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On emploie beaucoup de nos jours l'expression « être présent au monde ». Que veut-on exprimer par-là ? Si vous pensez que c'est un mot d'ordre qui vaut la peine d'être suivi, quels sont les moyens qui vous sembleraient les meilleurs pour y parvenir? Et quelles sont les erreurs qu'il vous semblerait devoir éviter? Essayez d'en tirer quelques réflexions générales sur « l'humaine condition ».

Publié le 17/02/2011

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« Présent au monde «, mais ne le sommes-nous pas tous, que cela nous plaise ou non? Le monde actuel nous enserre de toutes parts, et de manière de plus en plus sûre et insistante par l'intermédiaire de toutes les techniques modernes de l'information. Comment ne serions-nous pas présents à tout ce qui nous est ainsi, presque à chaque instant, présenté? Il y a certainement un autre sens à cette formule que sa signification immédiate qui n'est qu'un truisme simpliste; mais quel sens? et pourquoi le proclamer ainsi?

« sur « le monde » qui est si vaste, qui comprend le passé dans le présent et l'imaginaire dans le réel?... 2.

Qu'est-ce que« la présence»? — Si l'on veut être présent dans l'instantanéité perpétuelle de l'action, on risque detransformer la présence en soumission et en servilité; dans l'éparpillement d'une agitation multiforme ce sont lesfaits et les événements qui commandent, ce n'est plus le sujet humain; voyez l'air harassé et absent (précisément,« absent ») de ces hommes affairés qui doivent être « présents partout à la fois » : ils finissent par n'être plusvraiment nulle part.

Au surplus on est « présent » aussi bien en freinant qu'en accélérant et 'parfois davantage', enremontant le courant du fleuve qu'en se laissant porter et ballotter par lui.

« Être au courant », « être dans le vent», autant d'expressions qui caractérisent un certain genre de présence, pas très solide parce que perpétuellementchangeante et toujours à renouveler — ce qui est la définition du contraire de la présence! Il n'est pas étonnant,nous le voyons mieux maintenant, que les frénétiques de la « présence au monde » veuillent toujours être présentsà des causes lointaines et difficilement accessibles : cette présence lointaine constitue l'alibi de leur fuite duprochain, de leur évasion de la réalité immédiate qui leur semble, probablement, trop pesante, trop exigeante.

Iln'est pas jusqu'à leur « présence » intellectuelle qui ne soit compromise par ces équivoques, car celui qui comprendle mieux le monde contemporain est celui qui le voit avec du recul, comme on explique la vie d'une plante par sesracines, comme on connait mieux un paysage en le voyant du haut d'une montagne qu'en suivant au ras du soll'enchevêtrement de ses accidents de terrain; le passé est présent dans notre présent bien plus que l'instantanéitéfugitive, et il en fournit la signification.

De plus, enfin, pour être présent, il faut être présent, c'est-à-dire qu'il fautêtre, avoir une substance, une réalité bien délimitée qui sait établir des hiérarchies de valeurs et un ordre d'urgencedans l'action; l'« abnégation » de ceux qui dissolvent leur personnalité dans la poursuite des événements et dans laconformité du devenir n'est plus générosité, mais vanité; la dispersion, l'éparpillement, sont tout le contraire d'uneprésence, ferme, solide, assurée. CONCLUSION « L'humaine condition » ne peut nier la réalité temporelle qui la constitue, ni s'en évader sous peine de se détruire.Le présent véritable n'est pas un point d'actualité, il comprend tout ce que nous pouvons embrasser du regard denotre esprit à un moment donné; et, dans les divisions de la durée que nous rassemblons ainsi, c'est la dimension dupassé qui a réalité, substance, et signification; l'avenir, lui, est une forme vide qui ne peut nous expliquer notreactualité.

« Être présent au monde », n'est-ce donc pas, d'abord, éclairer notre rayon d'action limité, mais efficace,par la lumière qui le domine? N'oublions pas la définition que Leibnitz donnait de la matière : un « esprit instantané »(mens momentanea).. »

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