Comment pallier le danger moral que constituent certains films pour le jeune spectateur ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
fondement raisonnable.
Le problème posé par le cinéma est important puisque les films du domaine public sont unenourriture particulièrement attrayante et à peu près à la portée de tous, sans distinction...
Qu'il y ait de bons films et de mauvais films, tant au point de vue de la qualité artistique que de la qualité morale, neparaît pas discutable et le problème qu'il pose à nos sociétés civilisées était bien digne de faire l'objet des travauxet des conférences de l'UNESCO.
Il n'est guère utile de s'attarder sur les remèdes négatifs, sous leur forme la plus radicale : interdiction totale d'unfilm, censure de certaines séquences ou de certaines images.
Elles prêtent évidemment le flanc aux critiques et auxprotestations d'écrivains et d'artistes férus de liberté de penser, d'écrire et de créer.
Néanmoins, rappelons qu'il nes'agit pas ici d'un public d'adultes, de gens qui peuvent et doivent prendre leurs responsabilités, et se conduisent àleur guise, mais d'êtres jeunes, forcément naïfs et inexpérimentés, et naturellement vulnérables.
Le rôle d'unesociété juste est précisément de protéger ceux qui sont faibles momentanément ou définitivement, au point de vuemoral comme au point de- vue matériel, et la liberté de tout faire doit s'arrêter à la liberté des autres.
Les sociétés dites « permissives » ne peuvent être que des collectivités sans âme et sans avenir.
Toutefois, les solutions positives sont préférables à tous points de vue.
Nul ne peut se scandaliser si l'on cherche àimmuniser l'esprit d'un enfant contre les maladies et les déviations toujours possibles...
Apprendre à l'enfant àdistinguer un bon film d'un médiocre, à aimer des héros qui le méritent, à admirer à bon escient ce qu'il estnaturellement enclin à admirer, bref lui éviter les emballements irraisonnés, et lui faire mieux aimer ce qu'il aime, c'estlà une tâche indispensable.
Une réserve à faire cependant :il faut éviter la critique incessante, le dénigrement systématique, car l'adolescentest autant porté à cette contestation permanente qu'à l'admiration spontanée : l'observation de Peters à ce sujetest parfaitement justifiée.
Tâchons donc de préserver le capital d'enthousiasme et de confiance qui caractérise lajeunesse et veillons à ce que son dynamisme ne s'égare pas dans de mauvaises directions.
DISCUSSION
L'argumentation de l'auteur est raisonnable et convaincante.
Mais l'idéal pédagogique qu'il définit n'est pas si facile àréaliser.
Le cinéma est un fait essentiel de notre civilisation : chacun de nous en voit les
inconvénients et y distingue à sa façon, les bons et les mauvais aspects.
Cependant, les films sont déversés sur laplace publique comme un produit de grande consommation, pratiquement à la portée de tous.
Les critiques de filmsne sont guère lues, les mentions « interdit aux moins de 16 ans...
de 14 ans...
» n'ont pas beaucoup d'effet, etparfois même ajoutent au spectacle l'attrait du fruit défendu!
Tout se passe comme si le progrès technique nous avait procuré, pêle-mêle, l'automobile — bien dangereuse elleaussi —, l'avion, le cinéma, la télévision, sans nous avoir appris à nous en servir de façon vraiment sage etrationnelle.
Mais n'est-ce pas aux hommes, après tout, de dominer leurs inventions et leurs machines? « On n'arrêtepas le progrès », selon une formule populaire, et il roule avec lui le bon, le moins bon et le mauvais...
C'est à nousde trier!
Revenons au cinéma.
Peters a peut-être trop insisté sur l'artificiel et le clinquant de tant de films à succès : il arriveque les producteurs, percevant sans doute quelque lassitude du public, écœuré de violences, de meurtres et dedébordements sexuels, retournent à des histoires simples et tendres, des comédies ou des drames de la viequotidienne, comme le célèbre Love Story, plébiscité par des milliers de spectateurs.
Mais l'éducateur ne peut rester passif : il ne saurait attendre que les choses, les gens et les sociétés s'améliorent d'elles-mêmes; c'est pourquoinous souscrivons en toute connaissance de cause aux propositions de Peters et aux campagnes de l'UNESCO à cesujet.
Les problèmes de la culture et de l'éducation sont parmi les plus délicats du monde moderne : les spectacles, lesarts, les lettres, la télévision sont les reflets d'une société qu'on ne peut modifier que par un effort pénible etcontinu.
En attendant cette amélioration problématique et lente, il faut bien mettre les jeunes à l'abri du pire, lespréserver des périls que les conditions de la vie moderne et le progrès ont multipliés, et surtout essayer de lesimmuniser, par une formation progressive de l'esprit, du goût, de la volonté, but de toute éducation digne de ce nom..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Valeur et danger du sport pour le développement moral ?
- Quels sont selon vous la valeur et le danger du sport pour le développement moral ?
- Quels sont, selon vous, la valeur et le danger du sport pour le développement moral ?
- Le théâtre a-t-il pour fonction de tout dire, de tout expliquer au spectateur de la crise que vivent les personnages? - Par quels moyens et quelles fonctions Juste la Fin du monde est une pièce qui nous retrace la crise de cette famille?
- C. E. 18 déc. 1959, SOCIÉTÉ « LES FILMS LUTETIA » et SYNDICAT FRANÇAIS DES PRODUCTEURS et EXPORTATEURS DE FILMS, Rec. 693