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BOSSUET ET LES PRÉDICATEURS

Publié le 20/05/2011

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I. — La Prédication avant Bossuet.

Après saint François de Sales, dont il a été question plus haut, il faut signaler encore quelques précurseurs de Bossuet : — SAINT VINCENT DE PAUL (1576- I 66o); — le P. LEJEUNE (1592-1672), le P. SENAULT (1599-1662), tous deux de l'Oratoire, fondé en 1612 par le cardinal de Bérulle. Les Jésuites, de leur côté, eurent le P. CLAUDE DE LINGENDES (1591-166o). Enfin, Port-Royal contribuait aussi à instruire les prédicateurs, et à les ramener aux vrais principes de l'éloquence sacrée; nous avons déjà cité, à ce point de vue, SAINT-CYRAN et SINGLIN.

II. — Bossuet (1627-1704).

Vie. — Jacques-Bénigne Bossuet naquit à Dijon, le 27 septembre 1627; son père était avocat au Parlement de Dijon. Il commença ses études au collège des Jésuites *de sa ville natale, et les continua, à partir de 1642, à Paris, au collège de Navarre. Le jeune Bossuet avait déjà une réputation. Son ardeur au travail lui valait de la part de ses condisciples, le surnom de Bos suetus aratro ; et le prince de Condé acceptait, en 1648, la dédicace de sa première thèse, sa tentative.

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« Cour).

— Avent du Louvre, 1665.

— Carême de Saint-Germain-en-Laye, 1666 : à signaler les sermons sur la Divinitéde la religion, sur l'Honneur, sur l'Amour des plaisirs, sur la Justice, sur l'Ambition.

— Avent de Saint-Thomas duLouvre, 1668.

— Avent de Saint-Germain-en-Laye, 1669.

— Cette période est celle de la pleine maturité deBossuet. 3° Pendant son préceptorat, Bossuet renonce à la prédication.

Cependant, il faut signaler, en 1675, le sermon pourla profession de Mlle de la Vallière. 4° Nommé évêque de Meaux, Bossuet recommence à prêcher : soit dans des occasions solennelles (sermon surl'Unité de l'Église, 1681), soit dans sa cathédrale de Meaux (Pour le jour de Pâques, 1685), et dans les églises etcouvents de son diocèse (sur le Silence, aux Ursulines).

C'est la période de l'éloquence familière, de l'homélie plutôtque du sermon.Histoire des Sermons de Bossuet.

Les manuscrits.

Les éditions.

— Rien ne prouve mieux le dédain de Bossuet pour lagloire littéraire, que l'état dans lequel il laissait les manuscrits de ses sermons.Cet état attestait qu'il les avait beaucoup maniés et retouchés, mais qu'aucun n'était prêt pour l'impression.

Ilspassèrent aux mains du fils de son frère Antoine, l'abbé Bossuet, qui devint évêque de Troyes, puis à M.

de Chazot,de Metz.

— Cependant les Bénédictins des Blancs-Manteaux, à Paris, préparaient une édition des Œuvres complètesde Bossuet (commencée par l'abbé Lequeux), et dom Déforis fit appel à tous ceux qui détenaient des manuscrits.

Ilobtint de Mme de Chazot tout ce qui restait des sermons, et l'édition de 1772-1778 donne quatre volumescomposés de fragments ainsi retrouvés et plus ou moins bien reconstitués.

Après dom Déforis, il a fallu les travauxde l'abbé Vaillant (1851), de Floquet (1855 et 1864), de Lachat (édition de 1862-1865), de Gandar, de Gazier et del'abbé Lebarq, pour établir un texte définitif et un classement rationnel des sermons de Bossuet.Les critiques du XVIIIe siècle ne surent pas apprécier le style à la fois simple et sublime des Sermons de Bossuet.Mais au XIXe siècle une réaction se fit : Saint-Marc Girardin, Patin, Nisard, et les critiques que nous avonsprécédemment nommés, rendirent aux Sermons leur place dans l'oeuvre de Bossuet, la première.Comment Bossuet comprend l'éloquence de la chaire.

—Bossuet veut d'abord que le prédicateur connaisse à fondl'Écriture Sainte.

Lui-même il lisait et relisait la Bible.

Pour les Pères de l'Église, il conseille la lecture de saintAugustin, de saint Jean Chrysostome, de Tertullien et de saint Grégoire de Nazianze.

Parmi les auteurs profanesgrecs : Homère, Platon, Socrate, Démosthène (mais Bossuet avoue qu'il les a peu lus); en latin : Cicéron, Tite-Live,Salluste, Térence, Virgile; en français : Balzac, les écrits des Messieurs de Port-Royal, Corneille.

« Mais ce qui est leplus nécessaire pour former le style, c'est de bien comprendre la chose, de pénétrer le fond et la fin de tout, et d'ensavoir beaucoup...

»Dans le Panégyrique de saint Paul et dans la Parole de Dieu, Bossuet s'élève avec une admirable véhémenceévangélique contre les prétentions littéraires de l'orateur chrétien et contre la coupable curiosité des auditeurs.

—Quelle doit donc être la part de l'éloquence ? « Elle doit suivre sans être appelée...

Elle doit venir d'elle-même,attirée par la grandeur des choses et pour servir d'interprète à la sagesse qui parle...

Le prédicateur prendra toutdans les Écritures, non seulement pour justifier, mais pour embellir son discours.

» — De leur côté, les auditeursdoivent « savoir écouter au dedans...

Ils pèsent les paroles, comparent les prédicateurs, comme si la chaire était unthéâtre où il fallût disputer le prix du bien dire!...

»Cette fière et apostolique théorie de la prédication explique pourquoi Bossuet n'eut pas, au XVIIe siècle, malgré lasupériorité de son génie, un succès égal à celui de Bourdaloue et de Massillon.Le lyrisme de Bossuet.

— Mais ce qui explique encore une certaine résistance de la part du XVIIe siècle, c'est queBossuet est beaucoup moins impersonnel et abstrait qu'un Bourdaloue ou un Massillon.

Seul avec Pascal, il est enson siècle un lyrique.

L'éloquence a toujours eu des affinités avec le lyrisme, surtout quand, au lieu de s'exercer surdes questions de droit ou de personnes, elle traite les grands lieux communs dont vit l'humanité, et quand, pour lesrenouveler, l'orateur cherche à frapper l'imagination et la sensibilité de ses auditeurs.Que l'on considère les sermons de Bossuet, on y trouvera du lyrisme à classer sous les points suivants : — a)Mouvement général du discours : Bossuet obéit à une émotion intérieure, qui rythme et qui entraîne sonraisonnement.

— b) Le ton est personnel et souvent impérieux, comme celui d'un visionnaire qui, recevant soninspiration d'en-haut, la subissant en quelque sorte, à son tour la projette sur son auditoire.

— c) Il s'élèvefréquemment à la méditation à la fois psychologique et mystique, et alors il ressemble tout à fait à nos lyriquesmodernes : Lamartine, Vigny, Sully Prudhomme.

— d) Il donne à ses développements une forme rythmique, avec desrefrains saisissants : voir en particulier l'Impénitence finale : « La fin est venue, la fin est venue...

etc.

», la Passionde 166o : « Tradebat autem...

», le Sermon pour le jour de Pâques de 1685 : « Marche! marche! »Mais ce lyrisme n'exclut chez Bossuet ni la pleine possession de la pensée, ni la logique dans le développement.

Onsent chez lui la raison souveraine qui règle cette ardeur lyrique. Les Oraisons funèbres.

— Le mot oraison s'employait encore au XVIIe siècle dans le sens de discours ; on disait lesoraisons de Cicéron.

Il ne faut donc voir aucun sens religieux dans cette expression, aujourd'hui archaïque.Les oraisons funèbres de Bossuet sont : — 1656, à Metz, Yolande de Monterby, abbesse de Sainte-Marie de Metz;—1658, à Metz, Henri de Gornay ; — 1662, le P.

Bourgoing, supérieur général de l'Oratoire; — 1663, Nicolas Cornet,principal du collège de Navarre; — 1667, Anne d'Autriche (discours perdu); — 1669, Henriette de France, reined'Angleterre; —1670, Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans; —1683, Marie-Thérèse, reine de France; — 1685,Anne de Gonzague, princesse palatine; — 1686, Michel Le Tellier, chancelier de France; — 1686, Mme du Bléd'Uxelles, abbesse de Faremoutiers (discours perdu); — 1687, le Prince de Condé.

— Sur ces douze oraisonsfunèbres, six ont été imprimées du vivant de Bossuet, et par ordre du Roi.. »

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