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ACTE IV. LA LUTTE. POLYEUCTE DE CORNEILLE

Publié le 07/07/2011

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corneille

IDÉE SOMMAIRE. — Pauline cherche à ébranler la constance de son époux en prison. Polyeucte lui oppose une résistance sublime. Il prie Sévère d'accepter Pauline de sa main, et demande à être conduit à la mort. Pauline s'attache de plus en plus à Polyeucte ; elle fait appel à la générosité de Sévère, qui se résout à intercéder en faveur de son rival.

SCÈNE I. Polyeucte a bravé les menaces de Félix, et il attend, dans sa prison, qu'on le mène au supplice. Mais un des gardes lui annonce que Pauline demande à le voir. Ah ! voilà bien le combat qu'il « appréhende « ! Il demande à Dieu de lui « redoubler son secours en ce besoin pressant « et supplie Néarque de « lui prêter la main du haut du ciel «. — Il envoie un de ses gardes « quérir « Sévère, auquel il veut confier un secret important.

corneille

« PAULINE.Vous n'avez point ici d'ennemis que vous-même :Seul vous vous haïssez, lorsque chacun vous aime ;Seul vous exécutez tout ce que j'ai rêvé :Ne veuillez pas vous perdre, et vous êtes sauvé.A quelque extrémité que votre crime passe,Vous êtes innocent si vous vous faites grâce.D lignez considérer le sang dont vous sortez,Vos grandes actions, vos rares qualités :Chéri de tout le peuple, estimé chez le prince,Gendre du gouverneur de toute la province ;Je ne vous compte à rien le nom de mon époux :C'est un bonheur pour moi qui n'est pas grand pour vous ;Mais, après vos exploits, après votre naissance,Après votre pouvoir, voyez notre espérance,Et n'abandonnez pas à la main du bourreauCe qu'à nos tristes vœux promet un sort si beau. POLYEUCTE.

Je considéré plus, je sais mes avantages,Et l'espoir que sur eux forment les grands courages :Ils n'aspirent enfin qu'à des biens passagers,Que troublent les soucis, que suivent les dangers.La mort nous les ravit, la fortune s'en joue ;Aujourd'hui dans le trône, et demain dans la boue ;Et leur plus haut éclat fait tant de mécontents,Que peu de vos Césars en ont joui longtemps.J'ai de l'ambition, mais plus noble et plus belle ;Cette grandeur périt, j'en veux une immortelle,Un bonheur assuré, sans mesure et sans fin,Au-dessus de l'envie, au-dessus du destin.Est-ce trop l'acheter que d'une triste vieQui tantôt, qui soudain me peut être ravie,Qui ne me fait jouir que d'un instant qui fuit,Et ne peut m'assurer de celui qui le suit ? PAULINE.Voilà de vos chrétiens les ridicules songes ;Voilà jusqu'à quel point vous charment leurs mensonges :Tout votre sang est peu pour tin bonheur si doux !Mais pour en disposer, ce sang est-il à vous,Vous n'avez pas la vie ainsi qu'un héritage ;Le jour qui vous la donne en même temps l'engage ;Vous la devez au prince, au public, à l'Etat. POLYEUCTE.

Je la voudrais pour eux perdre dans un combat ; Je sais quel en est l'heur et quelle en est la gloire.

Desaïeux de Décie on vante la mémoire ; Et ce nom, précieux encore à vos Romains, Au bout de six cents ans lui metl'empire aux mains.

Je dois ma vie au peuple, au prince, à sa couronne ; Mais je la dois bien plus au Dieu qui me ladonne: Si mourir pour son prince est un illustre sort, Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort t PAULINE.Quel DieuPOLYEUCTE.

Tout beau, Pauline : il entend vos paroles, Et ce n'est pas un Dieu comme vos dieux frivoles,Insensibles et sourds, impuissants, mutilés, De bois, de marbre, ou d'or, comme vous les voulez : C'est le Dieu deschrétiens, c'est le mien, c'est le vôtre ; Et la terre et le ciel rien connaissent point d'autre.

PAULINE.Adorez-le dans l'âme et n'en témoignez rien.POLYEUCTE.

Que je sois tout ensemble idolâtre et chrétien ?PAULINE.Ne feignez qu'un moment, laissez partir Sévère,Et donnez lieu d'agir aux bontés de mon père.POLYEUCTE.

Les bontés de mon Dieu sont bien plus à chérir :Il m'ôte des périls que j'aurais pu courir,Et sans me laisser lieu de tourner en arrière,Sa faveur me couronne entrant dans la carrière ;Du premier coup de vent il me conduit au port,Et sortant du baptême, il m'envoie à la mort.Si vous pouviez comprendre et le peu qu'est la vie,Et de quelles douceurs cette mort est suivie !Mais que sert de parler de ces trésors cachés. »

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