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ACTE II - SCÈNES 4-9 - Le mariage de Figaro de Beaumarchais (commentaire)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Chérubin entre dans la chambre de la Comtesse où il finit par surmonter sa timidité et par chanter la romance qu'il a composée. On lui révèle alors qu'il doit rester caché jusqu'au soir où il se rendra au rendez-vous du Comte à la place de Suzanne. C'est alors qu'on apprend que le page a déjà reçu son brevet d'officier et que, dans la précipitation, on a oublié d'y apposer le cachet qui doit y figurer. En déguisant Chérubin, Suzanne découvre qu'il porte à son bras le ruban qu'il a dérobé le matin. Il s'en est servi pour panser une légère blessure qu'il s'est faite en montant à cheval. Ce ruban suscite l'émotion du page, désolé à l'idée de quitter le château, et l'attendrissement de la Comtesse.

« Ce ruban suscite l'émotion du page, désolé à l'idée de quitter le château, et l'attendrissement de la Comtesse. Un tableau vivant L'entrée en scène de Chérubin confirmepleinement le récit que Suzanne vient de faire àla Comtesse.

Les didascalies soulignent latimidité du page : « l'air honteux », « avance en tremblant », « avec un soupir ».

Les paroles de Chérubin, entrecoupées de silences, renforcentencore cette impression.

Mais Suzanne n'est pasdupe et se moque de lui en l'imitant.

Ellesuggère que le trouble du page est peut-êtrefeint : « Le bon jeune homme, avec ses longuespaupières hypocrites.

» Le page se fait un peu prier avant de chanter saromance mais Suzanne, une fois de plus, semoque de ses feintes réticences.

Il s'exécutedonc, ce qui donne lieu à un véritable tableauvivant tel que Diderot les préconisait.Beaumarchais a indiqué avec précision quelledevait être l'attitude respective des troispersonnages et cette longue didascalie s'achèvesur un rapprochement avec la peinture : « Ce tableau est juste la belle estampe d'aprèsVanloo, appelée La Conversation espagnole.

» La romance de Chérubin, chantée sur l'air connude Malbrough s'en va-t'en guerre, est empreinte de naïveté, comme le soulignera la Com- tesse.

Le cadre est emprunté à un Moyen Age de fantaisie et permet d'identifier les sentiments de l'adolescent àune forme d'amour courtois.

La Comtesse semble ne pas y être insensible.Les préparatifsC'est Suzanne qui met fin à la rêverie dans laquelle la romance de Chérubin a plongé la Comtesse.

Elle rappelle surun ton enjoué que l'amour du page n'est peut-être pas aussi éthéré que sa romance le laisse croire : « Oh ! pour dusentiment, c'est un jeune homme qui...

» Elle revient à la réalité présente en apprenant à Chérubin le motif de saprésence : on doit le déguiser.

A la fin de la scène 4 les préparatifs commencent.

On remarque que la Comtesse faitfermer la porte de sa chambre, précaution qui paraît superflue à Suzanne mais dont l'arrivée inopinée du Comteprouvera l'utilité.La courte scène 5 et le début de la scène 6, au cours desquelles Suzanne apporte ce qui est nécessaire audéguisement, permettent à Beaumarchais de fournir une nouvelle indication qui aura plus tard son utilité : Chérubin adéjà reçu son brevet d'officier mais on a oublié d'y apposer le cachet.

Cet élément sera décisif dans la scène 11.Le déguisement de Chérubin occupe la majeure partie de la scène 6.

Il permet à Suzanne de s'extasier sur la beautéquasi féminine de Chérubin, ce qui semble troubler la Comtesse puisqu'elle lui répond « d'un ton glacé ».

Cespréparatifs ont aussi pour conséquence la découverte du ruban de la Comtesse sur le bras de Chérubin. Le rubanLa dimension symbolique du ruban, déjà suggérée dans la scène 7 du premier acte, est confirmée.

Il constitue unevéritable métonymie du désir amoureux puisqu'il entre successivement en contact avec le corps de la Comtesse—c'est son « ruban de nuit » — et avec celui de Chérubin qui l'utilise pour panser une légère blessure.

Le motif duruban taché de sang suggère d'ailleurs discrètement le rite de l'échange des sangs.La gêne de la Comtesse prouve qu'elle perçoit bien toutes les implications de ce ruban, qu'elle se hâte d'ailleurs dereprendre à Chérubin, sous un motif fallacieux : « (...) c'est celui dont la couleur m'agrée le plus.

» On a peine àcroire que la Comtesse Almaviva ne puisse pas se procurer facilement des rubans de la même couleur, si bien qu'onpeut se demander si Beaumarchais ici ne joue pas sur les mots : la couleur du ruban ne serait-elle pas celle du sangde Chérubin ? La courte scène 7 semble d'ailleurs destinée à laisser pendant un instant le page en tête à tête avecsa maîtresse, qu'il « dévore des yeux », selon la didascalie.

Le trouble de la Comtesse se manifeste par les hésitations que matérialisent les points de suspension. Au court tête-à-tête de la scène 7, interrompu par le retour de Suzanne, en succède un plus long dans la scène 9,au cours duquel Chérubin essaie de surmonter sa timidité pour faire l'aveu de ses sentiments.

De nouveau le rubansert de truchement : « Quand un ruban...

a serré la tête...

ou touché la peau d'une personne...

» La Comtesse necomprend que trop ce que veut lui dire Chérubin.

Aussi se hâte-t-elle de l'interrompre et feint de se moquer de lui.Mais le page refuse de la suivre sur le terrain de la plaisanterie.

Il sait que sa seule chance d'arriver à ses fins estd'attendrir la Comtesse.. »

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