Annexes: Paroles de Prévert

6. Partant du constat « assez curieux » que les deux maîtres de la jeunesse des années 40-50 ont été « Prévert et Sartre », Raymond Queneau, dans un article de La revue de Paris en juin 1951 (« Jacques Prévert le bon génie »), esquisse d’ingénieux parallèles : « Tous deux ont guignolisé le monde bourgeois : L’enfance d’un chef pourrait être une “ histoire ” de Prévert et Noces et banquets de Prévert (dédié à William Blake) peut se comparer aux meilleurs essais critiques de Sartre. Il y a parfois chez l’un un ton sartrien, et chez l’autre une abondance prévertienne. Plutôt que de les comparer sur le plan “ idéologique ” (leur athéisme militant, leur dérision de la bourgeoisie, leur réserve vis-à-vis du communisme), c’est dans leur langage même qu’il faut voir leurs affinités. (...) Ils ont profité du cassage de la syntaxe (...) profité aussi du cas-sage de la pensée (...) il n’y a pas de différence de structure ni d’époque (j’entends par là que c’est à un même moment de l’histoire littéraire que de pareils essais peuvent se réaliser) entre l’utilisation du monologue intérieur par Sartre et la “ parole ” automatique de Prévert. (...) L’autorité que la jeunesse leur a reconnue tient (...) au fait que ce sont tous deux des moralistes. »

Expliquer et discuter ces réflexions.

► Sujets de réflexion

A. Sur « Paroles ».

1. Chercher, dans chaque poème, qui parle et à qui s’adresse celui qui parle. Distinguer éventuellement plusieurs catégories de poèmes. Se dégage-t-il un portrait du poète? Quel(s) public(s) le recueil vise-t-il?

2. Choisir plusieurs poèmes, les uns longs, les autres courts, ou un seul, de préférence parmi les textes d'une certaine étendue, et en dégager la structure et les enchaînements.

3. Recenser les valeurs prônées explicitement.

4. Relever les signes de la vie et ceux du non-vivant (couleurs, lumières, mouvements, formes, saveurs, odeurs, sons, êtres, objets).

5. Donner un prolongement à cet essai en traitant un thème qui n’a pas fait l’objet d’un paragraphe précis : la mémoire, l’Histoire, la cruauté, l’injustice, la libération, etc.

6. Relever et classer les manifestations du réel et du surréel.

7. Dans les poèmes mis en musique, étudier l’apport de celle-ci ou le rôle du musicien (voir discographie, p. 77).

8. Commenter, en l’appliquant à Paroles, cette opinion de Breton sur Pré vert, rapportée par la Revue Parler (n° de décembre 1965) : « Il dispose souverainement du raccourci susceptible de nous rendre en un éclair toute la démarche sensible rayonnante de l’enfance et de pourvoir indéfiniment le réservoir de la révolte. »

B. Sur « Paroles » dans l’œuvre de Prévert.

1. Comparer le traitement d’un même thème ou l’usage d’un même procédé dans Paroles et dans l’un quelconque des autres recueils de Prévert (outre Paroles, on peut trouver dans « Le Livre de Poche » Spectacle, Histoires, La pluie et le beau temps et Fatras).