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Dans la préface de « Pierre et Jean », Maupassant s'en prend aux romanciers d'analyse qui s'attachent « à indiquer les moindres évolutions d'un esprit, les mobiles les plus secrets qui déterminent nos actions ». Il leur oppose la manière des « écrivains objectifs » qui « se bornent à faire passer sous nos yeux les personnages » et conclut que « la psychologie doit être cachée dans le livre comme elle est cachée en réalité sous les faits dans l'existence ». En prenant des exemples dans

Publié le 11/09/2014

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Mais déjà s'annonce ici un autre aspect du talent que Flaubert met en oeuvre pour nous révéler la psychologie de ses héros. En établissant ainsi le bilan des thèmes de conversation du vieux paysan il nous a fait entrevoir son esprit terre à terre et sa médio­crité. Mais lorsqu'il rapporte sur le vif les propos échangés, il nous fait pénétrer beaucoup plus en profondeur dans les âmes. Plus exactement encore que les portraits, le dialogue révèle la mentalité des personnages.

A ce titre la conversation qui s'engage, à l'arrivée du médecin et de sa femme à Yonville-l'Abbaye, est particulièrement savou­reuse. Presque sur-le-champ l'entretien entre les quatre convives s'oriente vers deux dialogues séparés. Homais le pharmacien accapare Charles tandis qu'Emma et Léon Dupuis le clerc de notaire, qui se sont immédiatement découvert des affinités, échangent des confidences. La fausse bonhomie du pharmacien 

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« FLAUBERT 201 hétéroclite : son manque de goût s'y révèle ainsi que son désir de se donner des allures de « gentleman-farmer ».

Même quand il dessine un personnage épisodique mais pittoresque, Flaubert s'attache parfois à le détailler de la tête aux pieds.

De Catherine Leroux la vieille servante à qui on décerne une médaille d'argent à l'occasion du Comice agricole, il ne nous laisse rien ignorer : il nous montre ses grosses galoches de bois, son tablier bleu et sa camisole rouge mais surtout il s'attarde sur son visage maigre « plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie » et sur ses pauvres mains aux articulations noueuses, marquées par les durs travaux au point de paraître sales « quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire ».

Les antécédents d'un individu, ses occupations, sa mentalité se révèlent dans la précision de ces portraits.

Les notations rapides Mais la maîtrise de !'écrivain s'affirme plus nettement encore quand il se contente de signaler en quelques mots un détail qui à lui seul donne une idée juste d'un personnage.

De Léon, Je clerc de notaire, un des soupirants d'Emma Bovary, nous n'apercevons d'abord que la chevelure blonde.

Mais c'est assez pour nous laisser entendre que Je reste du visage ne se remarque guère en raison de son insignifiance.

Quant à la première femme de Charles, nous savons seulement qu'elle est laide, sèche, « bourgeonnée comme un printemps ».

Un seul détail évocateur suffit à la caractériser d'une manière, il est vrai, peu attirante : ce sont ces «longs bras maigres» qu'elle sort «de dessous ses draps» pour les passer au cou de son mari quand il revient, le soir, après ses visites.

Les gestes significatifs Le plus souvent d'ailleurs Flaubert, plutôt que de s'attarder à dépeindre les individus de la tête aux pieds, préfère les surprendre en action, dans le naturel de leurs faits et gestes, et noter un détail significatif qui d'un trait les révèle.

La rusticité des invités de la noce s'affirme dans l'ardeur qu'ils mettent à retrousser leurs manches pour dételer les voitures.

L'application laborieuse que Charles Bovary apporte, dès son enfance, à tout ce qu'il fait se manifeste dans la longue lettre qu'il écrit chaque jeudi à sa mère « avec de l'encre rouge et trois pains à cacheter».

Enfin le père d'Emma est tout entier saisi sur le vif dans une simple phrase où nous est montré son comportement au cours d'une visite qu'il fait à sa fille : « Il fuma dans la chambre, cracha sur les chenets, causa. »

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