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Commentaire «Je me ferai savant », du Bellay

Publié le 17/01/2022

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Du Bellay n'a pas connu le destin qu'il aurait pu espérer par son nom, de la famille d'un Cardinal. En réalité, il n'a eu qu'une vie médiocre, a eu du mal à réussir socialement. Mais c'est cette médiocrité qui va nourrir son oeuvre et le et qui va le rendre un des plus grand poètes du XVIème siècle. Du Bellay a fait ses études au collège Coqueret aux côtés de Ronsard, où il a écouté les leçons de l'humaniste Dorat, qui lui a rendu l'Antiquité familière. Il a appris l'italien et a eu autant de fascination pour Pétrarque que pour Virgile. Il a conçu le projet de renouveller et enrichir la langue français et a participé de ce fait à la rédaction de Défense et illustration de la langue française. C'est un homme dont l'oeuvre est rempli d'amertume et de désillusion, même si c'est une oeuvre de qualité. Désillusion militaire, quand, en 1553, il suit son cousin à Rome pour accomplir une missions diplomatique, mais il est déçu des vestiges de la Rome antique, déçu des réalités de la Cour papale. Ce voyage lui inspire deux recueils: Les Antiquités de Rome et les Regrets. En France, il vit un malaise par rapport à Ronsard, qui, quant à lui, a du succès à la Cour. 

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« Ce poème est aussi représentatif des idéaux des Humanistes. On note en effet la référence à un savoir idéal.

Les Humanistes pensent que l'Homme peut avoir une connaissanceparfaite du monde et de l'Homme, capable d'acquérir un immense espoir.

On remarque une idée d'accumulation, quirappelle la lettre à Pantagruel de Rabelais, avec un aspect énumératif fort, renforcé par 'et' et l'adverbe 'aussi', ainsique le rythme ternaire vers 1 et 2, qui donne l'impression de plénitude, d'harmonie, complétée par 'aussi', qui évoqueune instruction complète.

Les trois mots choisis dans l'énumération résument la somme des connaissances desHumanistes: philosophie, qui renvoie à l'Antiquité et aux Humanités, les mathématiques, qui renvoient à l'astronomie,aux connaissances pures, aux sciences exactes, et médecine, renvoyant à la connaissance de l'Homme.

Le parfaitHumaniste ne sait non pas seulement avec sa tête, mais apprend aussi des techniques, montre son habiletéphysique par le biais du 'bal' et de 'l'escrime'.

Le 'luth et le pinceau' est une métonymie désignant quant à ellel'apprentissage de la musique, des arts.

« L'escrime et le bal' renvoie quant à eux à un idéal pacifié, où le maniementdes armes est utilisé pour le sport et non dans le but de faire la guerre, il évoque aussi un plaisir mondain,esthétique et plaisant. Aussi, ce sonnet met en avant la démarche personnelle pour acquérir ce savoir.

Le souhait d'avoir une culture estdu à une démarche personnelle, on valorise alors une culture autodidacte et apprivoisement des œuvres.

Dansl'expression « je me ferai savant », le 'me' COI et COD montre bien que le poète n'avait pas de professeur, qu'il estallé lui-même aux sources pour apprendre.

Lui-même est donc capable de comprendre tout seul, on note alorsl'importance de la réflexion personnelle, comme le prône Montaigne.

Le poète s'est en quelques sortes lancé un défi,c'est ce que l'on voit dans l'expression 'et me vantaisen moi', qui renvoie à quelque chose qui n'est donc pas facile àfaire, et dont il peut se valoriser d'avoir accompli. On voit alors que du Bellay est conscient d'avoir exagéré ses compétences, le poème est le recit d'un échec, de sonorgueil.

Il est assez lucide sur lui-même, nous présente un personnage trop ambitieux, une chute rude, montréedans la seconde partie du sonnet.

Seconde partie propre à la forme du sonnet, qui forme une changement brutal deton. Cette rupture de ton est brutale.

Du Bellay se sert du schéma du sonnet et de la rupture quatrain-tercet et rêve-réalité.

Ainsi les deux premiers quatrains expriment le rêve, tandis que les deux tercets renvoient à la réalité.

Cetterupture est traditionnelle.

On remarque la présence de conjonction temporelle 'quand' plus le passé simple, quimarque un événement brutal et important d'où vient l'ennui.

Les deux points viennent montrer une rupture del'énumération ainsi que les sonorités douces et coulantes avec l'allitération en [m], lancinante et répétitive.Inattendus, ils viennent casser le rythme du sonnet, et malmènent l'alexandrin qui n'a plus de sens.

Les deuxhémistiches n'ont pas de rapport, 'de l'escrime et du bal' est un enjambement. Cette rupture marque aussi une véritable amertume, une déception teintée de regrets et d'écœurement, rendueavec l'exclamation, qui insiste sur le caractère irréalisable des discours.

Aussi, les intensifs 'si renforcés par lerythme ternaire 'ennuie, vieillesse et soin' montre l'agacement, la déception, qui viennent s'opposer au rythmeternaire du début.

De plus, l'oxymore « m'enrichir d'ennui », exprime l'enrichissement de choses supposéesprécieuses, et non de vide.

'perdre le meilleur' reprend ce jeu entre plein-vide, là, le poète perd ce qui était le mieuxpour lui.

S'ajoutent aussi la contradiction entre 'hareng' et 'trésor'. Nous avons vu dans ce commentaire que ce sonnet est pessimiste, teintée de déception personnelle face auxidéaux humanistes.

C'est aussi une oeuvre littéraire, non pas une simple plainte élégiaque personnelle, mais unsonnet très travaillé, bel exercice de style.

Du Bellay parle de lui mais évoque des thèmes généraux: celui duvoyage, de l'exil, de la recherche de la gloire.

Il semble créer un certain état d'âme « à la mode », et fait de sessouffrances un beau sujet de poème, et sublime ses souffrances.. »

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