ANALYSE LINÉAIRE “SOLILOQUE SUZANNE” - scène 3 (Lagarce, Juste la fin du monde)
Publié le 02/05/2023
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«
ANALYSE LINÉAIRE “SOLILOQUE SUZANNE”
La scène 3 se situe au début de la pièce après la première scène d’ouverture dans laquelle
tous les personnages sont présents et après la deuxième scène, le dialogue entre Louis et
Catherine la femme d’Antoine.
Dans toute cette troisième scène, la parole est entièrement
prise par Suzanne, cependant, elle n’est pas seule sur scène, son frère Louis est également
présent.
Il ne s’agit donc pas d’un monologue, ni d’une réplique car elle est seule à l’initiative
de la parole .
Au début de la scène, Suzanne parle du départ de Louis et des nouvelles
écrites qu’il donne, du point de vue de leur mère sur l’éloignement de Louis, de leur frère
Antoine et de sa situation, puis à la fin elle parle d’elle et de sa situation.
On peut dégager
trois mouvements de cet ensemble.
Des lignes 1 à 7 Suzanne évoque dans une entrée en
matière la façon dont Louis donne des nouvelles à sa famille.
Dans les lignes 8 à 27, elle
évoque la représentation qu’elle a du métier de son grand frère.
Dans les lignes 28 à 37, elle
exprime son incompréhension par rapport à la façon qu’a Louis de s’exprimer par l’écriture.
Parfois,tu nous envoyais des lettres,
parfois tu nous envoies des lettres,
ce ne sont pas des lettres , qu’est ce que c’est ?
de petits mots,juste des petits mots,une ou deux phrases ,rien ,comment est-ce qu’on dit ?
elliptiques.
“Parfois,tu nous envoyais des lettres elliptiques”
L’adverbe « parfois » répété deux fois montre que la pratique de Louis n’est pas fréquente.
L’hésitation de Suzanne entre l’emploi de l’imparfait et du présent interroge : quand elle
parle au passé, « envoyais », on peut se demander si cette période est terminée et si elle
fait déjà un récit de leur vie, comme s’il était déjà mort.
Dans la phrase suivante, Suzanne
actualise son propos en prononçant la phrase au présent d’énonciation, « envoies », comme
pour se rattraper, par égard pour Louis .Dans la suite de la phrase, Suzanne précise et
reformule son propos, au début, cette forme est désignée par un nom précis, « lettres » ;
puis l’emploi des groupes nominaux « petits mots » et « une ou deux phrases » confèrent à
cette forme un aspect plus restrictif,plus commun.
Dans la suite du propos de Suzanne,
cette forme se réduit encore pour arriver au pronom indéfini « rien ».
La recherche de
précision dans l’expression de Suzanne est également signifiée par la présence de
propositions incises interrogatives,« qu'est-ce que c'est ? » et « comment est-ce qu'on dit ?»
L’adjectif final associé à « lettres » choisi par Suzanne est « elliptique », selon elle, il
manque des mots dans les messages de Louis.
Ce mouvement s’achève sur une phrase
aboutie et synthétique de ce qui précède, « Parfois, tu nous envoyais des lettres elliptiques
», elle est prononcée entre guillemets, habituellement employés pour une
citation.
On peut penser que ces guillemets signalent l’achèvement de la recherche de
vocabulaire et de précision et le souhait qu’a Suzanne de montrer cet achèvement en se
citant elle-même.
Je pensais, lorsque tu es parti
(ce que j'ai pensé lorsque tu es parti),
lorsque j'étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie (là que ça commence),
je pensais que ton métier, ce que tu faisais ou allais faire dans la vie,
ce que tu souhaitais faire dans la vie,
je pensais que ton métier était d'écrire (serait d'écrire)
ou que, de toute façon
- et nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, tu ne peux pas ne pas le savoir, une
certaine forme
d'admiration, c'est le terme exact, une certaine forme d'admiration pour toi à cause de ça -,
ou que, de toute façon,
si tu en avais la nécessité,
si tu en éprouvait la nécessité, si tu en avais, soudain, l'obligation ou le désir, tu saurais
écrire,
te servir de ça pour te sortir d'un mauvais pas ou avancer
plus encore
Toute la description est faite au passé, à l’imparfait, « souhaitais » « faisais....
»
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