Analyse du personnage de Gobseck dans Balzac
Publié le 11/01/2023
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«
Commentaire de texte – Etude du personnage Gobseck de BALZAC – par
Cécile Combet Gobseck est un roman de la comédie humaine qui fait partie du
grand ensemble des Études de Mœurs et plus particulièrement des Scènes
de la Vie Privée.
Comme l’a écrit Balzac dans la lettre à Mme Hanska 1 :
« Aussi, dans les Études de Mœurs sont les individualités typisées ; dans
les Études philosophiques sont les types individualisés.
Ainsi, partout
j’aurai donné la vie : du type, en l’individualisant, à l’individu en le
typisant.
» Nous voyons donc la volonté de Balzac d’organiser une
typologie des personnages caractéristiques du 19 e siècle.
Dans l’extrait en
question ici, il s’agit du personnage de l’usurier.
Celui-ci entre dans la
catégorie des avares que l’on trouve en littérature sous la plume
de Molière bien sûr avec le célébrissime Harpagon ou encore, quelques
années après la parution de Gobseck, sous la plume de Charles Dickens
avec Le conte de Noël.
Posons-nous la question de savoir comment Balzac
construit peu à peu l’image d’un homme pingre.
Nous verrons d’abord
l’entrée par le portrait physique du personnage et du lieu de vie, et en
quoi les deux associés contribuent à la création d’un type.
Nous
complèterons ce portrait en analysant le personnage en actions.
Nous
évoquerons enfin les causes possibles de son avarice et le lien
extrêmement ténu qu’il entretient avec la société hors celui de l’argent.
Les portraits de Balzac sont révélateurs des personnages.
Ici, la
description physique s’annonce péjorative.
Les adjectifs, pâle, blafarde,
face lunaire, vermeil décoloré ainsi que la description du visage, les yeux
jaunes, le nez pointu et grêlé donnent une connotation maladive à
l’usurier.
Les lèvres sont minces, les yeux sont petits comme par manque
de générosité.
La comparaison à une fouine contribue à placer Gobseck
dans une catégorie mesquine, de plus, sa voix est monocorde, le ton doux
cache ici une hypocrisie qui apparait entre les lignes.
Balzac compare son
personnage aux vieillards des tableaux de Rembrandt, ce qui induit pour
le lecteur la représentation d’un homme isolé sur la toile comme dans sa
vie dans des nuances obscurs.
C’est un homme sans âge comparé à une
statue de bronze, un métal, tel l’or qu’il convoite.
Il apparait figé,
recroquevillé sur lui-même.
Son lieu de vie et lui-même forme un tout :
propre et râpé, d’un ton vert monochrome que l’on imagine terne.
C’est le
stéréotype des personnages qui n’ont aucune fantaisie coûteuse et qui de
plus s’inflige une vie rude pour ne pas dépenser l’argent qui s’empile à la
banque.
Il n’y a pas de feu dans la cheminée, la maison est humide et
sombre, signe de pauvreté apparente ; elle a l’austérité d’un ancien
couvent, un froid sanctuaire précise Balzac.
Il y a absence de vie, c’est
l’image de l’huitre et son rocher, si bien introduite par Balzac.
Le lecteur
entre dans un univers minéral, froid, rugueux, un sol sur lequel rien ne
peut pousser.
Par ces descriptions, le lecteur a une représentation visuelle
1
Lettres à l'étrangère : oeuvres posthumes.
I.
(1833-1842), [paru en 1899] / H.
de Balzac, Gallica P 205
du personnage dans son décor et l’adéquation entre les deux contribue à
la force de construction du stéréotype évoqué.
Lorsqu’il s’anime, ses actions sont comparées au rythme
imperturbable d’une pendule, sa vie est de teneur mécanique.
Le soir, il
laisse apparaitre un peu de joie, mais c’est le cliché de l’homme avare qui
transparait : il se frotte les mains s’il est content (l’origine de sa joie étant
exclusivement le gain) la joie sort en fumée d’une crevasse du visage, par
cette image on voit qu’elle manque de pureté, telles les flammes de l’enfer
de tradition biblique.
Il rit sans rire, sous-entendu sans partage, à vide
nous dit Balzac.
Son intériorité se révèle peu à peu : c’est un homme sans
cœur.
Balzac utilise dans la même phrase, le nom victime et le verbe
égorger, même si c’est pour parler d’un canard, l’analogie est évidente.
Il
égorge ses emprunteurs au sens figuré, c’est le procès de la figure du
créancier du 19e.,....
»
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