Albert Camus, Les Justes, Acte II

« 78 • Intention (morale de l') / 385 Rien n'est défendu de ce qui peut servir notre cause.

Stepan, un personnage de Camus dans Les Justes ► Puis-je commett_re une mauvaise action parce · qu'elle me permettra de faire le bien? La bonté de l'intention corrige-t-elle la méchanceté de l'action? En d'autres termes encore, lafinjustijie-t-elle les moyens? Pour les personnages de la pièce de Camus, Les Justes (1949), le problème se pose en termes concrets.

Ce sont des terroristes, et ils considèrent donc qu'au nom du bonheur futur de la Russie, du triomphe de la Révolu­ tion, ils peuvent semer la mort en lançant des bombes.

Mais un problème imprévu s'est posé à l'un d'eux.: au moment de jeter sa bombe sous la calèche du grand- .

duc, il constate qu'il y avait des enfants à l'intérieur et n'accomplit pas Pacte pourtant préparé de longue date.

Suit alors une discussion entre les différents personna­ ges pour convaincre Stepan le révolutionnaire incondi­ tionnel que Kaliayev (Yanek) a bien fait de s'abstenir.

Dora, un personnage féminin dont les idées sont celles de Camus, lui parle en ces termes : « Ouvre les yeux et comprends que l'Organisation perdrait ses pouvoirs et son influence si elle tolérait, un seul moment, que des enfants fussent broyés par nos bombes.

» Peu après a lieu ce dialogue entre Annenkov, le responsable du groupe, et Stepan, le partisan d'un terrorisme sans nuances: «ANNENKOV Des centaines de nos frères sont morts pour qu'on sache que tout n'est pas permis.. »