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Cette nuit, il pleuvait - Les Châtiments - Victor Hugo (Livre 7 - Les sauveurs se sauveront)

Publié le 17/01/2022

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Cette nuit, il pleuvait, la marée était haute,  Un brouillard lourd et gris couvrait toute la côte,  Les brisants aboyaient comme des chiens, le flot  Aux pleurs du ciel profond joignait son noir sanglot,  L'infini secouait et mêlait dans son urne  Les sombres tournoiements de l'abîme nocturne ;  Les bouches de la nuit semblaient rugir dans l'air.    J'entendais le canon d'alarme sur la mer.  Des marins en détresse appelaient à leur aide.  Dans l'ombre où la rafale aux rafales succède,  Sans pilote, sans mât, sans ancre, sans abri,  Quelque vaisseau perdu jetait son dernier cri.  Je sortis. Une vieille, en passant effarée,  Me dit : « Il a péri ; c'est un chasse-marée. «  Je courus à la grève et ne vis qu'un linceul    De brouillard et de nuit, et l'horreur, et moi seul ;  Et la vague, dressant sa tête sur l'abîme,  Comme pour éloigner un témoin de son crime,  Furieuse, se mit à hurler après moi.    Qu'es-tu donc, Dieu jaloux, Dieu d'épreuve et d'effroi,  Dieu des écroulements, des gouffres, des orages,  Que tu n'es pas content de tant de grands naufrages,  Qu'après tant de puissants et de forts engloutis,  Il te reste du temps encor pour les petits,  Que sur les moindres fronts ton bras laisse sa marque,  Et qu'après cette France, il te faut cette barque !    Jersey, 5 avril. 

La narration suit la progression du drame à partir des bruits perçus par le narrateur. Ses sens, et plus spécialement l'ouïe, sont alertés par un bruit insolite qui semble le tirer lentement de son sommeil («j'entendais le canon« et non « j'entendis «). Les actions se succèdent alors rapidement. Au moment même où le narrateur sort, pour porter secours aux victimes, le naufrage est consommé: il n'y a plus sur la grève que le bruit des vagues. Tout se passe alors comme si le poète vivait un mauvais rêve.

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« Dans ce paysage déchaîné, se déroule le naufrage d'un « chasse-marée », événement anonyme dont Hugo soulignel'horreur en concentrant au maximum le récit du drame. Une scène anonyme.

Le naufrage a lieu dans l'obscurité totale, sans témoin visuel ni secours.

Les victimes disparaissent dans l'anonymat ( «des marins», « quelque vaisseau »).

Face aux bruits de la mer, le «dernier cri » du bateau est d'autant plus pathétique qu'il émane non d'un « vaisseau » (comme le croit d'abord le poète) mais d'un « chasse-marée», petit bateau côtier dont Hugo souligne la fragilité, en le désignant ensuite comme une « barque». La concentration du récit.

La narration suit la progression du drame à partir des bruits perçus par le narrateur.

Ses sens, et plus spécialement l'ouïe, sont alertés par un bruit insolite qui semble le tirer lentement de son sommeil(«j'entendais le canon» et non « j'entendis »).

Les actions se succèdent alors rapidement.

Au moment même où le narrateur sort, pour porter secours aux victimes, le naufrage est consommé: il n'y a plus sur la grève que le bruitdes vagues.

Tout se passe alors comme si le poète vivait un mauvais rêve.

Son impuissance, sa solitude absoluesont en effet évoquées comme le serait un cauchemar (scène perçue par l'ouïe, reconstituée par l'imagination ;images fortes de bord de mer qui font penser aux mythes les plus anciens, ceux de la Genèse ou des luttestitanesques; confrontation à la mort: « urne», « linceul» ; et au vertige de l'infini; le double « abîme» de la nuit et de la mer). L'invective du poète Hugo interprète ce drame au bord de la mer comme le symbole de sa propre situation et de celle de la France.

Lavague qui se met à hurler après lui « comme pour éloigner un témoin», c'est l'image de son exil, de son crime, de la censure qui le frappe, lui le porte-parole des humbles et le dénonciateur du coup d'État.

Or, à travers cette analogiede deux crimes, la violence exercée par Louis-Napoléon contre la France est présentée comme une manifestation dela volonté de Dieu («après cette France, il te faut cette barque! »).

Reconnaissant ainsi la toute-puissance de Dieu (auquel Hugo s'adresse ici comme Job, le Juste de la Bible, dont Dieu mit la foi à l'épreuve en permettant qu'il lui arrivemalheur) le poète reconnaît implicitement que le déroulement de l'histoire est entre ses mains : de même que c'estDieu qui permet les naufrages, de même, c'est lui qui décide du jour et de l'heure où les hommes seront sauvés. (CONCLUSION ) Ce texte, situé dans le dernier livre du recueil, annonce la vision des « temps futurs » par laquelle s'achève l'ouvrage de Hugo.

En attribuant le destin de la France à un dessein divin, le poète dépossède par là même NapoléonIII de toute véritable initiative: il n'a été, dans toutes ces actions, que l'instrument de la providence et disparaîtra quand le moment sera venu.. »

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