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analyse du poème Une Charogne

Publié le 11/06/2023

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« Analyse linéaire n°2 : « Une charogne », Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal [Amorce] Le XIXe siècle voit se succéder en poésie le Romanisme, poésie lyrique d’expansion du « moi » avec des poètes célèbres tels que Lamartine ou Hugo, puis la Modernité, instaurée par Charles Baudelaire.

Prenant le contrepied du romantisme, la Modernité se définit par le fait que le poète traite des sujets non nobles, « laids », ce qui révolutionne d’une certaine manière la poésie. [Situation et caractérisation] En 1857, Baudelaire rédige Les Fleurs du mal, œuvre d’abord censurée pour ses sujets controversés (l’homosexualité, la sexualité).

Dans la première section, « Spleen et Idéal », Baudelaire alterne entre les moments où il se sent bien, où sa créativité est à son maximum, et les moments où il se sent mal, où sa dépression est à son maximum.

Pourtant, même dans les moments de spleen, sa créativité n’est pas en mal.

Dans cette section, le poète médite sur sa condition de mortel et assume une position plutôt antichrétienne en ce qui concerne la mort : il sera rongé par les vers, et n’ira pas au Paradis. Ainsi, la poème « Une charogne » combine ces deux aspects, puisqu’il est à la fois un texte sur un objet repoussant qui n’a pas sa place dans la poésie, et à la fois une réflexion sur le devenir du corps après la mort. [Lecture du texte] [Mouvements du texte] 1234- Vers 1 à 28 : la description horrible de la charogne Vers 29 à 32 : réflexion sur le pouvoir créateur du poète Vers 33 à 36 : un retour à la description qui n’est qu’un leurre ? Vers 37 à 48 : le memento mori [Projet de lecture] Ce texte est donc un memento mori (souviens-toi que tu es mortel) mais aussi une réflexion sur l’écriture.

On verra donc que si Baudelaire parvient à faire vivre à nouveau cette charogne, c’est grâce à l’écriture poétique. 1- Vers 1 à 28 : la description horrible de la charogne ● Le titre : Le pronom indéfini « une » montre qu’il s’agit d’une charogne parmi tant d’autres ; quant au substantif « charogne », on ne l’attend pas à cette époque pour un titre de poème. C’est ce qui donne à Baudelaire l’étiquette de poète de « l’horrible ». ● 1ère strophe : o Adresse directe à une femme : « mon âme » o Par le verbe « rappelez-vous », le poète enjoint sa femme et le lecteur à mobiliser un souvenir auquel pourtant le lecteur n’a pas assisté donc le poète est obligé de recréer les souvenirs par les mots o On note une distorsion entre la douceur du vers 2 et son aspect positif (« ce beau matin d’été si doux » qui s’oppose à l’indélicatesse de la « charogne infâme » o Le vers 4 précise le lieu, donne quelques petits détails (les cailloux) pour aider le lecteur à se représenter la scène ● Strophe 2 : o Mise en place d’une métaphore filée entre la charogne et une femme de mauvaise vie (une prostituée par exemple) o La position de la bête rappelle une position sexuelle qu’une femme peut prendre o Cette charogne exhibe son ventre qui est « plein d’exhalaisons » (=gaz / odeur qui se dégage du corps en décomposition) o Donc dans cette strophe, cette charogne est présentée comme une femme vivante, et pourtant morte, dont le dernier vers met l’accent sur le ventre, qui ici exhibe sa pourriture mais qui est pourtant le lieu de la naissance de la vie chez une femme 🡪 on a donc affaire à un paradoxe qui l’écriture du poème va résoudre ● Strophe 3 : o Description de la nature, des conditions météorologiques, toujours pour que le lecteur puisse se représenter la scène et que la destinataire du poème puisse faire revivre ses souvenirs o Dès le début, on note un contraste entre la pourriture et le beau temps : « le soleil rayonnait » (vers 9) et Baudelaire voit une harmonie entre la chaleur qui « cuit » et la charogne qui est cuite : c’est un tout, c’est un cycle, celui de la vie : dans la mort il y a aussi de la vie qui va créer la vie « au centuple » (un corps en décomposition est aussi un fertilisant), c’est d’autant plus évident que la « Nature » est déifiée par l’allégorie : il s’agit de mère Nature. ● Strophe 4 : o Allitération en [s] o Le ciel est personnifié puisqu’il « regarde », il est donc spectateur de la décomposition o La carcasse est qualifiée de « superbe » ce qui paraît étonnant, presque contradictoire, presque comme si on avait un oxymore : on peut y voir une forme d’admiration du poète pour cette charogne. o Le poète dresse le constat des sens : la vue (c’est le ciel qui regarde) et l’odeur pestilentielle qui manque de faire la destinataire du poème donc il y a quelque chose de trivial et d’horrible dans cette description. ● Strophe 5 : o Effet de zoom : d’une vue d’ensemble (le sentier) on passe à la carcasse, puis à son ventre, et ici au détail de ce ventre dont l’horreur est manifeste : « mouches » et « bataillons de larves » ont de quoi dégoûter n’importe qui. o L’expression « les vivants haillons » est une métaphore pour désigner la peau de la bête qui est en train de se faire ronger.

La bête est morte et pourtant les haillons sont « vivants » donc le poète conserve le paradoxe qu’il a mis en place. ● Strophe 6 : o Cette vie est qualifiée par « tout cela » ce qui donne à la chose un.... »

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