Commentaire Composé Lorenzaccio
Publié le 15/11/2012
Extrait du document
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LE DUC : Eh bien ! ta gaieté s'évanouit si vite ? Tu trembles, cousin ? Fi donc ! tu fais honte au
nom des Médicis, je ne suis qu'un bâtard, et je le porterais mieux que toi, qui es légitime ? Une
épée, une épée ! un Médicis ne se laisse point provoquer ainsi.
Pages, montez ici ; toute la cour le
verra, et je voudrais que Florence entière y fût.
LORENZO : Son Altesse se rit de moi.
LE DUC : J'ai ri tout à l'heure, mais maintenant je rougis de honte.
Une épée ! (il prend l'épée d'un
page et la présente à Lorenzo.)
VALORI : Monseigneur, c'est pousser trop loin les choses.
Une épée tirée en présence de votre
Altesse est un crime punissable dans l'intérieur du palais.
LE DUC : Qui parle ici, quand je parle ?
VALORI : Votre Altesse ne peut avoir eu autre dessein que celui de s'égayer un instant, et sire
Maurice lui-même n'a point agi dans une autre pensée.
LE DUC : Et vous ne voyez pas que je plaisante encore ! Qui diable pense ici à une affaire
sérieuse ? Regardez Renzo, je vous en prie ; ses genoux tremblent ; il serait devenu pâle, s'il pouvait
le devenir.
Quelle contenance, juste Dieu ! je crois qu'il va tomber.
(Lorenzo chancelle ; il s'appuie
sur la balustrade et glisse à terre tout d'un coup.)
LE DUC, riant aux éclats : Quand je vous le disais ! personne ne le sait mieux que moi ; la seule
vue d'une épée le fait trouver mal.
Allons ! chère Lorenzetta, fais-toi emporter chez ta mère.
(Les
pages relèvent Lorenzo.)
SIRE MAURICE : Double poltron ! fils de catin !
LE DUC : Silence ! sire Maurice ; pesez vos paroles ; c'est moi qui vous le dis maintenant ; pas de
ces mots-là devant moi.
VALORI : Pauvre jeune homme !
(Sire Maurice et Valori sortent.)
LE CARDINAL, resté seul avec le duc : Vous croyez à cela, monseigneur ?
LE DUC : Je voudrais bien savoir comment je n'y croirais pas.
LE CARDINAL : Hum ! c'est bien fort.
LE DUC : C'est justement pour cela que j'y crois.
Vous figurez-vous qu'un Médicis se déshonore
publiquement, par partie de plaisir ? D'ailleurs ce n'est pas la première lois que cela lui arrive ;
jamais il n'a pu voir une épée.
LE CARDINAL : C'est bien fort.
C'est bien fort.
(Ils sortent.).
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