Devoir de Philosophie

Commentaire les diaboliques Barbey d’aurevilly

Publié le 09/03/2023

Extrait du document

« Les Diaboliques, analyse linéaire Le passage est extrait de la nouvelle La vengeance d’une femme tirée du recueil de nouvelles intitulé Les Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly, publié en 1874.

Dans cette œuvre, Barbey expose le caractère diabolique de personnages féminins extravagants et de leurs passions cruelles.

La vengeance d’une femme est la dernière nouvelle du recueil et relate l’aventure d’un jeune aristocrate et dandy parisien, Robert de Tressignies, qui décide un soir de suivre une prostituée à la beauté fascinante dans une rue obscure de la capitale. Celle-ci lui révélera être la duchesse de Sierra Leone, l’épouse d’un des plus grands seigneurs d’Espagne et qu’elle souhaite se venger de ce dernier de cette façon, en souillant son honneur, car il a fait tuer sauvagement l’homme qu’elle aimait.

L’incipit de ce récit débute par la déambulation dans les rues mal famées de Paris de Robert de Tressignies, en quête du plaisir d’un soir.

Ce passage nous présente le point de vue du jeune homme qui fait le portrait de la prostituée qui l’attire.

Le passage se situe ici entre le romantisme et le réalisme.

Comment percevons-nous la femme, d’une beauté bizarre, à travers les yeux du jeune dandy ? Il se compose de deux mouvements : le premier, de la ligne 1 à 10, dévoile l’ensorcellement du jeune dandy pour la femme, sa fascination.

Le deuxième mouvement, de la ligne 11 à 21, change de décor : on suit le dandy dans une sorte de catabase guidée par la femme pécheresse. Dès la première phrase du passage, nous comprenons que nous avons un narrateur anonyme hétérogène qui nous rapporte les pensées de Tressignies par une focalisation interne comme on peut le voir avec l’énoncé : “se disait confusément” (l.1).

Nous pouvons le voir aussi avec la situation : “en mettant [...] dans le pas” qui entend que Tressignies le fait délibérément.

Cela suppose aussi la curiosité, l’ensorcellement de Tressignies pour “cette” femme.

“Cette” est déterminant démonstratif qui est utilisé ici de façon péjorative et qui montre le regard hautain de l’aristocrate sur cette femme de basse extraction bien qu’il en reste fasiné.

Nous avons l’impression de suivre les deux personnages avec l’image de la marche mimé par le rythme de la phrase accentué par l’assonance en [a] : “en mettant son pas dans le pas de cette femme” (l.1) qui marque le pas avec également l’anaphore du mot “pas” (l.1) et le verbe “marchait” (l.2).

L’adverbe “sinueusement” (l.

2), mis en apposition pour l’accentuer est utilisé pour caractérisé la marche de la femme, lui donnant ainsi l’image du serpent, associée au péché.

On remarque une coupure dans la phrase par la proposition indépendante, “et le coupait comme une faux [...]” (l.2) non seulement par sa nature donc, mais aussi par le verbe utilisé : “coupait”.

La forme vient épouser le fond comme souvent chez Barbey.

L’image de la mort est également suscité par la “faux”, qui rappelle aussi l’image de la Parque coupant le fil de la vie dans la mythologie grecque.

La femme est ensuite comparée à “la reine de Saba”, premier personnage féminin à visage double visage (selon la légende, elle était fille d’une djinn et d’un roi).

On retrouve ainsi l’ambiguité de la femme qu’on perçoit dans tout l’extrait, une ambivalence donc entre le beau et le bizarre dans la séduction subi par Tressignies.

Même les attributs de la femme peuvent porter à confusion, comme le montre la description de sa robe.

On retrouve dans celle-ci le symbole de la richesse par les tissus raffinés “satin safran aux tons d’or” et par sa volupté amenée par l’allitération en [s] : “sa robe de satin safran aux tons d’or” (l.3).

Cette richesse peut être assimilée à la royauté que nous retrouvons dans l’image de la reine de Saba.

En revanche, cette robe par sa description peut aussi penser au soufre, sulfureux par la couleur jaune, qui est aussi la couleur de la tromperie, et par le son produit par safran dans la phrase qui échoe celui du soufre.

L’auteur ajoute aussi que le jaune était une “couleur aimée des jeunes Romaines”, ce qui peut à la fois renvoyer à la glorieuse époque romaine, mais également au libertinage.

On observe un retour au premiers propos : la marche de la femme, avec le gérondif “marchant” qui rappelle la poursuite du jeune dandy de la prostituée.

Dans le mouvement de la femme et de sa robe, on remarque l’ambivalence douceur/dureté avec les oppositions “miroiter et crier” (l.

4) et “glacés et luisants” (l.4) séparés par la conjonction de coordination “et” qui renforce l’ambivalence de la femme, belle et sulfureuse, marquée par une ambivalence entre la beauté et la dangerosité.

Enfin, la connotation assez virile voire violente au combat "Appel aux armes ! ” contraste avec la beauté de la femme et sa douceur.

On retrouve aussi cette mention au combat plus tard dans le texte.

Ainsi, dès la première phrase, l’auteur nous présente l’ambivalence entre beau et bizarre dans la séduction de la femme, en utilisant des attributs mélioratifs comme sa beauté et sa richesse associée à la royauté tout en les contrastants à des attributs renvoyant au bizarre et à la mort. La deuxième phrase de l’extrait commence par l’apposition “exagérément cambrée” (l.5), qui montre bien la sensualité de la femme qu’on retrouvait déjà avec sa démarche sensuelle “sinueuse” que le mouvement exubérant de sa robe accentuait.

La proposition subordonée circonstancielle de comparaison “comme il est rare de l’être en France” (l.5) montre la sensualité de la femme orientale, un exotisme qu’on avait déjà vu avec la reine de Saba et la robe de “satin safran”.

L’aspect orientale est à son acmé avec le “châle turc” et “plume rouge” (l.6).

On perçoit la magnificence des vêtements : “magnifique” et leur richesse, encore assimilée à la royauté avec les adjectifs “écarlate et or” (l.6).

On repère néanmoins une certaine ironie de la part du personnage, mais probablement aussi de l’auteur, qui fait une apparence grâce aux tirets “-splendide de mauvais goût-” (l.7) qui montre le point de vue d’un dandy qui fait la mode et qui se moque des femmes et de leur attrait pour la mode. La beauté de la femme est rappelée avec le verbe “vibrait” qui produit un certain effet de douceur dans le personnage et sa démarche.

Cette deuxième phrase met en avant la beauté de la femme toujours en la caractérisant par sa démarche et ses vêtements sans s’attarder sur celle de sa personne même, ce qui peut paraître paradoxale.

On a une réelle impression de la beauté de la femme bien que celle-ci ne repose que sur la description de ses attributs extérieures à elle-même, comme si elle n’était caractérisée que par son extérieur. Dans la phrase suivante, on retrouve une opposition de la plume de la femme à celle des autres avec les “plumes en saule pleureur”.

La litote rieuse qui décrit la plume par le fait qu’elle “exprimait bien autre chose que la mélancolie” (l.10) s’oppose au début de la même phrase : “mais rien ne pleurait en cette femme” beaucoup plus dur.

On retrouve ainsi l’ambivalence frivolité-dureté de la femme. Cette première partie dévoile donc le personnage ambivalent, étrange et ensorcelant de cette femme inconnue que Tressignies suit.

Le fait que cette description soit produite à travers une focalisation interne montre bien la fascination du jeune dandy pour la prostituée. Après cette première description de la femme par sa démarche suivie de celle de Tressignies, la poursuite va continuer dans une sorte de catabase dans les bas-fonds de Paris. Nous avons toujours une focalisation interne, comme on peut le voir avec les énoncés : “qui croyait” (l.10) et “vit avec surprise” (l.11).

L’expression “tout ce luxe piaffant de courtisane” (l.11) met en avant la vulgarité, l’exubérance de la jeune femme qui cumule laideur et beauté.

Le verbe “piaffer” est péjoratif et renvoie à l’impatience.

On retrouve également la notion de l’or qui guide le jeune homme dans sa poursuite : l’or peut.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles