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Chapitre 6 de Candide (Voltaire): L'autodafé

Publié le 12/04/2011

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Voltaire Candide ou l’optimisme (1759) CHAPITRE SIXIÈME : COMMENT ON FIT UN BEL AUTO-DA-FÉ POUR EMPÊCHER LES TREMBLEMENTS DE TERRE, ET COMMENT CANDIDE FUT FESSÉ Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé ; il était décidé par l'université de Coîmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.   On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d'avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil ; huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable.   Candide, épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant, se disait à lui-même : " Si c'est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? Passe encore si je n'étais que fessé, je l'ai été chez les Bulgares. Mais, ô mon chez Pangloss ! le plus grand des philosophes, faut-il vous avoir vu pendre sans que je sache pourquoi ! Ô mon cher anabaptiste ! le meilleur des hommes, faut-il que vous ayez été noyé dans le port ! Ô Mlle Cunégonde ! la perle des filles, faut-il qu'on vous ait fendu le ventre ! "   Il s'en retournait se soutenant à peine, prêché, fessé, absous et béni, lorsqu'une vieille l'aborda et lui dit : " Mon fils, prenez courage, suivez-moi. "                                                                                                                               (extrait)

Le texte proposé est un extrait du chapitre 6 de Candide. Ce dernier a déjà été confronté a un certain nombre de situations douloureuses comme l’enrôlement forcé, la guerre, la tempête ; on le trouve ici aux prises avec l’inquisition qui organise un autodafé (acte de foi, cérémonie solennel où l’on exécutait les hérétiques condamnés par le tribunal de l’inquisition) pour remédier au tremblement de terre.

C’est l’occasion pour Voltaire à travers un récit bref au rythme rapide de dénoncer sévèrement l’intolérance alliée à la superstition. L’autodafé apparaît comme une mise en scène permettant la dénonciation.

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« à saisir le contenu polémique du texte. Derrière la mascarade c'est le fanatisme qu'il veut dénoncer. Inutilité absurde de l'autodafé avec « Le même jour...

épouvantable » II/ La distorsion ironique Nombreux décalages Référence à une université réelle et connue Formulation impersonnelle « en conséquence »(l.7) articulation logique lexique juridique « saisi », « convaincu » aspect institutionnelle Passions humaines(justifier l'injustifiable) : Moteur de l'ironie Absence d'explication de Voltaire= Proximité entre les éléments incohérent suffise à la compréhension du lecteur. Décalage entre la gravité des condamnations et la légèreté de leurs applications. Insistance sur le temps « après diner »=sans importance. Périphrase du cachot.

Le narrateur ne s'implique pas alors qu'il devrait s'arrêter sur la mort de Pangloss. Evènements de narration sur le même plan = Banalité.

Fait réfléchir le lecteur sur l'incohérence de cescomportements à l'aspect logique.

Pangloss manipule d'habitude cette logique absurde mais cette fois elle s'exerce àses dépends. Cruauté de la précision « fut fessée en cadence » ou « donner au peuple un bel autodafé » formule insupportable. III/ La critique Critique de la superstition (attitude irrationnelle qui même croyance et présage, préjugés religieux contraire à laraison)(complément dans l'axe II) Critique de l'intolérance et du fanatisme : Episode au Portugal : s'attaque directement à l'inquisition qui n'existe plus en France à l'époque.

« Enconséquence » faux rapport logique.

Aucun lien logique entre l'arrestation d'un biscayen et un tremblement de terre.Dénonce le pouvoir des inquisiteurs, leur autorité et leur faux raisonnement.

« un biscayen convaincu d'avoir épousésa commère » (L'Eglise interdisait au parrain et à la marraine d'un même enfant de se marier ), « Deux portugais quien mangeant un poulet avait arraché le lard »= appartenance au judaïsme, présente cet acte comme une simplehabitude alimentaire, tourne en dérision les pratiques religieuses. Point culminant de la critique = chef d'accusation de Pangloss et candide « l'un pour avoir parlé, l'autre pour avoirécouté » = Intolérance de l'Eglise. Conclusion : Le chapitre 6, en mêlant plusieurs thèmes, permet à Voltaire de mener une réflexion sur la relationentre l'homme et son environnement mais aussi sur le poid des superstitions et des religions.

Sur le plan narratif, lechapitre voit la disparition d'un personnage central, ce qui pourrait permettre à Candide de prendre quelquesdistances avec la théorie de l'optimisme.. »

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