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Commentaire Kant: Critique de la raison pratique

Publié le 10/11/2012

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Emmanuel Kant: La critique de la raison pratique «Comme, de toutes les idées de la raison pure spéculative, le concept de la liberté est proprement le seul qui donne à la connaissance, même si ce n'est qu'à la connaissance pratique, une si grande extension dans le champ du suprasensible, je me demande d'où vient qu'il possède exclusivement une si grande fécondité, tandis que les autres désignent sans doute une place vide pour des êtres d'entendement purement possibles, mais n'en peuvent déterminer le concept par rien. Je vois aussitôt que, comme je ne puis rien penser sans catégorie, il faut que je cherche d'abord, même pour l'idée rationnelle de la liberté, dont je m'occupe, une catégorie, laquelle est ici la catégorie de la causalité et que, bien qu'on ne puisse soumettre aucune intuition correspondante au concept rationnel de la liberté, en tant qu'il est un concept transcendant, il faut pourtant qu'au concept (de la causalité), que nous donne l'entendement, et pour la synthèse duquel le premier exige l'inconditionné, soit donnée une intuition sensible, qui en assure d'abord la réalité objective. Or, toutes les catégories se partagent en deux classes : les catégories mathématiques, lesquelles se rapportent uniquement à l'unité de la synthèse dans la représentation des objets, et les catégories dynamiques, lesquelles se rapportent à l'unité de la synthèse dans la représentation de l'existence des objets. Les premières (celles de la quantité et de la qualité) contiennent Toujours une synthèse de l'homogène, où l'on ne peut nullement Trouver l'inconditionné pour ce qui est donné dans l'intuition sensible comme conditionné dans le temps et l'espace, puisqu'il faudrait que cet inconditionné à son tour appartînt au temps et à l'espace, de sorte qu'il serait toujours à nouveau conditionné ; et c'est pourquoi aussi, dans la dialectique de la raison pure théorique, les deux moyens opposés de trouver pour elles l'inconditionné et la totalité des conditions étaient également faux. Les catégories de la seconde classe (celles de la causalité et de la nécessité d'une chose) n'exigeaient aucunement cette homogénéité (du conditionné et de la condition dans la synthèse) car il ne s'agissait pas ici de représenter l'intuition se formant par une composition en elle du divers, mais uniquement la façon dont l'existence de l'objet conditionné qui lui correspond s'ajoute à l'existence de la condition (dans l'entendement, comme liée avec elle) ; et alors il était permis de placer dans le monde intelligible l'inconditionné, quoique d'ailleurs de façon indéterminée, pour ce qui est partout conditionné dans le monde sensible (relativement à la causalité aussi bien qu'à l'existence contingente des choses mêmes) et de rendre la synthèse transcendante. C'est pourquoi aussi, dans la dialectique de la raison pure spéculative, il s'est trouvé que les deux manières, opposées en apparence, de trouver l'inconditionné pour le conditionné n'étaient pas en réalité contradictoires ; que, par exemple dans la synthèse de la causalité, il n'y a pas contradiction à penser, pour le conditionné dans la série des causes et des effets du monde sensible, la causalité qui n'est plus conditionné de façon sensible, et que la même action, qui, en tant qu'elle appartient au monde sensible, est toujours conditionnée de façon sensible, mécaniquement nécessaire, peut en même temps toutefois, comme relevant de la causalité de l'être agissant en tant qu'il appartient au monde intelligible, avoir pour fondement une causalité inconditionnée sensiblement, et, par conséquent, être pensée comme libre. Dès lors, il ne s'agissait plus que de convertir cette possibilité en réalité, de prouver dans un cas réel, en quelque sorte par un fait, que certaines actions supposent une telle causalité (la causalité intellectuelle, inconditionnée de façon sensible), qu'elles soient réelles ou même seulement commandées, objectivement nécessaires au point de vue pratique.« ...
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« donner aucun accès à une expérience possible, et, par suite, à aucune extension de nos connaissances (lignes 1 à 4) A- Dès le début du texte, Kant se place sur le terrain de la métaphysique. 1) Il présuppose en effet que la liberté est quelque chose de métaphysique : En effet, il dit bien que le concept de liberté est une des Idées de la raison pure spéculative, Idées qui sont l’apanage de la raison spéculative –raison faisant un usage métaphysique des concepts de l’entendement. Si ce n’est que dans la suite du texte que le contenu, ou le sens, de cette idée sera déterminé, nous devons dès maintenant y référer pour bien saisir toute l’importance de la question que se pose ici Kant (« d’où vient que (ce concept) possède exclusivement une si grande fécondité ? »).

L'idée spéculative ou rationnelle de la liberté stipule que la liberté est une certaine sorte de causalité, mais qu’elle est « inconditionnée », et, comme il le dit dans la fin du texte, intellectuelle -ceci, certes, après sa démonstration, mais, toutefois, nous pouvons dire que Kant suppose tout de suite que cette idée de liberté, si elle correspond à quelque chose, nous place dans le terrain ou dans le champ du suprasensible, ie, au-delà de l’expérience possible, comme il l’a assez montré tout au long de sa Critique de la raison pure, où il critiquait les prétentions de toute métaphysique dogmatique à dire quoi que ce soit de sensé ou de réel. 2) La liberté est métaphysique : sa signification du côté spéculatif -la liberté ne peut étendre nos connaissances théoriques, puisqu’elle appartient, ou est quelque chose, de suprasensible. Le problème posé par cette idée de liberté, est à la fois celui de savoir si cette idée est possible, et si elle est réelle, apparaît donc bien du fait de cette appartenance : en effet, le statut des idées métaphysiques, ou “rationnelles”, semble bien nous indiquer que nous sommes ici sur un terrain où, normalement, nous ne pouvons rendre ces idées effectives, ou avoir affaire, à travers elles, à quelque chose de réel. B- Mais il y a un moyen (pratique) de lui donner une signification légitime : elle a un statut particulier -étant liberté, elle a à voir avec le domaine pratique, en plus du domaine suprasensible Si donc on ne peut, selon Kant, avoir accès à des connaissances par l’intermédiaire de l’entendement seul, il reste que ces idées, si elles n’ont reçu aucune signification théorique, aucun usage légitime, elles pourront avoir un usage “pratique”. Pratique, pour Kant, réfère, comme chez Aristote par exemple, au domaine de l’action, mais, plus spécifiquement, à l’action qui n’est déterminée par aucune inclination sensible, mais qui n’est due qu’à la causalité de la raison, qui a le pouvoir de se déterminer indépendamment des conditions sensibles.

On voit donc que pratique englobe dans sa signification à la fois la volonté, la raison, et la liberté. Mais avant de pouvoir déterminer la signification pratique de la liberté, et étendre par là nos connaissances, il nous faut nous assurer, ce que Kant veut ici faire, de la possibilité de la liberté, au niveau de la constitution de l’expérience par notre entendement et ses catégories. Nous pouvons noter ici que le fait de dire que la liberté nous apporte, même si ce n’est qu’au niveau pratique, une connaissance, nous indique quel est l’enjeu du texte et de la question posée au début : en effet, cet enjeu n’est-il pas de sauver la morale ? Pour que nos actes nous soient imputables, pour que nous soyons dits « libres », ne faut-il pas que nos actes ne soient pas le simple résultat des causes antécédentes ? Tel est la signification spéculative de la liberté… Ne faut-il pas que nous fassions exception au déterminisme causal/ naturel, pour que la liberté possible ?. »

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