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BÉRULLE Pierre, cardinal de : sa vie et son oeuvre

Publié le 18/11/2018

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BÉRULLE Pierre, cardinal de (1575-1629). Entre la Renaissance et le classicisme, Bérulle est un parfait représentant de l’insaisissable période baroque qui, dans la spiritualité comme ailleurs, se caractérise par le foisonnement, la diversité, les contrastes. Sa formation se fait, d’une part, sous le signe d'une riche influence humaniste — il compte dans son ascendance maternelle Pierre Séguier, moraliste mineur du xvie siècle — mais, d’autre part, sous celui d’un catholicisme mystique et ligueur, représenté par sa parente Mme Acarie. Celle-ci exerce sur le jeune Bérulle, à partir de 1594, une influence déterminante qui se prolongera jusqu’à leur brouille en 1618. C’est dans ce climat qu’il écrit le Bref Discours de l'abnégation intérieure (1597), dont la théologie affective a été qualifiée de « préquiétisme » (J. Dagens), et qu’il participe à l’affaire Marthe Brossier, où se manifeste l’effervescence catholique contre l’édit de Nantes. Bérulle écrit alors un curieux Traité des éner-gumènes, suivi d’un Discours sur la possession de Marthe Brossier, dirigé contre le médecin Marescot qui avait formulé un diagnostic célèbre : Nihil a daemone, multa ficta, a tnorbo pauca. Contre l’explication médicale, qui inaugure l’âge de la folie (dont Michel Foucault a fait l’histoire), Bérulle présente une explication, fondée sur l’Écriture aussi bien que sur Épictète et Empédocle, qui est loin d’être dénuée d’intérêt pour les sciences humaines.

« d'autre part, sous celui d'un catholicisme mystique et ligueur, représenté par sa paœnte Mme Acarie.

Celle-ci exerce sur le jeune Bérulle, à partir de 1594, une influence déterminante qui se prolongera jusqu'à leur brouille en 1618.

C'est dans ce climat qu'il écrit le Bref Discours de l'abnégation intérieure (1597), dont la théo­ logie affective a été qualifiée de « préquiétisme » (J.

Dagens), et qu'il participe à l'affaire Marthe Brossier, où se manifeste l'effervescence catholique contre l'édit de Nantes.

Bérulle écrit alors un curieux Traité des éner­ gumènes, suivi d'un Discours sur la possession de Mar­ the Brossier, dirigé contre le médecin Marescot qui avait formulé un diagnostic célèbre : Nihil a daemone, mu/ta ficta, a morbo pauca.

Contre l'explication médicale, qui inaugure l'âge de la folie (dont Michel Foucault a fait l'histoire), Bérulle présente une explication, fondée sur l' Écriture aussi bien que sur Épictète et Empédocle, qui est loin d'être dénuée d'intérêt pour les sciences humaines.

Parvenu dans l'entourage du roi par sa nomination comme aumônier en 1601, il va déployer, pendant un quart de siècle, une intense activité, où sont étroitement mêlées politique et religion.

Il participe, par ses Disc ou rs de controverses, aux rencontres organisées à Fontaine­ bleau par Henri lV entre catholiques et protestants, conduits respectivement par Du Perron et Du Plessis-Mornay.

Par la fondation du Carmel, i.l introduit en France le mysticisme espagnol, exubérant et sensuel.

II entretient une précieuse correspondance avec les compagnes de Thérèse d'A vila qu'il a obtenu d'amener comme fonda­ trices.

Alors qu'un moment, en 1602, il a failli se faire jésuite, il va, en fondant l'Oratoire, congrégation de prê­ tres séculiers, susciter dans le clergé un important mou­ vement de réforme, dans le sens d'une exigeante austé­ rité, qui se trouvera, à diverses reprises, opposé à la Compagnie de Jésus.

L'abbé de Saint-Cyran, Duvergier de Hauranne, subit fortement l'empreinte de la piété bérullienne au cours des entretiens qu'il a avec Bérulle entre 1620 et 1622.

A ce moment, Bérulle publie ses Discours des grandeurs de Jésus, où s'affirme le carac­ tère christocentrique de sa théologie.

Parallèlement, Bérulle assume des négociations politi­ ques : mariage d'Henriette de France avec le roi d'Angle­ terre (1624), paix avec l'Espagne (1625).

Ses réussites diplomatiques lui valent d'être nommé cardinal mais ne lui évitent pas la disgrâce de la part de Richelieu en 1629.

Son œuvre s'achève par l'Élévation sur sainte Made­ leine et surtout par une étonnante Vie de Jésus, située tout entière avant la naissance de Jésus, qui est, en fait, une méditation sur la Vierge et J'Incarnation, dont l'her­ méneutique traduit des thèmes majeurs de la culture occidentale.

Les écrits de Bérulle, entièrement rédigés en français, dans une langue d'une ordonnance et d'une pureté déjà classiques, affranchie de la terminologie scolastique, sont nourris d'une mystique tout à fait originale, dont 1' allégresse poétique est probablement due à 1' accord singulier entre l'épanouissement humain et l'exaltation divine, accord bientôt rompu, au xvrr • siècle, par le divorce entre jésuites et jansénistes.

BrBLIOGRAPHIE En dehor s des éditions originales, on peut signaler des édi­ tions récentes :Élévation sur saillie Madeleine, éd par J.

Beaude.

Paris, Éd.

du Cerf, coll.« Foi viv !l n le "· 1987; Mémorial pour la direclion des supérieurs, Paris, Ed.

de la Vie spirituelle, 1926; Vie de Jésus, Éd.

du Cerf , 1929; Œuvres de piété, Paris, Aubier, 1943; Correspondance, Éd.

J.

Dagens, Desclée de Brouwer.

Paris et Louvain, 1937-1939.

A consulter.

-J.

D age ns, Bérulle et les origines de la restau­ ration catholique (1575-1611), Paris, Desclée de Brouwer, 1952; J.

Orcibal, le Cardinal de Bérulle, évolution d'une spiriwalité, Paris, Éd.

du Cerf, 1965.

O.

BIYIDI. »

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