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CHAPITRE 25 - Candide de Voltaire (commentaire)

Publié le 17/01/2022

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Le chapitre nous fournit, par de multiples jugements de détail, une information sur le goût très exigeant de Pococurante : cet intellectuel raffiné ne trouve pas chez Raphaël « une imitation vraie de la nature » l'opéra français est « un monstre qui [le] révolte » Homère lui occasionne « le plus mortel ennui » Virgile est froid et désagréable Horace sombre parfois dans la vulgarité le Paradis perdu de Milton est traité de « poème obscur, bizarre et dégoûtant ».

« éditions Tallandier, 1938. « Ceux qui ont bien connu Voltaire ne s'accordent pas sur tous les traits de son caractère.

Mais il en est un donttous ont été frappés.

Il était, comme le dit l'acteur Le Kain qui lui devait beaucoup, d'un tempérament « impétueux». Entendons par là qu'il était extrêmement sensible à l'agréable et au pénible et qu'il y réagissait d'une façonimmédiate et passionnée.

Il ne se maîtrisait qu'4 la longue : ses premiers épanchements étaient des enthousiasmesou des colères, des admirations excessives ou des sarcasmes, des éclats d'ironie, des traits d'esprit parfois cruels,voire des injures brutales.

» A.

Cresson, Voltaire, sa vie, son oeuvre, PUF, 1948. « Enfin et surtout, il a été merveilleusement vivant et les hommes, qui craignent l'ennui plus encore que l'inquiétude,sont reconnaissants à ceux qui les font vivre sur un rythme plus rapide et plus fort.

» A.

Maurois, Voltaire, éditionsGallimard, 1935. CHAPITRE 25 - Candide de Voltaire (commentaire) Le sénateur Pococurante reçoit Candide et Martin dans son somptueux palais de Venise.

Le jeune héros s'émerveillede tout, mais le sénateur le prend constamment à contre-pied.

Sa façon de démontrer le conformisme des modesartistiques ou littéraires, ses jugements à l'emporte-pièce, son désintérêt pour l'opinion des autres apprennent àCandide — « qui avait été élevé à ne jamais juger de rien par lui-même » — que l'on peut douter des idées reçues etbattent en brèche les théories optimistes de Pangloss. Candide ressort de cette réception convaincu que leur hôte est « le plus heureux de tous les hommes » car il estau-dessus de tout ce qu'il possède.

Il n'écoute guère les objections de Martin — pour qui Pococurante est dégoûtéde tout ce qu'il possède —, tant le désespoir de ne pas revoir Cunégonde mine ses espérances. La structure C'est un chapitre conçu comme une sorte de revue avec une succession de scènes sans autre lien apparent que lagalerie où elles se déroulent et les tirades de Pococurante (sur Raphaël, un concerto italien, l'opéra français,Homère, Virgile, Horace, Cicéron, les mémoires académiques, le théâtre, les sermons, les libres-penseurs anglais,Milton, les jardins). Cette structure confère au chapitre une portée didactique par l'accumulation des exemples et la similitude desleçons qui s'en dégagent.

D'autre part, la rencontre de Pococurante s'insère parfaitement dans la constructiongénérale du conte où elle joue un rôle comparable à celui des histoires intercalées.

Voltaire ménage dans l'actionune pause qui contribue à l'échafaudage d'une philosophie de l'existence. Une critique lucide « L'exemple de Pococurante vaut d'être médité, note Naves dans Le Goût de Voltaire (éd.

Hatier, 1966, p.

199) il a, si je puis dire, une vertu tonique et c'est un préservatif de premier ordre contre les approbations candides etconformistes, contre la paresse de l'esprit qui est l'ennemie principale du jugement.

» Le chapitre nous fournit, par de multiples jugements de détail, une information sur le goût très exigeant dePococurante : cet intellectuel raffiné ne trouve pas chez Raphaël « une imitation vraie de la nature » l'opérafrançais est « un monstre qui [le] révolte » Homère lui occasionne « le plus mortel ennui » Virgile est froid etdésagréable Horace sombre parfois dans la vulgarité le Paradis perdu de Milton est traité de « poème obscur, bizarre et dégoûtant ». Mais la concordance entre les défauts que relève Pococurante et certains jugements aussi sévères de Voltaire surVirgile, Horace ou Milton ne doit pas faire oublier que l'écrivain, très éclectique, préférait conforter son goût par unecritique des beautés : Horace et Virgile constituent pour lui des modèles d'équilibre et d'art quant à Milton, il lerange dans son Essai sur la poésie épique (1733) parmi les « grands génies persécutés de la fortune ». D'autre part, Pococurante apparaît comme un esprit satirique lucide, qui parfois s'identifie à Voltaire : il répond àl'admiration sans nuances de Martin pour les ouvrages des libres penseurs anglais par une formule qui ne dépareraitpas Le Siècle de Louis XIV ..

« Je serais content de la liberté qui inspire les génies anglais si la passion et l'esprit de parti ne corrompaient pas tout ce que cette précieuse liberté a d'estimable.

») ou cisèle des formules à la manièrede La Bruyère ou La Rochefoucauld (« Les sots admirent tout dans un auteur estimé.

»). De plus, le savoureux portrait de Pococurante comporte une nuance de caricature.

Ce dilettante n'use-t-il pas tropvolontiers de superlatifs ou de formulations brutales ? Ce désabusé de tout ne prend-il pas comme critère de qualitélittéraire l'utilité d'une oeuvre, ce qui le conduit à proscrire tous les recueils des Académies parce qu' « il n'y a danstous ces livres [...] une seule chose utile ».

Ce sage ne s'emporte-t-il pas agressivement contre les outrances deMilton ? Et ne nous apparaît-il pas céder à un penchant atrabilaire quand il prononce une condamnation radicale de. »

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