COLPORTAGE (littérature de)
Publié le 21/02/2019
Extrait du document
«
qu'un
fait commercial, sinon économi
que, devient un fait culturel.
doublement
marginal à la culture dominante mais
dont il est souvent difficile d'estimer
l'impact exact sur la masse populaire.
La Révolution rendit le colportage
libre.
Le premier Empire ne s'embar
rassa guère de légalité mais préféra
contrôler la source, c'est-à-dire les
imprimeurs, en accordant un monopole
exorbitant à quelques-uns d'entre eux (à
Paris les 400 imprimeurs furent réduits
à 60 par un décret de 181 0).
La Restaura
tion commença à mettre au point un
système plus efficace de contrôle de la
diffusion des livres.
Les obstacles iront
ainsi croissant jusqu'au second Empire.
À partir de 1852, les colporteurs sont
tenus à l'estam pillage des livres au siège
de la préfecture de chaque département
où ils exercent leur activité, de façon
qu'ils puissent attester à toute réquisi
tion de la gendarmerie que ces livres
sont bien sur la liste des ouvrages
autorisés.
Moyennant ces conditions, on
estime officiellement le nombre des
livres ainsi diffusés à 9 millions
d'exemplaires.
Une clientèle composite.
La clientèle
du colportage ne peut être considérée
comme un bloc.
Au XVI• s., elle n'est
guère différenciée de celle de la librairie :
elle est formée de gens de robe, titulaires
d'offices, propriétaires terriens, mar
chands enrichis, sortis il y a peu de
générations du menu peuple de la bour
geoisie artisanale et commerçante, mais
aussi d'une petite noblesse provinciale
d' ailleurs liée à la nouvelle bourgeoisie
terrienne.
À partir du XVII• s., le public
des lecteurs se diversifie et le colportage
devient de plus en plus populaire.
Au
XVIII• s ..
il pénètre dans les chaumières,
chez les paysans aisés et même moins
aisés : ceux qui savent lire suffisamment
font la lecture à la veillée.
En même
temps, il s'étend davantage dans le petit
peuple des villes parmi les petits artisans
et compagnons.
qui expriment parfois
leur misère en de naïfs poèmes qui
entrent dans le bagage du colporteur.
Au XIX" s., parallèlement aux petits
opuscules traditionnels répandus sous le
nom de « Bibliothèque bleue » (les ro- mans de
chevalerie ayant souvent été ré
duits eux-mêmes en petits formats),
le fond de colportage s'augmente d'am
vres de format toujours trés réduit
(9 X 14 cm et en dessous), mais de 200
à 250 pages.
Le succès d'une œuvre ne
se mesure pas au chiffre des tirages -
inconnu et incontrôlable, d'ailleurs -
mais au nombre d'éditeurs qui la
publient en contrefaçons, souvent de
très mauvaise qualité.
Et, comme il a
toujours été de tradition chez les impri
meurs de livres populaires, on tire des
exemplaires jusqu'à usure et écrasement
des plombs, quitte à en rendre parfois
la lecture difficile.
Par leur prix (un franc
et plus), ces livres ne peuvent cependant
atteindre que la petite et moyenne bour
geoisie, surtout en province.
tandis que
la Bibliothèque bleue, avec ses petits
opuscules à quatre sous, de plus en plus
minces.
demeure l'apanage du petit
peuple paysan, artisans et compagnons.
Un examen du contenu de la Bibliothè
que bleue montre que le niveau de
culture des lecteurs se situe en général
en marge de l'inculture, ou plus précisé
ment d'une culture de tradition orale
caractérisée par des éléments de créa
tion ou de recréation populaire souvent
grace à des apports venus justement de
la littérature de colportage.
Un catalogue utilitaire.
Dans la boite
du colporteur se trouvent toutes sortes
de livres de piété mais aussi d'enseigne
ment à l'usage des écoles des frères et
des écoles de charité qui se tenaient sous
la direction du diacre maitre d'école bien
avant l'enseignement obligatoire.
Ainsi,
vers 1740, parmi d'autres livres de
dévotion en même temps que d'enseigne
ment, tels psautiers, petits offices, vie de
Jésus, vies de saints, cantiques, nol!ls,
sans oublier la Grande Danse macabre
reproduite avec sa série de bois gravés,
comme en bande dessinée, depuis 1485,
on peut remarquer des A.
B.
C.
en feuil
les de parchemin, des Livres d'arithméti
que élémentaire, un A vis salutaire aux
péres et m.éres pour l'éducation des
enfants et la trés curieuse Civilité puérile
et honnéte avec ses caractères bizarre
ment contournés, dits « caractères de
civilité », qui ont souvent servi de.
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