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Commentaire composé : Le dormeur du val d'Arthur RIMBAUD

Publié le 20/04/2012

Extrait du document

rimbaud

 

C’est un trou de verdure où chante une rivière 

Accrochant follement aux herbes des haillons

D’argent ;où le soleil, de la montagne fière

Luit ! C’est un petit val qui mousse des rayons.

 

Un soldat, jeune, bouche ouverte, tête nue ;

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

 

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme.

Nature, berce-le chaudement: il a froid.

 

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 

                                                                                  Arthur Rimbaud

                                                                                         Cahier de Douai

 

Dans un commentaire composé montrez comment à travers un tableau contrasté, l’auteur traduit ses sentiments

 

 

 

  Arthur Rimbaud est un écrivain français du XIXè siècle, né en 1854 et mort en 1891. Se révélant déjà génie poétique à l’âge de 17 ans, son œuvre de par sa thématique, se situe à cheval entre la poésie baudelairienne et la littérature symboliste, d’où la correspondance qui transparaît souvent entre le paysage décrit et le mouvement des états d’âme du poète. Sous un autre angle, l’œuvre  de Rimbaud partage  le lyrisme de l’époque romantique. Auteur de plusieurs recueils de poésie dont Le bateau ivre, Rimbaud a également mené une vie de soldat et souffert de la blessure que provoque une arme à feu. Le présent poème est extrait du recueil  Cahier de Douai. Il a la forme d’un sonnet, poème de quatorze vers, dont les deux premières strophes sont de quatre vers et les deux dernières sont de trois vers chacune. Dans l’ensemble, « le dormeur du val « décrit l’état d’un jeune soldat blessé et couché les herbes  d’un val. Dans l’étude approfondie de ce poème, la mise en évidence de la souffrance du « dormeur « permettra de saisir la nature et le degré des sentiments du poète.

rimbaud

« Cette atmosphère se ressent à travers les sensations physiques que le poète veut faire ressortir.

Il joue ainsi sur les sens et à travers les jeux de sonorité les tableaux qu’offre la présentation des effets optiques tels que les couleurs et les effets de la lumière. Il insiste sur la chaleur de la nature et particulièrement sur les rayons du soleil ,à travers l’adverbe de manière « chaudement et les effets de sonorité : le son [ i ] et le son [ ε ] sont récurrents dans la première strophe ; la rime alternée de cette strophe, tout en insistant sur l’effet de chaleur du lieu, fait allusion au bruit qui y règne.

Le son [ y ] qui revient avec les mots « haillons » et « rayons » produisent le même effet de renforcement de l’impression de chaleur.

Quant au bruit, il provient également de la présence de deux types de personnification qui renvoient au rythme du mouvement de l’eau.

La première personnification se trouve dans le verbe « chanter » relié à un nom de chose, la rivière : on peut saisir ici une similitude entre l’enthousiasme dune personne en joie et le mouvement de l’eau qui coule.

La seconde personnification se rapporte à la montagne et relève de l’adjectif qualificatif « fière » : l’idée de hauteur ainsi exprimé renforce caractérise la force du courant de l’eau. Elle se ressent également par la vraisemblance de la fréquentation de ce lieu par les hommes.

En effet les mots glaïeuls et cressons renvoient à des fleurs cultivées par l’homme. En outre, l’insistance sur la verdure à travers l’expression « trou de verdure » et « lit vert » traduisent une impression de bien-être et de plaisir à être dans ce lieu, d’où l’idée soulignée par l’auteur selon laquelle l jeune soldat « dort » et « fait un somme ». Toutefois, cette impression est loin de ce que vit le soldat.

En effet, l’impression produite par la description effectuée dans trois sur les quatre strophes suggère, voire, exprime une idée de malaise profond vécu par le jeune soldat. Un certain nombre d’expressions insistent abondamment sur la manière dont il est couché.

C’est le cas du 5 èvers dont le rythme marqué par la ponctuation est révélateur d’un état anormal vécu par le soldat.

En outre certains mots décrivent l’état de froid vécu par cet homme, ce qui contraste avec la chaleur ambiante précédemment expliquée.

D’abord suggérée (« il est étendu dans l’herbe, sous la nue »), l’idée de froid est dénotée par le vers « Nature, berce-le chaudement : il a froid ».

Enfin, petit à petit, cet état simplement physique va renvoyer à l’état d’âme du soldat et par ricochet, à celle du poète.

Les 8è, 9è et 10è vers permettent de comprendre le caractère anormal de l’état du soldat qui « dort », et la profondeur de sa souffrance ; la main sur la poitrine est une manière d’indiquer symboliquement pourquoi le soldat est immobile.

L’expression « deux trous rouges » connote une charge affective partagée par le et révèle sa compassion pour le soldat souffrant.

L’adjectif numéral « deux » renseigne sur l’acuité du mal; le nom « trou » et l’adjectif de couleur « rouge », sur sa profondeur. La mise en relief de certains effets de son traduit la difficulté du souffle, et partant, l’état d’agonie du souffrant.

Il s’agit des sonorités sombres telles que les sons [ã ] et [ õ ] dans « Accrochant », « follement », « étendu » ; « cresson », « montagne » ; quant au son [ u ], il apparaît douze fois dans tout le poème suggérant ainsi une impression de gémissement de la part du soldat.

Son état est donc celui d’un être agonisant. Du coup, il ne peut plus exprimer de vive voix les impressions qu’il ressent dans le val. Par exemple, le sourire et le somme sont le signe d’une sorte d’adoucissement de la douleur. En disant la « lumière pleut » Rimbaud ne fait pas que provoquer une surprise, il suggère l‘abondance de l’eau.

Même, la lumière provoque une impression d’eau.

L’expression « la lumière pleut » joue ainsi le rôle d’une synesthésie.

Mais ce sont les effets de rejet et d’enjambement qui renforcent l’effet de surprise, de même que certains compléments de noms qui ne semblent pas être à leur place.

Ainsi, trou de verdure allie deux termes de connotations différentes, le trou fait allusion à quelque chose de péjoratif, alors que verdure fait penser au bien-être physique.

De même, haillons est de sens péjoratif et / D’argent,. »

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