Anthologie poétique : Mort
Publié le 13/04/2014
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Anthologie poétique : Mort
On ne meurt qu'une fois, et c'est pour si long-temps.
MOLIÈRE
La plupart des hommes meurent, parce qu'on ne peut pas s'empêcher de mourir.
LA ROCHEFOUCAULD
On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
PASCAL
C'est la mort qui console hélas et qui tait vivre.
CHARLES B AUDELAIRE
La vie est à peine un peu plus vieille que la mort.
PAUL VALÉRY.
Un peu profond ruisseau calomnié la mort.
STÉPHANE MALLARMÉ
Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard.
ARAGON
Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie.
ANDRÉ MALRAUX
Je ne me suis jamais vu mort les hommes vivent.
PAUL ELUARD
LA MORT. — TRISTAN ET ISEUT
Iseut est de la nef issue,
Entend les plaintes dans la rue,
La cloche aux moutiers, aux chapelles,
Demande aux hommes les nouvelles,
Pourquoi sonnent tous ces sonneurs
Et pourquoi l'on verse ces pleurs?
Un ancien donc lui a dit :
Belle dame, Tristan est mort. «
Quand la nouvelle entend Iseut,
De douleur sonner mot ne peut.
De sa mort est si endeuillée,
Elle se rend, désaffublée,
Devant les autres au Palais.
Iseut se rend où le corps est
Et se tournant vers l'Orient,
Pour lui prie piteusement :
« Ami Tristan, quand mort vous vois,
Par raison, plus vivre ne dois,
Pour la mienne amour êtes mort
Et je meurs de ce mauvais sort
Qui ne m'a permis de venir
A temps pour votre mal guérir.
Ami, ami, pour votre mort,
N'aurai jamais de mien confort,
Plaisir ni joie ou nul déduit.
Que cet orage soit détruit
Qui tant me fit, ainsi, en mer,
Que n'y pus venir, demeurer.
Si je fusse à temps survenue
La vie vous eusse rendue,
Et parlé doucement à vous
De l'amour qui fut entre nous.
Plainte j'eusse notre aventure
Notre joie, notre forfaiture
Et la peine et la grand'douleur
Qui endeuille notre bonheur
«
LA MORT.
-TRISTAN ET ISEUT
Iseut est de la nef issue, Entend les plaintes dans la rue, Li cloche aux moutiers, aux chapelles, Demande aux hommes les nouvelles, Pourquoi sonnent tous ces sonneurs Et pourquoi l'on verse ces pleurs? LJn ancien donc lui a dit : " Belle dame, Tristan est mort.
» Quand la nouvelle entend Iseut, De douleur sonner mot ne peut.
De sa mort est si endeuillée,
Elle se rend, désafiublée, Devant les autres au Palais.
Iseut se rend où le corps est Et se tournant vers l'Orient, Pour lui prie piteusement : " Ami Tristan, quand mort vous vois, Par raison, plus vivre ne dois, Pour la mienne amour êtes mort Et je meurs de ce mauvais sort Qui ne m'a permis de venir A temps pour votre mal guérir.
Ami, ami, pour votre mort, N'aurai jamais de mien confort, Plaisir ni joie ou nul déduit.
Que cet orage soit détruit Qui tant me fit, ainsi, en mer, Que n'y pus venir, demeurer.
Si je fusse à temps survenue La vie vous eusse rendue, Et parlé doucement à vous De l'amour qui fut entre nous.
Plainte j'eusse notre aventure Notre joie, notre forfaiture Et la peine et la grand'douleur Qui endeuille notre bonheur Et j'eusse cela rappelé Et vous baisé et accolé.
Si je n'ai pas pu vous guérir,
Qu'ensernble puissions-nous mourir.
•.
»
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