE I, SCÈNES 10-11 - Le mariage de Figaro de Beaumarchais (commentaire)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
L'émotion que manifeste la Comtesse à cette nouvelle persuade aisément le Comte du bien-fondé des accusationsde Bazile et, tandis que Figaro et Suzanne font leurs adieux à Chérubin, il s'enquiert de Marceline.
Tous quittent la scène sauf Figaro qui retient avec lui Bazile et Chérubin.
Il prêche la réconciliation générale etsuggère à Chérubin de rester secrètement au château, en se chargeant d'apaiser le Comte après la fête.
Le premieracte s'achève sur l'évocation des amours de Chérubin et de Fanchette.
Figaro et ses alliés
L'arrivée de Figaro en si nombreuse compagnie permet de préciser les rapports de force : d'un côté, le Comte auquelsa position sociale donne tous les pouvoirs, de l'autre, l'ensemble des domestiques et la Comtesse qui, en tant quefemme, se trouve assez naturellement du côté des opprimés.
Figaro, seul, n'avait aucune chance d'obtenirsatisfaction mais, en plaçant le Comte sous le regard de ses vassaux et de sa femme, il exerce sur lui une pressionmorale qui va se révéler efficace.
Le Comte apparaît dans cette scène comme un personnage ambigu, dont le comportement est en contradictionavec les principes.
C'est
ce qui permet à Figaro de triompher car Almaviva ne peut refuser d'accéder à la demande de son Valet alors que lui-même, en grand seigneur éclairé, condamne le droit du seigneur : « L'abolition d'un droit honteux n'est que l'acquisd'une dette envers l'honnêteté.
»
Il ne faut pas sous-estimer l'enjeu de la démarche de Figaro.
Pour lui, il ne s'agit pas seulement de protéger sonpropre couple mais aussi et surtout de créer un précédent : « Adoptez-en la cérémonie pour tous les mariages.
» Lespectateur assiste ici au premier épisode décisif de la lutte des domestiques contre les abus des grands.
Le Comtene l'ignore pas, même s'il préfère feindre de ne céder qu'à sa femme et de ne se rendre qu'au titre de « l'amourcharmant » qu'il lui porte.
Il est bien conscient de sa défaite 1« Je suis pris »I mais ne s'y résigne pas.
11 décide detemporiser pour permettre à Marceline de s'opposer au mariage, ce qui annonce directement l'acte Ill.
Le sort de Chérubin
Figaro s'étonne que le page ne partage pas l'allégresse générale.
Celui-ci va faire l'objet d'un nouvel affrontemententre le Comte et les autres habitants du château.
De nouveau la Comtesse se range aux côtés des domestiquespour obtenir le pardon de l'adolescent.
Mais cette intercession en faveur de Chérubin est de nature à raviver lajalousie du Comte que les révélations de Bazile avaient suscitée dans la scène précédente.
Suzanne intervient avec l'esprit qui la caractérise ; elle fait allusion aux propos que lui tenait naguère le Comte àtravers l'expression « racheter en secret ».
Or le Comte, qui vient de réaffirmer solennellement qu'il renonçait audroit du seigneur, ne peut que redouter certaines révélations.
Il ne faut d'ailleurs pas oublier que Chérubin, cachéderrière puis sur le fauteuil, avait tout entendu, d'où l'embarras d'Almaviva que soulignent les didascalies.
Celui-ci vadevoir adopter la même attitude qu'au sujet du droit du seigneur.
Il feint de céder à la pression générale : « (...)tout le monde exige son pardon, je l'accorde », mais ne renonce pas à son projet d'éloigner Chérubin du château.
Enlui confiant une compagnie en Catalogne, il l'envoie dans la province d'Espagne la plus éloignée de l'Andalousie.
Le ton change alors : on passe du comique qui résultait de la double défaite du Comte, au moins apparente, àl'attendrissement que suscite le départ de Chérubin.
La Comtesse ne peut dissimuler son émotion, ce qui confirme leComte dans sa jalousie et prépare ainsi le deuxième acte.
En quelques mots Figaro oppose l'ancien et le futur étatde Chérubin.
Sous le badinage apparent, on relève un contraste cruel et une dénonciation à peine voilée del'absurdité de la guerre sur un ton voltairien.
Suzanne et la Comtesse se récrient en entendant un tel « pronostic »mais il se révélera exact dans la troisième pièce de la trilogie, puisque dans La Mère coupable on apprendra -que Chérubin est mort au combat.
La préparation des deux actes suivants
La fin de la scène 10 et la scène 11 permettent à Beaumarchais de préparer les péripéties des prochains actes.
LeComte met en pratique la résolution qu'il a prise en aparté au moment où il a été contraint de renoncer au droit duseigneur : il s'enquiert de Marceline.
Ce qu'il apprend de la bouche de Fanchette est de nature à le réjouir.
Laprésence de Bartholo semble de bon augure au Comte comme il le souligne en aparté, une fois de plus.
L'abondancede ces apartés tout au long de la scène suggère à la fois l'embarras du Comte et sa duplicité.
C'est au cours dutroisième acte que Marceline et Bartholo interviendront dans le cours de l'action.
La scène 11 constitue un intermède comique qui vient détendre le spectateur à la fin de l'acte.
Elle contientcependant deux indications importantes pour la suite de l'action.
Chérubin va rester au château puisque Figaro l'yengage, ce qui lui permettra de jouer un rôle déterminant dans le deuxième acte.
Figaro et Bazile se réconcilient,sans que le spectateur soit convaincu de la sincérité de cette réconciliation, mais cela prépare le rôle d'agentdouble que jouera Bazile dans le deuxième acte en acceptant de faire passer au Comte le billet de Figaro destiné àéveiller sa jalousie..
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