Devoir de Philosophie

analyse du monologue de Figaro

Publié le 20/02/2018

Extrait du document

figaro
Rédaction de la khôlle Introduction : Beaumarchais est un célèbre dramaturge français du XVIIIème siècle. Il est notamment connu pour sa trilogie, appelée communément « trilogie de Beaumarchais ». Ecrit en 1778, le Mariage de Figaro apparaît comme le second volet de cette trilogie, suivant Le Barbier de Séville, et précédent La Mère Coupable. Avant cela, le dramaturge s’était essayé au drame, mais ces œuvres n’ont pas connu le succès attendu. Il en va de même pour ses premières pièces de théâtre. La censure ne permettra au Mariage de Figaro d’être jouée qu’en 1784. A plusieurs reprises ce texte, et notamment à cause de la scène que nous allons étudier, a été qualifié d’annonciatrice de la Révolution Française. En effet, elle n’est ni plus ni moins qu’une satire de la société inégalitaire de l’époque. Louis XVI la qualifia d’ « exécrable, qui se joue de tout ce qui est respectable ». A travers cette œuvre, Beaumarchais prend une revanche personnelle sur une société qui l’a méprisé pendant des années. Le texte que nous allons étudier est un extrait de l’acte V scène 3 de la pièce. Il s’agit d’un long monologue prononcé par le personnage de Figaro. Ce monologue est connu pour être l’un des plus longs du théâtre français. Figaro y est un valet qui croit que Suzanne, sa promise, le trompe avec le Comte Almaviva, son maître, qui revendique le « droit de cuissage ». Il se rend donc dans les jardins, en attendant la venue du Comte et de Suzanne, dans le but de les démasquer. Il se retrouve alors seul dans l’obscurité. (Lecture du texte) Figaro est donc l’unique personnage sur scène. Son monologue s’insère dans la continuité des évènements précédents : en effet, Beaumarchais dresse le portrait d’un personnage blessé et animé par la colère. Le registre tragique domine ainsi l’extrait, ce dernier se présentant comme une parenthèse tragique au sein de la comédie. La structure de ce monologue suggère alors la présence de 3 mouvements assez distincts tout en étant reliés graduellement. Il s’ouvre tout d’abord sur un Figaro désemparé, en colère, qui s’en prend à Suzanne et à travers elle, à la Femme en général. Doutant de toutes, il établit le lien avec le comte qui devient un rival. Il dénonce le comte à travers sa condition générale : la noblesse. Figaro établit ainsi la critique de la société de classe qu’il trouve injuste. Puis assis sur un banc, il en vient à réfléchir non plus aux autres, mais à sa propre situation. Il porte un bilan quant à sa propre vie dans cette société toujours aussi égoïste envers lui, qui tant bien que mal cherche à trouver sa place. Finalement, ce monologue met au-devant de la scène, le personnage tout entier qu’incarne Figaro, au-delà même de sa condition de valet. L’extrait va ai...
figaro

« pressais devant sa maîtresse » qui est une référence à la scène 2 de l’acte II, puis « à l’instant qu’elle me donne sa parole ; au milieu même de la cérémonie… Il riait en lisant, le perfide ! » qui est une référence à la scène 9 de l’acte IV.

Le monologue prend presque la tournure d’un récit, il prend une sorte de dimension romanesque.

Beaumarchais fait quelquefois utiliser l’imparfait à son personnage, qui est un temps du récit (« quand je l’en pressais », « il riait »). Mais son discours reste vif et animé pour permettre un rapprochement avec le théâtre, et le monologue, et cela passe notamment par l’utilisation majoritaire du présent.

Figaro va ensuite se dévaloriser : « Et moi comme un benêt ».

Il passe pour celui qui a été leurré et berné.

Cette auto-dévalorisation permet d’insister sur sa souffrance et sa douleur, provoquées uniquement par un seul être, ce qui renforce encore plus la peinture négative de la femme. Son discours est décousu, guidé par ses émotions.

Cela se voit notamment à travers la ponctuation : en effet, il use de nombreuses phrases exclamatives.

De plus, l’utilisation très fréquente des points de suspension laisse à penser une figure de style, l’aposiopèse : Figaro hésite, s’arrête, ne termine pas ses phrases, change de sujet sans lien logique.

Par exemple : « à l’instant qu’elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie… Il riait en lisant, le perfide ! » Son discours est fragmenté, haletant.

On peut imaginer que cette impression serait largement renforcée lors de la représentationde cette pièce, de par les nombreuses pauses que cela impliquerait dans le discours du comédien, par exemple.

Ici, Beaumarchais veut attirer la sympathie du spectateur sur son personnage Figaro, en le faisant se livrer comme il le fait dans ce monologue.

Le public sait que Figaro ne souffre pas à juste titre car il sait que Suzanne ne le trompe pas.

Le désespoir de Figaro donne une image nouvelle du personnage : ce n'est plus seulement un esprit brillant qui se sort de toutes les mauvaises passes, c'est aussi un homme blessé, faillible et sensible. Malgré la condamnation de la femme , Figaro tient à Suzanne.

Il ne veut pas la perdre et le fait savoir : « Non Monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas.

» Comme dans sa critique de la femme, Figaro recourt à l’apostrophe, traduisant bien son désespoir.

Il s’agit peut-être là d’un signe, d’un moyen d’interpeller symboliquement un autre traitre, un autre coupable : le Comte Almaviva.

« Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! » Cette exclamation traduit l’indignation du valet.

Le parallélisme entre « grand seigneur » et « grand génie » remet en question les qualités intellectuelles de la noblesse, appuyé par l’opposition des verbes « être » et « croire ».

Ainsi, Figaro dénonce les inégalités sociales injustifiées et absurdes , ainsi que le pouvoir et les droits qui sont basés sur la naissance et la richesse et non sur le mérite : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ! vous vous êtes donnés la peine de naître rien de plus ».

L’antiphrase, « vous vous êtes donnés la peine de naître », renforce cette idée que le Comte n’a rien accompli d’extraordinaire, il n’a aucun mérite quant à ses droits, si ce n’est du droit du sang.

L’opposition entre Figaro et le Comte est également marquée par l’ antithèse entre le « vous » et le « moi », et accentuée par l’appui sur le « vous » redoublé : « vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ; du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi , morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ».

Cette opposition et cette image hyperbolique finale pointent l ‘ injustice quant à la question du mérite. Les juxtapositions de phrases exclamatives traduisent très nettement l’indignation du valet.

Son discours est teinté de colère, il se sent victime d’injustices sociales, mais Figaro est également un homme jaloux : « et me voilà faisant le sot métier de mari ».

Il se rend compte lui-même du type qu’il semble incarner en se comportant de la sorte, mais il ne sait pas comment faire pour qu’il en soit autrement : ici, le problème des sentiments, et de leur caractère incontrôlable, est quelque peu posé.

Des éléments tragiques se glissent dans son discours, notamment lorsqu’il évoque la nuit « noire en diable » , ou encore « la foule obscure » .

Cela fait écho à la mention « dans l’obscurité » , dans la première didascalie.

Quant à la didascalie « il s’assied sur un banc » , elle marque un changement net dans le discours de Figaro.

En effet, dans les deux premières parties, celui-ci est en mouvement, il se promène, tandis qu’il raconte des évènements plutôt récents, qui font partie de son présent, qui lui tiennent à cœur et qui semble le toucher fortement.

Or, lorsqu’il s’assoit, c’est pour faire une rétrospective sur sa propre vie et sur sa destinée, qui commence par une question oratoire : « Est-il rien de plus bizarre que la destinée ? ».

Cette mise en scène, alternant mouvement et position assise, souligne l’alternance entre l’intrigue théâtrale et le récit de la vie de Figaro.

Ce dernier ne semble pas moins en colère lorsqu’il est question de sa propre condition, mais aussi et surtout emplit d’une grande lassitude.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles