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Commentaire de l'incipit de Candide de Voltaire: Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d'icelui.

Publié le 26/07/2012

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voltaire

___Il y avait en Westphalie, dans le château de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la sœur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps. ___Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin; ses palefreniers étaient ses piqueurs; le vicaire du village était son grand-aumônier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes. ___Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère. ___Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes possibles. ___« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement ; car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes; aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux; aussi monseigneur a un très beau château: le plus grand baron de la province doit être le mieux logé; et les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année: par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise; il fallait dire que tout est au mieux. « ___Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment; car il trouvait mademoiselle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être mademoiselle Cunégonde; le troisième, de la voir tous les jours; et le quatrième, d'entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre. Voltaire, Candide, ch.1.

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« Tonalité du passage :▪ il y a beaucoup de superlatifs → exagération, donc ironie, caricature.▪ jeu sur les points de vue : au tout début, le narrateur est omniscient.

« Je crois » (l.5) = il n'est plus omniscient.

Il n'est pas sûr, il incite le lecteur à faire ses propresrecherches, à se créer sa propreopinion → il faut prendre les choses avec distance.▪ l.53 à 58 : c'est le classement du bonheur, mais il est bizarre, ce n'est pas le bonheur comme nous onle perçoit.

l.58 : « par conséquent » est un connecteur logique, orici il n'y a pas de logique, il n'est pas à sa place ! 2.Candide. Il « écoutait attentivement, et croyait innocemment » (l.50-51), « il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire » (l.52-53) → il est ingénu, naïf, lâche, passif → c'estbizarre pour le héros d'un conte.Il a « l'esprit le plus simple » (l.5) = il est simple d'esprit, idiot.« Les mœurs les plus douces » (l.3) = il est docile, il ne réfléchit pas trop.« Le jugement assez droit » (l.4-5) = il ne cherche pas à aller plus loin.« Sa physionomie annonçait son âme » (l.3-4) = on ne sait rien ni de son physique, ni de sa moralité → la phrase ne veut rien dire ! 3.Les feux femmes. l.21-22 : « pesait » = avoir de l'importance ? Une livre = 453,59237 grammes ↔ 350 livres = 159 kg → si .on prend "peser" au sens propre, la baronne est obèse !!Ce n'est donc pas mélioratif.

Et « par là » elleest très considérée, peut-être car on la plaint, ou alors on se moque d'elle.Candide trouve Cunégonde « extrêmement belle », mais c'est un point de vue interne.

Le narrateur dit .qu'elle est « haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante » =on dirait un plat (de spaghettis ?).C'est une beauté subjective du personnage (d'ailleurs au début, Candide, naïf, voit Cunégonde belle, et.à la fin il la trouve moche → sa vision a changé, les épreuvesl'ont "forgées"). 4.Le baron. l.13 : « un des plus puissants » → il n'est pas le plus puissant.Ses possessions : un château avec « une porte et des fenêtres » et une « grande salle » = ce n'est pas extraordinaire.

Peut-être même qu'il n'y a que 2 fenêtres, et qu'unesalle, avec une tapisserie...l.16 à 19 : Il utilise des chiens de basses-cours pour aller chasser, ses palefreniers (ils soignent les chevaux) sont aussi ses piqueurs (ils s'occupent de la meute dechasse), et il n'a pas son propre vicaire (= ecclésiastique) car c'est celui du village → en fait le baron n'a pas tant de possessions que ça, il fait du recyclage.l.20 : il est noble, mais il s'amuse à raconter des histoires.

On a l'impression que les gens se moquent de lui, ou alors ils font semblant de rire.Or le fils du baron est « digne de son père », donc sa puissance est aussi factice.

Cette phrase ne veut rien dire puisqu'on ne connaît pas grand-chose du père. 5.Pangloss. l.57-58 : c'est Candide qui le dit, donc peut-être qu'il n'est pas un grand philosophe.Le terme « métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie » est imprononçable + la « nigologie » n'existe pas, ça fait penser à "nigaud", donc idiot.Il est « l'oracle », C.

écoute avec « la bonne foi » (l.29), « il croyait innocemment » (l.50).

"Philosophie" = "amour de la sagesse" en grec ancien, donc de la raison,de la réflexion.

Pourtant on trouve « oracle », « foi », « croyait », le vocabulaire de la religion, par opposition à la raison → c'est bizarre.La métaphysique existe, elle étudie l'existence des éléments du monde, dont l'existence de Dieu, le temps, l'espace...La cosmologie s'est séparée de la métaphysique,elle étudie l'Univers en tant que système physique, l'origine du monde.

Quant à la théologie, c'est l'étude de Dieu, donc relatif à la religion → ces 3 domaines ne vontpas ensemble.La philosophie de Pangloss (l.37 à 49) est ridicule :- ses exemples de philosophie (nez, jambes, lunettes, chausses) sont peu variés et plus terre à terre, ridicules- elle est étrange car pour lui le bonheur c'est de manger du cochon toute l'année- enfin, P.

inverse la cause et l'effet : il affirme que les nez sont faits pour porter des lunettes, et que donc on porte des lunettes, mais en fait c'est l'inverse : c'est parcequ'on a un nez qu'on a ensuite décidé de créer des lunettes.

Par la même occasion, ce ne sont pas les jambes qui s'adaptent aux chausses, cesont les chausses quis'adaptent aux jambes.

l.43 à 46 : Pangloss ne dit pas "donc il y a des châteaux", mais il fait l'éloge du baron, c'est de la flatterie, donc il n'y a pas de rapport avec laphilosophie → il esthypocrite, profiteur ≈ parasite. 3)La portée critique du texte. 1.La noblesse. ▲ Ne pas confondre noblesse et bourgeoisie.

La noblesse est héréditaire, alors que la bourgeoisie est relative à la ville.Voltaire critique cette inégalité sociale due à la naissance.Pour être noble, il faut avoir au moins 8 arrières grands-parents nobles.

Or Voltaire en donne 71 au père de Candide (l.11), et ce n'est pas suffisant.

Il montre quec'est une classe fermée, à part, donc très inégalitaire.La naissance de candide fait l'objet de rumeurs, on ne sait pas vraiment qui sont ses parents, mais on pense quand même que c'est la mère de Candide, ce qui prouvequ'elle est allée un peu à droite et à gauche, qu'elle a eu des aventures.

Les rumeurs le confirment.Il critique également les possessions du baron, ce n'est qu'une apparence (l.14-15), il ne possède pas grand-chose mais reste le seigneur → l'inégalité ne repose surrien de valable.Seul le père de Candide n'est pas critiqué, les autres le sont car ils sont nobles. 2.La philosophie de Pangloss = critique d'un type de philosophie. C'est une philosophie illogique."Pangloss" signifie "celui qui discute de tout", et il parle pour ne rien dire.

On parle de logorrhée (= flux de paroles inutiles et incohérentes) → il critique lesphilosophes incompétents qui ne savent pas ce qu'ils disent.Il est manipulateur car on le croit sous-prétexte qu'il est génial, sans réfléchir = critique de l'éducation car Candide croit aveuglément, sans se poser de questions.L'éducation qu'il reçoit est mauvaise, et elle ne fonctionne pas car il ne réfléchit même pas.Pangloss fait le contraire de ce qu'il est censé prôner : il doit normalement s'appuyer sur la logique, aller plus loin, ne pas s'arrêter aux apparences → sa philosophiese rapproche plus de la religion = critique de la religion : on croit des choses sans réfléchir, c'est une manipulation généralisée.Par cette critique de la philosophie de Pangloss, Voltaire critique celle de Leibniz.

Allez, un petit extrait de la philosophie de Leibniz : La raison suffisante, parfois nommée « la raison déterminante » ou le « grand principe du pourquoi », est le principe qui a guidé Leibniz dans ses recherches : rienn'est sans une raison qui explique pourquoi il est plutôt qu'il n'est pas, et pourquoi il est ainsi plutôt qu'autrement.

Leibniz ne nie pas que le mal existe.

Il affirmetoutefois que tous les maux ne peuvent pas être moindres : ils trouvent leur explication et leur justification dans l'ensemble, dans l'harmonie du tableau de l'univers.

«. »

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