Commentaire de Phèdre, Acte I, Scène 3 - Racine

Plusieurs vers soulignent cette opposition. Le vers 14, « Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée «, est coupé en deux pour mieux mettre en relief l’opposition. Le premier hémistiche est consacré à la passion, les flancs renvoyant à ceux des victimes de la passion, tandis que le second l’est à la raison, celle « égarée « de Phèdre. Le vers 23 suit la même construction, permettant ainsi d’exprimer la coexistence de ces deux idées qui, sous la plume de Racine, paraissent inconciliables. Ainsi, le simple fait que Phèdre éprouve de la passion la condamne à une fin tragique et à la dégradation de son âme, une fatalité particulièrement présente chez Racine, du fait de ses croyances jansénistes.  Tous les aspects de la fatalité transparaissent dans l’amour exprimé par Phèdre dans cette tirade, que ce soit l’innocence de Phèdre qui subit son amour sans pouvoir se rebeller, le poids de l’hérédité, ou le dilemme racinien fatal entre raison et passion.