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BLANCHOT (Maurice)

Publié le 17/02/2019

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BLANCHOT (Maurice), écrivain français (Quain, Saône-et-Loire, 1907). Pour Maurice Blanchot l'écriture est essentiellement anonyme. Si son œuvre comportait des éléments biographiques — ce qui n'est pas nécessairement incompatible avec sa définition d'une écriture anonyme —, seule la plus subtile des études pourrait les discerner. Toute critique visant à fixer les traits distinctifs d'un « grand auteur » serait impertinente : l'écriture, dit Blanchot, est indifférente à la grandeur, la littérature n’appartient pas au créateur. Et il cite Mallarmé qui évoquait la « disparition élocutoire » de l'auteur.

 

Entre 1930 et 1940, Blanchot est une figure active du journalisme d'extrême droite. Rédacteur de politique étrangère au Journal des débats, il collabore à Réaction, à la Revue française, à Combat, Aux écoutes. La guerre met fin à cet engagement inattendu. C'est à cette date que Blanchot commence une carrière littéraire, inaugurée, en 1941, par la première version de Thomas l'obscur, récit que suivront Aminadab (1942), l'Arrêt de mort (1948), le Très-Haut (1948), Au moment voulu (1951), le Ressassement étemel (1951), Celui qui ne m'accompagnait pas (1953), le Dernier Homme (1957), l'Attente, l'Oubli (1962), la Folie du jour (1973), Après coup ( 1983). Parallèlement à cette œuvre narrative qui évoque mais dépasse le genre fantastique, il poursuit dans des périodiques (le Journal des débats, Critique, la Nouvelle Revue française) une réflexion critique qui, à côté du Lautréa mont et Sade de 1949, sera recueillie dans des volumes successifs : Faux Pas (1943), la Part du feu (1949), l'Espace littéraire (1955), la Bête de Lascaux (1959), le Livre à venir (1959), l'Entretien infini (1969), l’Amitié (1971), le Pas au-delà (1973), l'Écriture du désastre (1980), De Kafka à Kafka (1982), la Communauté inavouable (1983). La réflexion sur la littérature n'implique pourtant pas une ignorance du politique. Plus discrète que dans les interventions d'avant-guerre, c'est aussi dans la direction opposée qu'elle s'orientera. Pendant la guerre d’Algérie, Blanchot sera, en particulier, l'un des initiateurs du manifeste dit des 121, sur le droit à l'insoumission.

 

Pour Blanchot, le concept de fiction « à proprement parler » a cessé de constituer un repère stable. Depuis l'Espace littéraire, le rapport de la littérature avec son dehors (ce qui n'est pas elle) n'a pas cessé de devenir plus problématique. Peut-on parler de la littérature ? La question de Blanchot — plus profonde — veut qu'on demande d'abord : peut-on parler de littérature ? Y a-t-il quelque chose comme de la littérature ? La littérature existe-t-elle ? Est-elle possible? Et le seuil tracé par le Pas au-delà introduit dans l'espace littéraire au moment même où il l'excède : l'écriture marque le pas, dedans et dehors, avant et après, porte d'entrée et de sortie.

 

Comme un rêveur qui sait qu'il dort et qu'il rêve, mais qui ne le sait qu’en rêve et ne dort, par conséquent, que dans son sommeil, incapable, de ce fait, de jamais s'endormir réellement — comme un rêveur que chaque mouvement qui l'en éloigne fait pourtant retomber en même temps dans son rêve (un rêve qu'il ne peut pas plus aborder qu'il n'est capable d’y échapper) —, quiconque entre en rapport avec la littérature, qu'il soit écrivain ou qu'il soit lecteur, s'en

 

voit au même moment congédié à jamais. C'est ainsi que le chef-d'œuvre, par l'évidence même qu'il impose des réussites de l'art, prouve aussitôt que nous ne savons même pas si l'art existe. « Encore plus radicalement que Proust, écrit Georges Poulet, Blanchot est l'homme du temps perdu. » Pourquoi, l'homme ayant prouvé son aptitude à utiliser le temps (un temps où s'avère la maîtrise humaine, franchissant victorieusement limite après limite, dans un souci positif d'accomplissement), la littérature — ce temps, ces pas perdus — continue-t-elle à constituer le centre insistant de nos soucis ? Quelle exigence entretient-elle encore, après tant de réussites ? Avec une patience intraitable, Blanchot ne cesse de rappeler cette question où se préserve l'urgence muette du « non-sérieux », du « non-vrai », l'urgence désœuvrée qui constitue le « malheur », la « misère » du destin littéraire.

 

La rencontre avec la pensée de Bataille est une date cruciale dans l’œuvre de Blanchot, qui se joue, le plus souvent, comme un dialogue de voix qui s’interrompent amicalement, de voix qui se multiplient sous le signe de l'amitié, comme l'échange de voix qui entretiennent leur pluralité, s'entretiennent dans leur pluralité. En épigraphe à 1'Amitié, Blanchot inscrit, de manière significative, une phrase empruntée à la section du Coupable, le livre de Bataille, intitulée elle aussi : « l'Amitié » : « ...amis jusqu'à cet état d'amitié profonde où un homme abandonné de tous ses amis rencontre dans la vie celui qui l'accompagnera au-delà de la vie, lui-même sans vie, capable de l'amitié libre, détachée de tous liens ». Si dans la négativité hégélienne est à l'œuvre la détermination dans laquelle tout pouvoir trouve sa source, dans la communication mise en jeu par l'amitié — souveraineté sans ressource — la source est désertée, tarie : elle n’est la source que de ce qui n'arrive pas à arriver, l'origine de ce qui n'a pas la force de commencer, ne fait jamais que ressasser ce désœuvrement originel. Le terme d'« entretien infini » indique le reste sans mesure de cette

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« coup (1983).

Parallè le me nt à cette œuvre narrative qui évoque mais dépasse le genre fantastique, il poursuit dans des périodiques (le Journal des débats, Criti­ que, la Nouvelle Revue française) une réflexion critique qui, à cô té du Lau tréa ­ mont et Sade de 1949, sera recueillie dans des volumes successifs : Faux Pas (1943), la Part du feu (1949).

l'Espace littéraire ( 1955), la Bête de Lascaux (1959), le Livre à venir (1959), l'Entre­ tien infini (1969), l'Amitié (1971), le Pas au -delà (1973), l'Écriture du désastre (1980), De Kafka à Kafka (1982), la Communauté inavouable ( 1983}.

La réflexion sur la littérature n'implique pourtant pas une ignorance du politique.

Plus discrète que dans les interventions d 'avan t-guerre, c'est aussi dans la direc­ tion opposée qu'elle s'orientera.

Pendant la guerre d'Algérie, Blanchot sera, en particul ier, l'un des initiateurs du mani­ feste elit des 1 2 1, sur le droit à 1 'insoumission.

Pour Blanchot, le concept de fiction. »

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