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COLETTE, journal à rebours

Publié le 17/01/2022

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Mon premier livre scolaire fut un grand hiver, j'allais à l'école entre deux murs de neige plus hauts que moi... Qu'a-t-on fait de ces grands hivers d'autrefois, blancs, solides, durables, embellis de neige, de contes fantastiques, de sapins et de loups ? Après avoir été aussi réels que mon enfance, ils sont donc aussi perdus qu'elle ? Aussi perdus que la vieille Mlle Fanny, immatérielle institutrice fantôme, qui vivait de romans et de privations ? Parfois Mlle Fanny sortait de son rêve romanesque, et poussait un hennissement qui annonçait la leçon de lecture... Cette année-là, nous apprîmes à lire dans le Nouveau Testament'. Pourquoi le Nouveau Testament ? Parce qu'il se trouvait là, je pense. Et la vieille demoiselle fantôme institutrice scandait, à coups de règle sur son pupitre, le rythme des syllabes sacrées, psalmodiées en choeur : « En! - ce ! - temps ! - là ! - Jé ! - sus ! - dit ! - à ! - ses ! - dis ! - ci ! - ples !... « Parfois une élève-bébé, qui s'était assise sur sa chaufferette pour se réchauffer, poussait un cri aigu, parce qu'elle venait de brûler son petit derrière. Ou bien une colonne de fumée montait d'une chaufferette, propageant l'odeur d'une châtaigne, d'une pomme de terre, d'une poire d'hiver, que l'une de nous essayait de cuire dans la chaufferette... Tout autour de nous, c'était l'hiver, un silence troublé de corbeaux, de vent miaulant, de sabots sabotant, l'hiver et la ceinture des bois autour du village... Rien d'autre. Rien de plus. Une humble, une rustique image...

Le grand écrivain Colette, dont la vie défraya quelque peu la chronique par ses mariages, ses divorces, sa sensualité, ses exhibitions sur les scènes de music-hall, était avant tout une amoureuse de la vie et de la nature. Don inné, entretenu par sa mère Sido et magnifié par l'écriture, notamment dans les souvenirs qu'elle égrène dans ce journal à Rebours qui, sous une forme autobiographique, comme dans les Claudine et La Maison de Claudine nous livre les charmes de son enfance dans la campagne bourguignonne.

« les méthodes pédagogiques : « psalmodiées en choeur.

» Le ton pourrait être celui de la nostalgie, de la mélancolie, pour évoquer et regretter un paradis perdu.

Pourtant,l'amour de la vie domine d'où le recours à l'humour. II.

L'humour. A.

Le comique de caractère. Le personnage de Mlle Fanny est un type littéraire tant il acquiert d'orginalité, de présence tout en conservant unepart de mystère. Absence totale de portrait physique. Étude des adjectifs : l'âge : « vieille » ; matérialité : « aussi perdus que la vieille Mlle Fanny immatérielle [...] fantôme (répété à deux reprises) ». Qui est-elle ? : « qui vivait de romans et de privations [...] son rêve romanesque.

» La métaphore incongrue du mot « hennissement>) : « Parfois Mlle Fanny [...] poussait un hennissement ». Méthode traditionnelle et négligence totale se mêlent (« scandait à coup de règles sur son pupitre » et « pourquoi le Nouveau Testament ? Parce qu'il se trouvait là je pense.

») Une référence littéraire possible : Mlle Lefort, l'institutrice du Livre de mon Ami d'Anatole France (chapitre « La révélation de la poésie », qui lit une « histoire en vers>) incompréhensible aux enfants et leur faitsempiternellement écrire sur leur ardoise « la faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré.>) Comique de situation. Les distractions culinaires des petits élèves et les incidents qui s'ensuivent. A. Fonctions de ce regard humoristique. B. Rompt la nostalgie du souvenir. Introduit des personnages. Anime une scène vivante en opposition avec la description d'un extérieur immuable. Par la grâce du souvenir et de l'écriture, le réel est magnifié, le sensualisme, l'appétit de vivre de Coletteapparaissent pleinement dans ce passage. III.

Cette résurrection est un hymne à la vie. A.

Sensualisme du souvenir : les différents sens sont convoqués. La vue et les couleurs : symphonie en noir et blanc (cf.

les tableaux d'hiver des écoles de peinture flamande « deux murs de neige...

blancs, solides, durables, embellis de neige...

la ceinture des bois autour du village.

») L'odorat : « l'odeur d'une châtaigne, d'une pomme de terre, d'une poire d'hiver...

» L'ouïe : les bruits d'intérieur : noter le vocabulaire expressif « hennissement [...] scandait [...] psalmodiées en choeur j...] cri aigu.

»; le silence extérieur d'un hiver ouaté : « un silence troublé de corbeaux, de vent miaulant, de sabots sabotant ».. »

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