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Commentaire littéraire de Candide de Voltaire, Chapitre 3

Publié le 12/03/2012

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     Si Voltaire adopte ces deux points de vue, c'est bien sûr pour dénoncer la guerre. Mais il va au delà de cette simple dénonciation en glissant subtilement ses arguments contre la guerre. En effet, on note en premier lieu la volonté de l'auteur de montrer qu'elle est une calamité injustifiée et absurde. La “ boucherie héroïque ” dont on parle sous-entend que la guerre soit un carnage inutile et sanglant qui enlève à la notion d'héroïsme son côté bien-faisant et glorieux. On remarque plusieurs parallélismes et ressemblances entre les deux ennemis : les deux rois font chanter des Te Deum au même moment ; il est clairement dit que le village abare a été brulé par les Bulgares et que le village bulgare a été “ traité de même ” par les Abares ; enfin les noms de ces deux peuples, les Abares et les Bulgares, se ressemblent au niveau de la prononciation et du nombre de syllabe, et sont tous les deux proches du mot “ barbare ”, ce qui souligne leur côté cruel et inhumain. Ces similitudes insinuent qu'il n'y ait pas de vainqueur, ni de vaincu, que l'enjeu de cette bataille soit inexistant, et donc finalement, que la guerre ne serve à rien. Voltaire dénonce également la légalité de la guerre en précisant que les Bulgares aient brûlé un village abare “ selon les lois du droit public ”. Il n'accepte pas que les massacres soient autorisés par des lois.

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« Il ne s'agit pas seulement de tourner en ridicule la bataille, mais aussi de faire prendre conscience au lecteurdes réelles horreurs et massacres de la guerre.

C'est ce que s'efforce de faire Voltaire dans la seconde partie dutexte où il décrit la “ boucherie ” sous un regard pathétique.

Nous avons donc affaire à un changement de ton brutal : à l'ironie laisse se substitue la réalité horrible comme le montre par exemple l'expression “ des tas de morts et de mourants ”.

L'horreur de la guerre n'en reste pas qu'au champ de bataille : les indicateurs de lieu “ ici ” et “ là ” suggèrent qu'elle s'étende malheureusement partout autour, notamment dans des villages innocents contre leur gré.

Le précédent concert militaire laisse place à un vacarme strident et épouvantable comme l'indique le verbe“ criaient ” et l'expression “ derniers soupirs ” et au tragique regard muet des vieillards. Il s'agit ensuite pour l'auteur de montrer que la guerre plonge ses victimes dans un terrible chaos qu'ellessubissent.

Pour renforcer son indignation et dégoûter le lecteur de cette vision insoutenable, Voltaire décide deparler des êtres faibles que sont les “ vieillards ”, les “ femmes ” et les “ enfants ”.

Il utilise le champ lexical de l'extrême violence et de la mort : “ des tas de morts et de mourants ”, “ criblés de coups ”, “ mourir ”...

Cela afin de choquer profondément et d'émouvoir.

Les participes passés tels que “ égorgées ”, “ éventrées ”, “ à demi brûlées ” décrivant les victimes montrent que les civils subissent la guerre.

À la lecture, on relève une allitération en “ é ” que l'on peut concevoir comme un chant vers la mort, un requiem.

L'oxymore “ mamelles sanglantes ” oppose la vie symbolisée par le lait des mamelles au sang symbolisant la mort.

Ce désastre effroyable est le même dechaque côté comme l'indique l'expression “ des héros abares l'avaient traité de même ”. Dans la seconde partie du texte, Voltaire arrête d'être ironique face à un tout autre spectacle que la parademilitaire.

Il nous peint cette fois un tableau pathétique de l'atrocité de la guerre et laisse le lecteur juger lui-mêmede cette barbarie. Si Voltaire adopte ces deux points de vue, c'est bien sûr pour dénoncer la guerre.

Mais il va au delà de cettesimple dénonciation en glissant subtilement ses arguments contre la guerre.

En effet, on note en premier lieu lavolonté de l'auteur de montrer qu'elle est une calamité injustifiée et absurde.

La “ boucherie héroïque ” dont on parle sous-entend que la guerre soit un carnage inutile et sanglant qui enlève à la notion d'héroïsme son côté bien-faisant et glorieux.

On remarque plusieurs parallélismes et ressemblances entre les deux ennemis : les deux rois fontchanter des Te Deum au même moment ; il est clairement dit que le village abare a été brulé par les Bulgares et que le village bulgare a été “ traité de même ” par les Abares ; enfin les noms de ces deux peuples, les Abares et les Bulgares, se ressemblent au niveau de la prononciation et du nombre de syllabe, et sont tous les deux proches dumot “ barbare ”, ce qui souligne leur côté cruel et inhumain.

Ces similitudes insinuent qu'il n'y ait pas de vainqueur,ni de vaincu, que l'enjeu de cette bataille soit inexistant, et donc finalement, que la guerre ne serve à rien.

Voltairedénonce également la légalité de la guerre en précisant que les Bulgares aient brûlé un village abare “ selon les lois du droit public ”.

Il n'accepte pas que les massacres soient autorisés par des lois. En second lieu, on remarque que Voltaire accuse la religion, les dirigeants et les soldats d'avoir chacun unepart de responsabilité dans l'horreur de la guerre.

Les Te Deum lancés par les deux rois ennemis reflètent une satire de la religion.

Ceux-ci croient tous les deux avoir Dieu de leur côté, or on ne peut se faire à l'idée que Dieu soitassocier un tel carnage.

Ils lui rendent donc grâce et le remercient car chacun se pense victorieux.

Mais cela sous-entend paradoxalement que la guerre soit approuvée par la religion alors qu'elle est censée vouloir préserver la paix.La conjonction “ tandis que ” révèle la grande lâcheté de ces rois symétriques, représentant tous les dirigeants de guerre, qui se tiennent à l'écart du combat et observent indifféremment leurs soldats s'entretuer.

Peu leur importentles pertes humaines c'est pourquoi le narrateur n'émet que des estimations approximatives sur le nombre de morts.Quant aux soldats des deux côtés, ils sont sans pitié vis-à-vis de la population civile adverse qui est massacrée ettraumatisée, ce qui scandalise l'auteur.

La litote “ les besoins naturels de quelques héros ” atténue la réalité et suggère le fait que les soi-disant “ héros ” violent les filles des villages ennemis.

L'héroïsme perd alors toute notion de bravoure et de dignité. Enfin, on peut terminer en remarquant que pour dénoncer la guerre, Voltaire continue de critiquer laphilosophie de l'optimisme.

Candide reste fidèle à Pangloss et à sa théorie même si la réalité lui prouve clairement lecontraire.

L'antithèse ironique “ ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface ” est une possible réflexion de Candide puisque celui-ci est convaincu que tout est au mieux dans le monde ; donc pour les optimistes, les soldats tués étaient des forcément des “ coquins ” et leur mort ne peut que être bénéfique.

Comme le montre l'expression “ Candide […] tremblait comme un philosophe ”, il a peur de la réalité qui s'impose à lui ; ses belles paroles ne valent plus rien, il est désarmé.

Malgré le fait qu'il soit un soldat de l'arméeBulgare, Candide ne se bat pas, il déserte comme l'indique le verbe “ se cacha ”.

C'est un intrus au milieu de ces combattants, il est perdu, choqué, il n'est pas prêt à affronter la réalité.

On nous apprend sa fuite vers le villageavec l'euphémisme “ aller raisonner ailleurs ”.

L'optimisme ironique de Voltaire est si absurde que le lecteur, non- convaincu, n'adhère pas à l'idée du bien de la guerre. Voltaire ne fait donc pas une simple dénonciation de la guerre au travers deux points de vue différents, ilapporte des arguments en sa défaveur afin de convaincre le lecteur de son atrocité et de son absurdité.. »

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