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CHATEAUBRIAND

Publié le 30/03/2012

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chateaubriand

François-René de Chateaubriand est vraiment l'homme d'entre-deux-siècles, et par là il représente éminemment son époque, qui voit s'écrouler presque tout d'un coup un système politique et social séculaire et où quelquesuns - lui entre autres - vivent assez pour entrevoir que le nouveau système est encore plus fragile que l'ancien et que d'autres bouleversements, plus décisifs, se préparent. Sans doute le lieu romantique à souhait qu'il a choisi pour sa sépulture s'explique-t-il par beaucoup de raisons. Mais il lui fallait aussi être sans cesse battu par le flot comme il l'avait été durant sa vie par les marées de l'histoire. Il s'est voulu, en effet, ce bloc exposé aux tempêtes, mais qui demeure ferme : lmpavidum ferient ruinae, aurait-il aimé à dire, lui qui avait appris chez ses maîtres jésuites l'art des citations classiques. Et c'est justice qu'aujourd'hui, et depuis longtemps, de toutes ses oeuvres, celle qu'on ne se lasse point de relire, ce soient les Mémoires d'Outre-Tombe, ce bruit de l'Océan sur le Grand-Bé, comme un coquillage depuis plus d'un siècle dont nous ne nous lassons pas d'écouter le murmure. L'homme était intelligent, aigu, instruit, sans prestige physique d'aucune sorte et monstrueusement plein de lui-même. Il était plus facile, à coup sûr, de l'admirer que de l'aimer....

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« CHATEAUBRIAND 229 huit ans, chez Mme Récamier, lorsqu'il est environné de gloire.

Mais qu'on essaye de se représenter le jeune arriviste de vingt ans, qui est déjà passé du séminaire à l'armée, comme Julien Sorel.

Il vient d'être présenté à la cour, qui ne sait pas encore que c'en est bientôt fini pour toujours des fastes de Versailles.

Un ordre établi paraît immuable jus­ qu'à la minute où il s'écroule.

On dirait que le jeune Breton n'est là que pour être témoin de ce spec­ tacle.

C'est du moins ce qu'il pensera lui-même plus tard et ce qu'il répétera sans se lasser.

Mais il est certain qu'il eut une vocation de témoin et c'est en cela peut-être qu'il représente dans notre littérature l'un des plus parfaits exem­ plaires de l'homme de lettres.

Acteur, il aurait bien voulu.

Il a même failli à plusieurs reprises y réussir, mais chaque fois, il est arrêté par une espèce d'in­ compatibilité entre sa nature profonde et les sévères exigences de l'action.

Les vrais hommes d'action ne s'y sont jamais trompés, qu'il s'agisse de Napo­ léon ou du terne Villèle.

Le don de Chateaubriand est de regarder et de comprendre.

C'est pourquoi d'abord il a beaucoup voyagé.

Le voyageur est un témoin.

L'action, pour un jeune noble émigré au temps de la Révolution, elle était dans l'armée de Condé ou, à la rigueur, pour un Richelieu, dans la steppe ukrainienne ; mais à coup sûr pas dans ce Nouveau Monde qui en était encore à prendre len­ tement et maladroitement conscience de lui-même.

C'est en Amérique pourtant qu'est allé le jeune Cha­ teaubriand.

Qu'allait-il donc y trouver? Des paysages que l'œil de l'homme civilisé avait à peine effleurés, vierges donc, et des peuplades qui gardaient encore quelque chose de l'innocence paradisiaque.

Il était là à la frontière d'un monde, sur les bords du Meschacébé, chez les Natchez.

De là, les effondre­ ments et les guerres qui affectaient l'Europe loin-. »

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