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C'est Diderot qui a rédigé, dans l'Encyclopédie, l'article « Paix » dont voici un extrait :

Publié le 03/03/2011

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diderot

   « (1) Si la raison gouvernait les hommes, si elle avait sur les chefs des nations l'empire qui lui est dû, on ne les verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre. (2) Ils ne marqueraient point cet acharnement qui caractérise les bêtes féroces. (3) Attentifs à conserver une tranquillité de qui dépend leur bonheur, ils ne saisiraient point toutes les occasions de troubler celle des autres. (4) Satisfaits des biens que la nature a distribués à tous ses enfants, ils ne regarderaient point avec envie ceux qu'elle a accordés à d'autres peuples; les souverains sentiraient que des conquêtes payées du sang de leurs sujets ne valent jamais le prix qu'elles ont coûté. (5) Mais par une fatalité déplorable, les nations vivent entre elles dans une défiance réciproque; perpétuellement occupées à repousser les entreprises injustes des autres ou à en former elles-mêmes, les prétextes les plus frivoles leur mettent les armes à la main. (6) Et l'on croirait qu'elles ont une volonté permanente de se priver des avantages que la Providence ou l'industrie leur ont procurés. (7) Les passions aveugles des princes les portent à étendre les bornes de leurs États; peu occupés du bien de leurs sujets, ils ne cherchent qu'à grossir le nombre des hommes qu'ils rendent malheureux. (8) Ces passions, allumées ou entretenues par les ministres ambitieux ou par des guerriers dont la profession est incompatible avec le repos, ont eu, dans tous les âges, les effets les plus funestes pour l'humanité. (9) L'histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes et cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres. (10) L'épuisement seul semble forcer les princes à la paix; ils s'aperçoivent toujours trop tard que le sang du citoyen s'est mêlé à celui de l'ennemi; ce carnage inutile n'a servi qu'à cimenter l'édifice chimérique de la gloire du conquérant et de ses guerriers turbulents; le bonheur de ses peuples est la première victime qui est immolée à son caprice ou aux vues intéressées de ses courtisans. «    Vous résumerez ce texte en vous attachant à dégager les idées essentielles exprimées par Diderot et à montrer en quoi elles sont caractéristiques à la fois de la pensée de leur auteur et de l'esprit du XVIIIe siècle. Vous vous demanderez pour conclure si, à votre avis, le problème de la paix se pose aujourd'hui en termes analogues ou différents.    Résumé du texte    I L'article essaie de démêler les raisons qui poussent les peuples à la guerre et oppose les malheurs qui en résultent aux bienfaits de la paix.    II A une première partie commençant par si et hypothétique, qui marque les raisons qui devraient conseiller la paix, s'oppose une deuxième partie commençant par Mais qui explique ce qui se passe en fait et dénonce les causes de la guerre. Une troisième partie vérifie objectivement par le témoignage de l'histoire (L'histoire ne nous fournit que des exemples, etc.) l'analyse des deux premières.

diderot

« FEUILLE 2 : a) Les causes des guerres sont-elles les mêmes de nos jours? Qu'est-ce qui a changé ou non : 1 dansla raison humaine? 2 dans la responsabilité des peuples? 3 dans celle des chefs? 4 N'y a-t-il pas d'autres causes deguerre? b) Les effets des guerres : sont-ils les mêmes? ou différents? ou absolument nouveaux? c) Spécialement,est-il toujours vrai que la nature suffit à nourrir tous les peuples? chercher le bien-être économique est-ce, de nosjours, la même chose que chercher la paix? FEUILLE 1 : a) Les progrès et aussi les imperfections de la raison, encore trop peu développée, sont notés dans leDiscours préliminaire à l'Encyclopédie (Ch.

S., p.

190) : c'est aussi une idée essentielle de Voltaire (par ex.

dans sesœuvres historiques).

L'évolution des peuples en est le résultat, puisque c'est la raison qui les fait passer de labarbarie à la civilisation : le XVIIIe siècle plaint le peuple victime de la guerre, peu disposé à se battre (cf.

Candide),mais aussi complice des ambitieux par sa naïveté et sa bêtise (idée de Voltaire) et que le philosophe doit éclairer(idée de Diderot et des Encyclopédistes : Ch.

S., p.

207).

La critique des dirigeants se retrouve partout : militaires(Encyclopédie : Ch.

S., p.

204; Candide), ministres ambitieux (Contes et ouvrages historiques de Voltaire), princeségoïstes (Lettres persanes, œuvres historiques de Voltaire), auxquels on pourrait ajouter les fanatiques de lareligion. b) Les vues humanitaires sont faciles à développer : méfaits de la guerre et souffrances du peuple : Encyclopédie(Ch.

S., p.

204); Candide; amour de la liberté que supprime la guerre (Encyclopédie : Autorité politique, ibid., pp.200-201 ; œuvres de Montesquieu, de Voltaire, etc.); désir de voir le peuple heureux et prospère (Voltaire, Lettresphilosophiques; Rousseau; Encyclopédie). c) On insistera sur les idées économiques.

1 La nature donne aux peuples tout ce qui devrait suffire à leur bonheur :c'est une idée de Rousseau, et aussi des économistes qui ont collaboré à Y Encyclopédie, comme Quesnay, chef del'école des Physiocrates (cf.

M., XVIIIe s., p.

105) qui pensaient que la richesse est fondée sur les produits de laterre.

Voltaire a émis quelques doutes sur ce point, dans sa polémique avec Rousseau (article Homme duDictionnaire philosophique).

2 En revanche tout le monde est d'accord pour penser que 1' « industrie », c'est-à-direl'activité de l'homme, peut ' développer ces richesses naturelles, même limitées, pour le plus grand bien de tous (cf.Lettres philosophiques, L'Homme aux quarante écus; l'éloge des arts et techniques par Y Encyclopédie, etc.), àcondition que les égoïsmes et les despotismes, ou la sottise, n'apportent pas des entraves.

Que ces richessesdoivent contribuer au bonheur du peuple, personne (sauf peut-être Rousseau) n'en doute en ce siècle d'essor et delibéralisme économiques.

La guerre ne sert donc pas à acquérir des richesses qu'on peut obtenir par d'autres moyens: au contraire elle les anéantit. FEUILLE 2 : a) Vous reprendrez une à une les causes des guerres selon Diderot.

1 La raison a sans doute progrességrâce à la culture, et aussi à l'expérience des souffrances de la guerre : on pense davantage à l'échelle de laplanète, on pèse mieux les dangers d'un conflit qu'aggraveraient les moyens scientifiques, etc.

Mais l'homme estencore soumis aux illusions du nationalisme, du fanatisme idéologique, du culte des chefs.

2 Les peuples, en prenantthéoriquement le pouvoir, n'ont pas supprimé les guerres; au contraire, leur responsabilité s'est aggravée :nationalisme (cause des guerres du XIXe et du XXe s.), fanatisme idéologique qui n'est souvent qu'un camouflage dunationalisme (XXe s.), intolérance, haine raciale, illusion aveugle (le peuple allemand, le racisme et Hitler).

La guerre« en dentelles » du XVIIIe s., si intolérable qu'elle fût, paraît anodine à côté des massacres des XIXe et XXe siècles.3 Les chefs paraissent plus raisonnables, plus conscients de leurs devoirs, plus contrôlés aussi dans certains pays.Toutefois, le rôle d'un seul homme avec quelques complices peut encore être énorme (ex.

Hitler); les ambitieux,politiques et militaires, existent encore; d'autres types de dirigeants néfastes ont apparu, les uns clandestins,agissant en sous-main, qui représentent des intérêts économiques, les autres plus démagogues et visibles, tantôtdes fanatiques, tantôt des pantins jouant la comédie imposée par les classes qui possèdent le pouvoir.

Souvent aussi les soi-disant chefs ne sont que les jouets des forces populaires qu'ds ont déchaînées.

4 Depuis Diderot, lesdeux éléments nouveaux qui paraissent être les plus importants dans le déchaînement des guerres sont les passionsnationales ou idéologiques qui enragent et aveuglent les peuples et les rendent à la fois esclaves et tyrans, et lesintérêts économiques (cf.

c). b) Les effets des guerres sont aggravés : pertes humaines, ruine économique, esclavage politique.

Deux faitscependant les rendent différents : 1 Les guerres du XXe siècle ont amené certains résultats positifs, dans l'ordrescientifique (médecine, industrie atomique, aviation, etc.), économique (développement des techniques) et mêmepolitique et social, les peuples arrachant aux chefs des droits que l'urgence de la situation n'autorise pas à leurrefuser.

2 Les conséquences de la guerre peuvent être si graves qu'elles suffiront peut-être à l'empêcher : effet dela menace atomique sur le pacifisme du XXe siècle. c) Du point de vue économique, l'optimisme du XVIIIe s.

n'a pas été vérifié.

Le libéralisme économique qu'il a conçuet le capitalisme qu'il a développé ont produit au XIXe siècle le phénomène de l'impérialisme, c'est-à-dire lanécessité pour les classes dirigeantes des peuples riches de s'assurer des sources de richesse et des débouchés au-delà de leurs frontières : d'où les guerres coloniales, et, lors du heurt des grands impérialismes (anglais et allemanden 1914), les guerres mondiales.

Le développement aveugle d'une économie égoïste est donc une des causes deguerre aux XIXe et XXe siècles, comme aussi l'injustice du sort de certains peuples, de nos jours, misérables etaffamés.. »

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