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Commentaire Les Chants de Maldoror

Publié le 31/08/2018

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TEXTE 3 Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant IV, strophe 4, (1869) L'auteur, dans ce long poème, donne la parole à un héros nommé Maldoror qui prend tout au long de l'?uvre différents visages. Dans le texte qui suit, le héros se présente. Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l'eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n'ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu'à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d'ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n'est plus de la chair. Cependant mon c?ur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n'ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l'un d'eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu'il ne s'en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d'entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite, il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais, quand un parti déjoue complètement les ruses de l'autre, ils ne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la graisse délicate qui couvre mes côtes : j'y suis habitué. Une vipère méchante a dévoré ma verge et a pris sa place : elle m'a rendu eunuque, cette infâme. Oh ! si j'avais pu me défendre avec mes bras paralysés ; mais, je crois plutôt qu'ils se sont changés en bûches. Quoi qu'il en soit, il importe de constater que le sang ne vient plus y promener sa rougeur. Deux petits hérissons, qui ne croissent plus, ont jeté à un chien, qui n'a pas refusé, l'intérieur de mes testicules : l'épiderme, soigneusement lavé, ils ont logé dedans. L'anus a été intercepté par un crabe ; encouragé par mon inertie, il garde l'entrée avec ses pinces, et me fait beaucoup de mal ! Deux méduses ont franchi les mers, immédiatement alléchées par un espoir qui ne fut pas trompé. Elles ont regardé avec attention les deux parties charnues qui forment le derrière humain, et, se cramponnant à leur galbe convexe, elles les ont tellement écrasées par une pression constante, que les d...

« Piste d'études pour le TEXTE 3 Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant IV, strophe 4, (1869) Un locuteur malade et répugnant: a) la maladie  la lèpre : maladie contagieuse, annonce l'isolement du locuteur (les lépreux étaient chassés des villes et villages)  Les croûtes : preuve d'un mal, d'une infection  les escarres : affection provenant de l'immobilité du patient  ont écaillé ma peau : (métaphore) annonce de la transformation physique  couverte de pus jaunâtre : idée d'une maladie qui s'étend à tout le corps, infection.

Aspect négatif et dévalorisant du suffixe « âtre ».  j’avais fait vœu de vivre avec la maladie : Volonté propre du locuteur.

Choix de vie quasi religieux. b) un être répugnant  La saleté : l.1: Je suis sale.

Présentation qui débute par l'aspect physique.

Le locuteur se dévoile dans toute sa misère.

Saleté renforcée par les négations des lignes 2-3: Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages.

On notera la poésie et la douceur de ces deux expressions qui contraste avec la violence des mots de ce début.

Ces deux expressions ne sont-elles pas le symbole d'une certaine poésie que rejette l'auteur? Les poux me rongent (métaphore): idée de grande infestation et de destruction; poux, symbole de la saleté.

Voir la strophe sur les poux dans Les Chants .

 La laideur : Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent.

(personnification) Pourceaux: laideur et saleté.

Aspect grandement affreux du locuteur. c) un être immobile : escarres : immobilité pris racine : idée d'implantation solide, permanente et définitive mes bras paralysés : handicap, incapacité à se défendre j’avais fait vœu de vivre avec [...] l’immobilité : choix de vie comparable à celui de certains ermites ou ascètes. Un être hybride: a) un reste d'humain : voir toutes les compléments circonstanciels qui permettent et un repérage et une classification plus aisés. Sur ma nuque, Sous mon aisselle gauche, Sous mon aisselle droite, dans mes reins, allusions à des parties du corps: (champ lexical du corps) Mes pieds , mon ventre, mon cœur, mes côtes, ma verge, mes bras, mes testicules, L’anus, les deux parties charnues qui forment le derrière humain (périphrase pour les fesses), ma colonne vertébrale. Il semblerait qu'il y ait donc une présence humaine mais cela semble démenti par le locuteur:  le sang ne vient plus y promener sa rougeur .

(métaphore): perte de la vie, du fluide de vie.  si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment.

(métaphore) idée de décomposition, d'odeur répugnante et de mort mais qui paradoxalement font vivre le cœur.

C'est la mort qui nourrit le cœur du locuteur: n'est-ce pas là l'image de cette poésie qui ne prend vie que grâce à ces thèmes?. »

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