Anthologie Poétique : la mort
Publié le 15/05/2023
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«
La Mort dans la
poésie
Du début du XIVème siècle à la fin du
XVIIème siècle
Anthologie Poétique
NOM PRENOM
CLASSE
Année scolaire XXXX
Dans ce devoir, j’ai choisi d’évoquer le thème de la mort car il est très
présent dans la poésie.
En effet, nombreux sont les poètes à avoir écrit dessus, en raison de son
caractère mystique et qui laisse place à de nombreux questionnements.
La
mort, préoccupation universelle, est perçue de différentes manières par
les artistes du début du XIVème siècle jusqu’à la fin du XVIIème, et il m’a
semblé intéressant de voir lesquelles, surtout à travers cette époque où la
tradition écrite a commencé à se développer, remplaçant la tradition orale
(chants, troubadours).
Ainsi, dans les poèmes que j’ai sélectionnés, nous observerons les
différentes perceptions de la mort et leur expression par les poètes.
Plusieurs thèmes sont récurrents : le choix de s’adresser plutôt à ceux qui
restent, le manque cruel causé par la perte de la personne aimée, la
louange d’une fin noble et valeureuse mais aussi l’implacabilité et
l’injustice de la mort ou encore la délivrance produite par celle-ci pour
certains.
Enfin, nous verrons qu’à travers la poésie, la mort est souvent
personnifiée et métaphorisée.
Sommaire :
S’adressent à ceux qui restent :
-A son âme, Pierre de Ronsard, p°2
-Pour son tombeau, Pierre de Ronsard, p°2
-Ballade des pendus, François Villon, p°3
-Or, je dis bien mon espérance est morte, Etienne de la Boétie, p°4
Disparition d’un être cher :
-Las ! Mort qui t’a fait si hardie, Charles d’Orléans, p°4-5
-Amour et mort m’ont fait outrage, Clément Marot, p°5-6
-Sur un tombeau, François Tristan l’Hermite, p°6
-Un manteau de feuilles mortes, Pierre de Marbeuf, p°6-7
Mort noble louée et implacabilité/injustice de la mort :
-Une louve je vis sous l’antre d’un rocher, Joachim du Ballay, p°7-8
1
-Consolation à M.
Du Perrier sur la mort de sa fille, François de Malherbe,
p°8-9
-Vers funèbres sur la mort de Henri le Grand, François de Malherbe, p°9
-De la mort de monsieur de Chissay, Clément Marot, p°10
-Ballade sur la mort de du Guesclin, Eustache Deschamps, p°10-11
La délivrance par la mort :
-O dure mort…, Christine de Pizan, p°11-12
-La mort et le malheureux, Jean de la Fontaine, p°12
Mort métaphorisée :
-Voici la mort du ciel…, Théodore Agrippa d’Aubigné, p°13
-Extase, Théodore Agrippa d’Aubigné, p°13
S’adressent à ceux qui restent :
A son âme
Amelette Ronsardelette,
Mignonnelette doucelette,
Treschere hostesse de mon corps,
Tu descens là bas foiblelette,
Pasle, maigrelette, seulette,
Dans le froid Royaume des mors :
Toutesfois simple, sans relors
De meurtre, poison, ou rancune,
Méprisant faveurs et tresors
Tant enviez par la commune.
Passant, j'ay dit, suy ta fortune
Ne trouble mon repos, je dors.
Pierre de Ronsard, Derniers Vers, 1586
Pour son tombeau
Ronsard repose icy qui hardy dés enfance
Détourna d'Helicon les Muses en la France,
Suivant le son du luth et les traits d'Apollon :
2
Mais peu valut sa Muse encontre l'eguillon
De la mort, qui cruelle en ce tombeau l'enserre.
Son ame soit à Dieu, son corps soit à la terre.
Pierre de Ronsard, Derniers Vers, 1586.
Ballade des pendus
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice.
Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François Villon, Poésies diverses, vers 1461.
3
François Villon est un poète français du XVème siècle.
Issu d’une famille pauvre, il devient
un brigand.
Connu pour ses poèmes sur la mort, François Villon a écrit cette ballade alors
qu’il s’attendait à être pendu après sa condamnation.
Dans la Ballade des pendus, il implore
les vivants de pardonner les péchés qu’ont commis les morts avant de mourir (il se considère
comme étant un des morts dont il parle dans son poème).
Or, dis-je bien, mon espérance est morte
Or, dis je bien, mon esperance est morte.
Or est ce faict de mon ayse et mon bien.
Mon mal est clair : maintenant je veoy bien,
J'ay espousé la douleur que je porte.
Tout me court sus, rien ne me reconforte,
Tout m'abandonne, et d'elle je n'ay rien,
Sinon tousjours quelque nouveau soustien,
Qui rend ma peine et ma douleur plus forte.
Ce que j'attends, c'est un jour d'obtenir
Quelques souspirs des gents de l'advenir :
Quelqu'un dira dessus moy par pitié :
" Sa dame et luy nasquirent destinez,
Également de mourir obstinez,
L'un en rigueur, et l'aultre en amitié.
Etienne de la Boétie Vingt-neuf sonnetz, XVIème siècle.
Disparition d’un être cher :
Las ! Mort qui t’a fait si hardie
Las ! Mort, qui t'a fait si hardie
De prendre la noble Princesse
Qui était mon confort, ma vie,
Mon bien, mon plaisir, ma richesse !
Puisque tu as pris ma maîtresse,
Prends-moi aussi son serviteur,
Car j'aime mieux prochainement
Mourir que languir en tourment,
En peine, souci et douleur !
Las ! de tous biens était garnie
Et en droite fleur de jeunesse !
4
Je prie à Dieu qu'il te maudie,
Fausse Mort, pleine de rudesse !
Si prise l'eusses en vieillesse,
Ce ne fût pas si grand rigueur ;
Mais prise l'as hâtivement,
Et m'as laissé piteusement
En peine, souci et douleur !
Las ! je suis seul, sans compagnie !
Adieu ma Dame, ma liesse !
Or est notre amour departie,
Non pourtant, je vous fais promesse
Que de prières, à largesse,
Morte vous servirai de coeur,
Sans oublier aucunement;
Et vous regretterai souvent
En peine, souci et douleur.
Dieu, sur tout souverain Seigneur,
Ordonnez, par grâce et douceur,
De l'âme d'elle, tellement
Qu'elle ne soit pas longuement
En peine, souci et douleur !
Charles Ier d’Orléans, Ballades, XVème siècle.
Charles Ier d’Orléans a participé à la Guerre de 100 ans durant laquelle il s’est fait
prisonnier.
C’est au cours de cette captivité qu’il écrit les Ballades, un ensemble de ballades
comme celle-ci qui parlent essentiellement de son impression et des ses sentiments en tant
que prisonnier.
Dans ce poème, il regrette son amour disparu, on le comprend notamment
avec les passages « De prendre la noble Princesse Qui était mon confort, ma vie » (vers 2 et
3), ou « Adieu ma Dame, ma liesse !» (vers 20).
On peut aussi percevoir une envie du poète
de mourir à son tour pour rejoindre la femme qu’il aime « Puisque tu as pris ma maîtresse,
Prends-moi aussi son serviteur, car j'aime mieux prochainement mourir que languir en
tourment » (vers 5 à 8).
Amour et mort m’ont fait outrage
Amour et Mort m'ont fait outrage.
Amour me retient en servage,
Et Mort (pour accroître ce deuil)
A pris celui loin de mon oeil,
Qui de près navre mon courage.
5
Hélas, Amour, tel personnage
Te servait en fleur de son âge,
Mais tu es ingrat à mon vueil
De souffrir Guerre et son orgueil
Tuer ceux qui t'ont fait hommage.
Si est-ce à mon coeur avantage,
De ce que son noble corsage
Gît envers, loin de mon accueil :
Car si j'avais vu son cercueil,
Ma grand douleur deviendrait rage.
Clément Marot, L’adolescence clémentine, 1532.
Sur un tombeau
Celle dont la dépouille en ce marbre est enclose
Fut le digne sujet de mes saintes amours.
Las ! depuis qu'elle y dort, jamais je ne repose,
Et s'il faut en veillant que j'y songe toujours.
Ce fut une si rare et si parfaite chose
Qu'on ne peut la dépeindre avec l'humain discours ;
Elle passa pourtant de même qu'une rose,
Et sa beauté plus vive eut des termes plus courts.
La Mort qui par mes pleurs ne fut point divertie
Enleva de mes bras cette chère partie
D'un agréable tout qu'avait fait....
»
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