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Commentaire - Jean de La Bruyère, Les Caractères (1688)

Publié le 05/10/2014

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Les Caractères de La Bruyère se proposent de définir l’Homme dans tous les aspects de sa vie. Dans le chapitre consacré aux «Jugements», l’auteur s’intéresse plus particulièrement à la façon dont il se définit. Cet extrait présente l’homme comme présomptueux et bien peu raisonnable. Comment le moraliste compose-t-il ici une image saisissante de la nature humaine ? Il convient d’étudier d’abord l’idée selon laquelle l’homme n’est pas un animal raisonnable, idée tournée en dérision par La Bruyère. Puis nous verrons comment l’attitude belliqueuse des hommes est dénoncée. Enfin, ce texte est un appel à une prise de conscience.   I. La réfutation de La Bruyère: l’homme n’est pas un animal raisonnable. Cette thèse, délivrée au début du paragraphe, est d’emblée contestée par La Bruyère avec l’emploi du verbe «corner», clairement péjoratif. L’expres- sion apparaît à plusieurs reprises, à chaque fois de manière ironique. 1. Un échange des rôles. L’homme est, à plusieurs reprises, assimilé à un animal, mais de manière i...

« 2.

L'homme est présenté comme un animal déna- turé.

La taupe et la tortue, comparées à l'homme, placé dans une position d'infériorité («au-dessous de...

») possèdent « l'instinct de leur nature », contrairement à l'homme, dévalorisé ici pour ses « légèretés », « folies », et « caprices » (dans un rythme ternaire qui mime son égarement).

Son imagination et son intelligence technicienne sont mises au profit de la destruction («car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres [...] ? ») et l'énumération des armes (« les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres») s'oppose aux « dents » et « ongles » des animaux. 3.

La Bruyère s'attache à montrer que la raison conseille de ne pas se battre contre son prochain. Il emploie l'exemple de deux chiens qu'il met en scène : ils « s'aboient, s'affrontent, se mordent et se déchirent».

Face à ce spectacle, le jugement des hommes est transcrit: «Voilà de sots animaux».

Cette phrase fait suite aux jugements précédents, donnés au style direct : un animal qui suit sa nature et qui en tue un autre pour se nourrir est un « bon » animal ; celui qui s'attaque à un autre de son espèce ne fait pas preuve de raison.

L'homme n'est donc pas un «animal raisonnable», et La Bruyère déve- loppe plus particulièrement l'exemple de la guerre.   II.

La dénonciation de l'attitude belliqueuse des hommes Dans un texte qui n'est pas dépourvu d'humour, le moraliste entreprend de dénoncer la guerre. 1.

Pour cela, il représente une bataille des chats, dans une parodie d'épopée, dont les acteurs «ont joué ensemble de la dent et de la griffe».

L'exagé- ration des chiffres (« neuf à dix mille chats »), le caractère effrayant de la bataille («ils se sont jetés avec fureur les uns sur les autres ») reprennent des caractéristiques de l'épopée, mais la présence de ces chats humanisés opère un détournement paro- dique.

Le moraliste montre ainsi le caractère absurde d'une telle entreprise.

Les hommes qui se battent entre eux ne sont pas « raisonnables ». 2.

Les images de violence s'attachent au thème de la guerre: le mot «boucherie» renvoie même. »

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