CHAPITRES VII ET VIII - Une Vie de Maupassant

6. La scène entre le baron et le prétendant : elle active des représen­tations très classiques de la noblesse et de la paysannerie. Le rapport hié­rarchique est fortement marqué, et le baron en joue au départ : il ne parle pas, refuse de faciliter l'échange. Ensuite, c'est lui qui fixe les limites de la conversation. Ce rapport de hiérarchie sociale se double d'un autre rapport hiérarchique sur le plan linguistique : l'un maîtrise le code oral français, l'autre pas, comme il est aisé de le faire repérer. Les personnages se déterminent également en fonction de références morales attendues et stéréotypées : le paysan fait appel au sens de l'honneur de l'aristocrate (à qui il rappelle la parole donnée), l'aristocrate se méfie de la ruse du pay­san (et il le bat sur son propre terrain, en inventant un autre prétendant censé supplanter Désiré Lecoq). La scène active donc des stéréotypes reconnus, elle propose une variation sur des situations codées à la fois au plan social et au plan psychologique.

La vie privée

7. Tout au long du chapitre VII, les indices montrant l'aveuglement de Jeanne relativement à la question de la paternité de l'enfant sont nombreux. Incapacité à comprendre le « mal « de Rosalie, à comprendre les raisons de la colère de Julien, à comprendre les raisons du mutisme de la servante : le début du chapitre VII multiplie les situations attestant la distance à la fois sociale et psychologique qui sépare Jeanne de son environnement. L'héroïne se comporte à la fois en enfant immature et en aristocrate conséquente, incapable de comprendre les motivations des comportements d'autrui.