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ANALYSE DE L'OEUVRE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

Publié le 30/05/2012

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rousseau

Enfin je suis tout à fait de l'avis de M. Faguet, qu'à de certains moments, dans les civilisations avancées, riches de chefs-d'oeuvre littéraires, la meilleure maxime rie pédagogie qu'on puisse donner, c'est d'écarter les livres. Fatalement l'acquisition du " savoir " tend à prendre dans l'éducation la place que doit tenir la formation du jugement et du caractère : il est bon qu'un Montaigne ct un Rousseau nous remettent sous les yeux les fins essenlielles ....

Fils d'un horloger de Genève, orphelin de sa mère que deux bonnes tantes remplacent mal, Jean-Jacques est élevé par un père léger, qui le grise de romans, où tous les deux passent les nuits jusqu'à ce que les premiers cris des hirondelles leur rappellent d'aller se coucher; il se grise ensuite d'héroïsme, en lisant Plutarque. Le père, pour une méchante affaire, est obligé de quitter Genève (1722) :il laisse son fils, dont il ne s'occupera plus guère, à l'oncle Bernard, homme de plaisir, à la tante Bernard, dévote austère, qui mettent l'enfant en pension chez le pasteur Lambercier à Bossey, près de Genève, au pied du Salève. Là se marquent les premiers traits du caractère de Rousseau, l'amour des arbres, de la campagne, de la nature. Ramené à Genève, il est placé chez un greffier qui n'en peut rien faire, puis chez un graveur qui le bat, à qui il vole ses asperges, ses pommes ....

rousseau

« conscience, le champion de la morale, de la vie future et de la Providence.

Il était pourtant philosophe aussi; il alla tout simple­ ment plus avant que les autres, et fit sortir la négation de leurs principes du développement de ces principes mêmes : il fut plus indépendant, plus ennemi que personne de la tradition, de la dis­ cipline, de la règle; il fut carrément, outrément individualiste, jusqu'à renverser les dernières banières qu'on eût respectées, les deux règles élevées sur la ruine de toutes les règles, la raison et le savoir-vivre.

Ainsi il contredit les philosophes en les dépas­ sant.

Mais la diffé1·ence essentielle, la voici : parmi tous les intel­ lectuels qui l'entourent, Rousseau est un sensitif.

Au milieu de gens occupés à penser, il s'occupe à jouir et à souffrir.

D'autres étaient arrivés par l'analyse à l'idée du sentiment : Rousseau, par son tempérament, a la réalité du sentiment; ceux-là dissertent, il vit; toute son œuvre découle de là.

Aussi, tandis que la leur appa­ raît surtout comme analytique, critique, négative, destructive, la sienne fait l'effet d'être synthétique, poétique, positive, construc­ tive.

Il y a chez eux plus Je haine et d'ironie, chez lui plus d'en­ thousiasme et de ravissement.

Lorsqu'on essaie de définir Rousseau par opposition aux philo­ sophes de son temps, un homme nous gêne : c'est Diderot, cet adorateur de la nature, cette machine à sensations, cette source d'enthousiasme.

Dès qu'on parle en termes généraux, il semble qu'il recouvre Housseau, qu'il le double, et souvent se confonde avec lui.

Il y eut en effet entre ces deux hommes de grandes affi­ nités de nature.

Mais Diderot s'est trouvé ètre un petit bourgeois français condamné à perpétuité au labeur de bureau, à l'écrivas­ serie : la société l'a nourri, élevé, absorbé.

Rousseau eut ce bonheur de vivre hors de la société jusqu'à quarante ans, ou à peu près.

L'homme de la nature, le sauvage, il l'a été, il l'a vécu, avant de le décrire : il a quêté les plaisirs naturels, physiques ou sentimentaux, tout à la joie de la quête et de la possession, n'ayant pas une arrière-pensée de convertir les émotions de son cœur en copie pour l'imprimeur.

Encore ici, il a l'être, le sentiment effectif et présent : Diderot n'a que l'idée, la velléité, et plutôt le dégoût du réel auquel il ne peut échapper.

Il faut donc voir Rou~­ seau vivre avant de l'écouter parler.

F.

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