Analyse du livre pierre et jean de maupâssant
Publié le 05/11/2013
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FRANÇAIS Toutes séries
Nº : 91015
Fiche Cours
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
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La dualité dans Pierre et Jean
Avant de s’attarder sur thème du double dans
Pierre et Jean, il convient de s’intéresser un instant sur une notion qui prend place dans
tout le roman : le chiffre deux ou toutes les occurrences qui concourent à l’évoquer sont assez représentatives de l’omniprésence
d’une certaine dualité dans le roman.
Les marques du double
La présence du chiffre deux apparaît dès le titre de l’œuvre mettant en avant deux éléments reliés par la conjonction « et ».
Le
roman est bâti ainsi pareil à un diptyque dont chaque détail est significatif, a presque toujours son équivalent et n’est que très
rarement présenté dans son individualité.
Tout d’abord les personnages principaux du récit sont présentés en couple ; Pierre et Jean ; M.
et Mme Roland.
Après la nouvelle
de l’héritage Pierre et Jean seront séparés au profit de Mme Rosémilly qui prendra place auprès de Jean.
Pierre et Jean, les « deux
frères », « les deux fils », sont présentés en couple sans être nommés et apparaissent dans un premier temps à travers l’expression
« deux fils » pour épouser dans un second temps une identité qui permettra de les distinguer précisément, et ce à la différence des
autres personnages nommés par leur nom dès leur apparition.
A ce premier couple masculin correspond un couple de femmes représenté par Mme Roland et Mme Rosémilly, toutes deux très
souvent désignée ensemble, par le chiffre deux ou par la liaison de leurs deux noms.
Cette notion de double ne va pas seulement servir la présentation des personnages, elle est l’occasion de planter le décor et
d’aider à la progression du récit.
Le roman s’ouvre un mardi, deuxième jour de la semaine pour se refermer deux mois plus tard.
Mme Rosémilly est veuve depuis
deux ans et habite un appartement situé au deuxième étage d’un immeuble.
La demeure des Roland est sur deux étages et
l’appartement que convoitent les deux frères et que possèdera Jean donne sur deux rues et a deux salons.
Une omniprésence, une répétition, au service de la structure du roman.
Cette notion de double atteint son paroxysme lors de la description du salon de Mme Rosémilly.
Cette scène est un exemple de
mise en abyme qui mérite un intérêt particulier.
Rappelons que la mise en abyme est une scène qui raconte de manière différente la même histoire que le récit.
Le salon de Mme Rosémilly fait l’objet d’une description précise à l’occasion de la venue de Mme Roland afin de demander la main
de Mme Rosémilly pour Jean.
Cependant, le regard de l’auteur s’arrête avec insistance sur les quatre gravures disposées deux par
deux.
Les quatre gravures correspondent à deux scènes où deux femmes vivent deux situations analogues.
La première scène représente tout d’abord une femme qui regarde s’éloigner la barque avec « son homme » à son bord, pour
ensuite montrer cette même femme désespérée de voir la barque sombrer.
La deuxième scène se déroule sur l’eau où une autre
femme est accoudée « sur le bordage d’un grand paquebot », on la retrouve ensuite évanouie après la lecture d’une lettre.
Ces deux femmes, dont les destins basculent dans un décor marin, renvoient directement aux acteurs du récit.
Maupassant
observe deux scènes réalistes et rend compte de deux situations similaires pour ensuite diriger son regard vers Mme Roland et
Mme Rosémilly, tandis qu’elles s’assoient, mobiles à la différence des deux autres et transpose ainsi l’histoire des quatre gravures
sur celle de ses personnages.
On repère ainsi de nombreuses analogies.
Les femmes présentes dans les gravures reflètent des caractéristiques propres à Mme Roland et à Mme Rosémilly.
La première
est « femme de pêcheur » or la pêche est la principale passion de M.
Roland ; son « homme » meurt en mer comme le mari
de Mme Rosémilly.
La seconde femme est blonde comme Mme Rosémilly, ses yeux mouillés de larmes pourraient être ceux de
Mme Roland ; elle est d’une classe supérieure à la première, or Mme Rosémilly, veuve d’un capitaine est d’une classe supérieure à
Mme Roland, femme de pêcheur.
Les manifestations du double
Le double est le reflet, la ressemblance quasi parfaite d’un être.
Ici ses manifestations ne sont pas toujours d’une évidence certaine.
Il va, dans Pierre et Jean , se définir essentiellement à travers le personnage de Pierre qui, dès l’annonce de l’héritage de Jean, est
confronté non seulement à un malaise au sein de la famille, mais à une partie de lui-même qui éveille en lui un trouble qui se
manifeste par un désarroi et débouche sur un examen de conscience.
Cette remise en question qui s’opère indépendamment de sa volonté est à l’origine de la naissance de cet autre qui est en lui et
ne lui correspond pas.
Sa perception de la réalité va progressivement se brouiller et a pour résultat de percevoir ceux qui l’entourent comme des
étrangers.
Son quotidien prend des airs étranges.
Le regard qu’il porte sur ses parents est interrogateur, étonné.
Il est curieux de
découvrir chez ses proches des détails passés inaperçus jusqu’alors.
Il assiste progressivement à l’anéantissement de tous les membres de sa famille.
Pierre se détache de son quotidien, s’isole et
connaît les affres de cette solitude.
A l’écart de sa famille, il provoque aussi une distance d’avec le monde qui l’entoure.
Au départ, c’est Pierre qui porte un regard étranger sur les siens pour finir par devenir lui-même étranger aux yeux des autres.
De
plus, non seulement Pierre acquiert un statut d’étranger, mais il devient un autre, peut-être le double qui sommeillait en lui..
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