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Acte IV, scène 3 de Phèdre de Jean Racine (résumé et commentaire)

Publié le 13/09/2018

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Seul, Thésée s'abandonne à des sentiments contradictoires. Neptune ne manquera pas de châtier comme il convient le fils coupable; mais, à l'idée de la vengeance divine, le roi s'émeut et sent revenir en son cœur l'amour paternel.

COMMENTAIRE

Le génie racinien

 

On ne trouve aucune scène semblable ni chez Euripide ni chez Sénèque. En dotant ici le père outragé d’un << monologue à hésitations >> (Jacques Scherer), en faisant se combattre en ce cœur la soif de vengeance - que dicte l'amour blessé (l'amour conjugal mais aussi l’amour-propre) - et la tendresse paternelle, en courbant son personnage sous le joug de la douleur, le génie racinien transforme le Thésée de la légende, tout d'une pièce et sans état d'âme complexe, en héros tragique à part entière, aussi divisé et déchiré que les autres personnages, ballotté à son tour par les cruelles fatalités, celle imprudemment mise en marche qu'incarne le « dieu vengeur » (v. 1160), comme celle qui est tapie au fond de l’être, aveuglement, passion ou folie.

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« d'ai mer la reine , il n'a d'yeux que pour Aricie ? En ten dan t à peine le cri que cette nouvel le arrache à Phèdr e, Thésée sort pour aller supplier Neptune, au pied de ses autels, de le ve nger sans tarder.

La terrible nouvelle Cette brève scène est éminemment dramatique pour deux raisons au moins.

D'abord un puissant dynamisme l'anime, en forme de contraste: l'élan précipité de la reine (v.

1167- 11 7 4) qui accourt pour sauver Hippolyte s'interrompt brus­ quement, se fige lorsque Thésée assène à Phèdre sans ména­ gements (et pour cause) la terrible nouvelle : , v.

118 8).

Le spectateur a peut-être en mémoire le vers 790 où Phèdre berçait sa douleur d'une conso­ lation illusoire : La pire souffrance est d'apprendre qu'Hippolyte aime ailleurs (inno­ vation radicale apportée par Racine à la légende) .

Il y a là dans cette annonce une auth entique péripétie, qui constitue le second élément dramatique de la scène.

L'événement imprévu, destiné à accélérer le processus fatal, renverse la situatio n, inverse le mouvement de la scène : la Phèdre généreuse dont l'élan, voire l'a veu, allait sauve r Hippolyte, s'eff ace devant la Phèdre humi­ liée et jalouse , celle qui se renferme dans le silence fatal.

Ainsi la péripétie extérieure engendre-t-elle une autre péri­ pétie, de nature psychologique : la jalousie de l'amante soli­ taire, dont les ravag es progresseront à une allure foudroyante dans les deux scènes suivant es.

Le personnage d'Aricie, créé par Racine, trouve ici sa fonc­ tion dramatique essentielle, qui est de susciter la jalousie de Phèdre, cette jalousie qui noue définitive ment-pour le pire - entre elles les destinées, les responsabilités et les culpabilités, jusqu'alors plus ou moins parallèles, des quatre protagoniste s.

Le pathétique est dans les efforts de Thésée pour se convaincre de la culpabilité de son fils, pour étouffer en son cœur l'amour paternel, comme en témoignent les injonctions adressées à la reine :. »

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