Anthologie poétique: Le Bonheur

« CHRISTOPHE PLANTIN LE BONHEUR DE CE MONDE Avoir une maison commode, propre et belle, Un jardin tapisse d'espaliers odorants, Des fruits, d'excellent yin, peu de train, peu d'enfants, Posseder seul sans bruit une femme fldele. N'avoir dettes, amour, ni proces, ni querelle, Ni de partage faire avecque ses parents, Se contenter de peu, n'esperer rien des Grands, Reg ler tous ses desseins sur un juste modele. Vivre avecque franchise et sans ambition, S'adonner sans scrupule A la devotion, Dompter ses passions, les rendre obeissantes. Conserver l'esprit libre et le jugement fort, Dire son chapelet en cultivant des entes, C'est attendre chez soi bien doucement la mort. PIERRE DE RONSARD M'eveillant au matin, devant que faire rien, J'invoque l'Eternel, le pere de tout bien, Le priant humblement de me donner sa grace Et que le jour naissant sans l'offenser se passe. Apres, je sors du lit, et quand je suis vetu, Je me range A l'etude et apprends la vertu, Composant et lisant, suivant ma destinee Qui s'est des mon enfance aux Muses inclinee. Quatre ou cinq heures seul je me tiens enferme ; Puis, sentant mon esprit de trop lire assomme, J'abandonne le livre et m'en vais A l'eglise. Au retour, pour plaisir, une heure je devise ; De la je viens diner, faisant sobre repas, Je rends graces A Dieu ; au reste, je m'ebats, Car, si l'apres -dlnee est plaisante et sereine, Je m'en vais promener, tantdt parmi la plaine, CHRISTOPHE PLANTIN LE BONHEUR DE CE MONDE Avoir une maison commode, propre et belle, Un jardin tapissé d'espaliers odorants, Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfants, Posséder seul sans bruit une femme fidèle.

N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle, Ni de partage à faire avecque ses parents, Se contenter de peu, n'espérer rien des Grands, Régler tous ses desseins sur un juste modèle.

Vivre avecque franchise et sans ambition, S'adonner sans scrupule à la dévotion, Dompter ses passions, les rendre obéissantes.

Conserver l'esprit libre et le jugement fort, Dire son chapelet en cultivant des entes, C'est attendre chez soi bien doucement la mort.

PIERRE DE RONSARD M'éveillant au matin, devant que faire rien, J'invoque l'Éternel, le père de tout bien, Le priant humblement de me donner sa grâce Et que le jour naissant sans l'offenser se passe.

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Après, je sors du lit, et quand je suis vêtu, Je me range à l'étude et apprends la vertu, Composant et lisant, suivant ma destinée Qui s'est dès mon enfance aux Muses inclinée.

Quatre ou cinq heures seul je me tiens enfermé ; Puis, sentant mon esprit de trop lire assommé, J'abandonne le livre et m'en vais à l'église.

Au retour, pour plaisir, une heure je devise ; De là je viens dîner, faisant sobre repas, Je rends grâces à Dieu ; au reste, je m'ébats, Car, si l'après-dînée est plaisante et sereine, Je m'en vais promener, tantôt parmi la plaine,. »