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Au théâtre, tirades ou monologues laissent s’exprimer longuement un seul personnage. Pensez-vous que les dramaturges aient intérêt à les éviter, au profit des dialogues, comportant des répliques plus brèves ?

Publié le 17/09/2018

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Enfin, les monologues et les tirades sont sans doute les moments d’une pièce où l’on peut juger le mieux du talent des metteurs en scène, et surtout des acteurs. De ceux-ci vont dépendre l’intensité et le dynamisme des tirades et des monologues. Michel Bouquet dans Le roi se meurt de Ionesco incarne le roi Béranger avec un tel talent que la pièce semble créée pour lui. La longueur des répliques n’a alors rien d’un handicap : le dépouillement progressif du personnage à l’approche de la mort est émouvant et fascinant. Guidé par la reine Marguerite, le monarque déclinant abandonne peu à peu tout ce qui le rattache encore à la vie : ce cheminement vers la mort est uniquement verbal.
Les tirades et les monologues, utilisés avec mesure et interprétés avec talent, comptent donc souvent parmi les grands moments de théâtre.

Nous avons donc pu constater que tirades et monologues sont parfois critiqués à juste titre pour leur lourdeur. Cependant, ils apparaissent aussi très souvent comme les moments forts des pièces de théâtre, s’ils sont utilisés à bon escient et avec talent. Nous ne pouvons donc pas contester leur intérêt. D’ailleurs, dans bien des pièces contemporaines, ils sont utilisés fréquemment. Ainsi, Art, la pièce la plus célèbre de Yasmina Réza, débute par un monologue d’exposition, dans lequel l’un des trois personnages principaux s’adresse au public pour lui expliquer de façon synthétique la situation initiale.

« cohérente, puis il entrechoque des images péjoratives et décousues qui montrent la décadence de Florence.

Dans Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand décrit de vingt façons différentes le nez de Cyrano.

On peut penser que c’est ce travail littéraire particulier qui rend tirades et monologues souvent mémorables. De plus, grâce aux monologues ou aux tirades, les personnages peuvent s’exprimer plus librement et donc se livrer davantage : on y comprend mieux les méandres de leurs tourments, les secrets de leurs intentions… Ainsi, le monologue de Don Rodrigue dans la scène 6 de l’acte 1 du Cid de Corneille nous fait part du dilemme intérieur qui le déchire : le héros doit -il venger son père en affrontant le père de sa bien-aimée Chimène ? Ou bien doit -il renoncer à sa vengeance pour l’amour de Chimène ? Sans l’artifice de ce monologue délibératifs, les hésitations de Rodrigue, qui font la beauté du personnage, ne seraient pas apparentes et in en serait moins touchant.

Le monologue a une fonction lyrique : il permet à un personnage d’exprimer sa douleur, sa joie, tous les élans du cœur… Enfin, les monologues ou les tirades représentent pour les comédiens de véritables morceaux de bravoure où ils peuvent faire valoir toute l’étendue de leur jeu.

Ainsi, les plus grands acteurs cherchent à conquérir leurs lettres de noblesse à travers l’interprétation de Cyrano et de ses fameuses tirades : Francis Huster, Gérard Depardieu, Jacques Weber, Jean-Paul Belmondo, sont quelques-unes des célébrités qui ont voulu affronter le rôle, sur les traces de l’illustre Coquelin, qui l’avait crée et avait durablement marqué le personnage.

De même, le rôle d’Harpagon a attiré beaucoup de grands acteurs.

Le désir de briller des comédiens a sans doute favorisé l’essor du monologue dans le théâtre classique. On peut donc constater que, bien loin d’atténuer la théâtralité d’une pièce, les tirades et les monologues peuvent contribuer à la rendre très vivante.

Mais leur intérêt dépend certainement du bon usage qu’en font les dramaturges. En effet, il est possible de définir certaines conditions qui permettent d’utiliser avec efficacité les tirades et les monologues. Tout d’abord, l’équilibre rythmique d’une pièce doit rester pertinent.

On imagine mal une comédie qui serait uniquement composée de monologues et de tirades. Celles-ci peuvent y être intéressantes ponctuellement : Molière se sert des monologues, pour montre la folie de certains personnages : Harpagon parle à sa cassette, le malade imaginaire fait des comptes d’apothicaire vertigineux.

Mais par ailleurs, le dialogue – et parfois les stichomythies - dominent dans ces pièces.

En revanche, les tragédies classiques de Racine, si elles ne contenaient pas autant de tirades, manqueraient de grandeur : leur rythme est différent, et les stichomythies fréquentes y seraient déplacées.

Chaque pièce a donc une respiration qui lui est propre et qui dépend de son registre. De plus, certaines tirades sont écrites sans imposer aux acteurs d’être statiques, elles peuvent même être écrites spécialement pour entraîner un jeu très dynamique.

Dans Cyrano de Bergerac, on peut penser à la tirade rythmée par le refrain : « A la fin de l’envoi, je touche », où les paroles accompagnent un duel à l’épée, prétexte à de savantes chorégraphies scéniques.

Dans la Nuit des rois de Skakespeare, le personnage de Malvolio se promène sur scène tout en devisant, quand il tombe sur une lettre qui lui est adressée et qui semble venir de la dame qu’il aime en secret, alors que les personnages qui lui font une farce sont cachés derrière les buissons et l’observent. Son monologue est donc agrémenté d’un jeu de scène comique, puisque régulièrement, les personnages cachés se montrent aux spectateurs… Enfin, les monologues et les tirades sont sans doute les moments d’une pièce où l’on peut juger le mieux du talent des metteurs en scène, et surtout des acteurs.

De ceux-ci vont dépendre l’intensité et le dynamisme des tirades et des monologues.

Michel Bouquet dans Le roi se meurt de Ionesco incarne le roi Béranger avec un tel talent que la pièce semble créée pour lui.

La longueur des répliques n’a alors rien d’un handicap : le dépouillement progressif du personnage à l’approche de la mort est émouvant et fascinant.

Guidé par la reine Marguerite, le monarque déclinant abandonne peu à peu tout ce qui le rattache encore à la vie : ce cheminement vers la mort est uniquement verbal. Les tirades et les monologues, utilisés avec mesure et interprétés avec talent, comptent donc souvent parmi les grands moments de théâtre. Nous avons donc pu constater que tirades et monologues sont parfois critiqués à juste titre pour leur lourdeur. Cependant, ils apparaissent aussi très souvent comme les moments forts des pièces de théâtre, s’ils sont utilisés à bon escient et avec talent.

Nous ne pouvons donc pas contester leur intérêt.

D’ailleurs, dans bien des pièces contemporaines, ils sont utilisés fréquemment.

Ainsi, Art, la pièce la plus célèbre de Yasmina Réza, débute par un monologue d’exposition, dans lequel l’un des trois personnages principaux s’adresse au public pour lui expliquer. »

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