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Commentaire PHÈDRE de racine

Publié le 06/10/2018

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racine

Cette atmosphère pathétique est d'autant plus renforcée par Racine du fait que les passions de Phèdre ont sur l'héroïne elle-même un impact physique direct. La passion, dans le théâtre de Racine, est vécue comme une maladie conformément à l'étymologie latine du mot (passion en latin se dit passio qui veut dire souffrance en et patior, subir) et on en lit les symptômes sur le corps de l'héroïne. Le trouble amoureux se fait ressentir comme une véritable secousse physique par le biais des vers « je tremble, je frissonne » (vers 22), « tout mon sang dans mes veines se glace » (vers 25), « je le vis, je rougis, je pâlis » (vers 33) ainsi que de la métonymie « Mes yeux ne voyaient plus » (vers 35) qui souligne que le corps de Phèdre tout entier est sous l'emprise de ses passions, emprise que l'on peut apparenter à une transe. L'origine de ces répercutions

 

physique est due au fait que l'amour de Phèdre est un amour coupable, où elle rejette toutes responsabilité et accuse même des coupables à travers les vers « à peine au fils d'Égée [...] je m'étais engagée » (vers 29-30), « Athènes me montra mon superbe ennemi » (métaphore traditionnelle de feu de l'amour), « je reconnus Vénus et ses feux redoutables [...] D'un sang qu'elle poursuit, tourments inévitables » (vers 37-38) pour expliquer ses passions, et en particulier la responsabilité des forces divines. Racine met en scène un tournant important dans cette scène d'exposition : Phèdre s'avoue impuissante face à cet amour qui la hante. Par ailleurs c'est le regard qui joue un rôle central dans la naissance de l'amour, c'est le vecteur ultime de sa passion pour Hippolyte : « je le vis, je rougis, je pâlis » (vers 33). Et de fait, Phèdre voit son amour pour le jeune homme comme une malédiction de Vénus, et est depuis toujours la victime des dieux, mais pas tout à fait comme l'explique Racine dans sa Préface à la pièce « Phèdre n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente ».

 

Elle est engagée par sa destinée, et par la colère des dieux, dans une passion illégitime dont elle a horreur. Elle fait tous ses efforts pour se libérer de cette passion rongeante mais ses efforts seront vains, comme pour tous héros tragiques du théâtre classique du XVIIème siècle.

 

Phèdre de racine est une tragédie du XVIIème siècle qui respecte les règles de la tragédie classique, et tout particulièrement le fait que l'héroïne est sous une emprise psychologique, mais aussi physique, de ses passions. Elle est par ailleurs l'objet de la volonté des forces extérieur qui gouvernent sous destin, en particulier de la déesse Vénus qui lui fait subir une malédiction auquelle elle ne peut échapper. C'est pourquoi Racine développe au sein de sa tragédie la purgation des passions : le spectateur ressent de la terreur, de la compassion et de la pitié vis-à-vis de Phèdre. Cette purgation des passions est l'unique but de la tragédie classique, et pour cela, l'auteur se doit de respecter nombre de règles. Cette scène clos l'exposition de l'acte I par le

racine

« informations nécessaires à l'intelligence de l'action et un certain naturel, conformément à la règle de vraisemblance du théâtre classique, visant à élaborer au sein de la pièce une seule et unique intrigue plausible et réalisable pour que le spectateur puisse s’identifier aux personnages.

Cette scène marque la fin de l'exposition, où Phèdre apparaît, languissante et désirant mourir.

Elle est accompagnée de sa confidente Œnone, à qui elle finit par révéler son amour coupable et vainement combattu pour Hippolyte, son beau-fils. Œnone est un personnage secondaire qui jour un rôle fondamental dans la pièce.

Elle apparaît comme la face d'ombre de Phèdre mais ne se cantonne pas à ce rôle.

Les liens qui unissent Œnone et sa maîtresse sont très forts.

Nourrice aimée, Œnone est la confidente par excellence, ce qui permet à l’auteur de dévoiler la véritable personnalité de Phèdre, à travers de nombreuses confidences et d’importants aveux ; d’où l’importance de cette scène 3 qui peut être considérée comme une scène ‘évolutive’.

On retrouve cette intimité entre les deux personnages dès les premières lignes de l’extrait, « Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés Par vos faibles genoux que je tiens embrassés, Délivrez mon esprit de ce funeste doute » (vers 3- 5).

Ces propos tenus par Œnone montrent à quel point les deux personnages sont proches l’une de l’autre, et que cette relation peut s’apparenter à une communion de leurs passions, où Œnone soulage véritablement sa maîtresse, prenant une partie du terrible fardeau de l’aveu sur sa conscience, ce qui permet à l’héroïne de dévoiler en intégralité son amour pour son beau-fils. Œnone compatie à cette révélation, que Phèdre elle-même ne peut supporter.

Cette douleur partagée se fait ressentir chez sa confidente à travers les vers « Tout mon sang dans mes veines me glaçe […] O désespoir ! ô crime ! ô déplorable race» (vers 25-26) où l’hyperbole, les apostrophes et les exclamations accentuent la grande souffrance et douleur ressentie par Œnone.

Elle incarne la voix de la raison au vers « Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser.

» (vers 8) quand Phèdre s'abandonne à sa folie, et de la vie quand Phèdre parle de se donner la mort.

L’enchaînement des répliques s’opère à chaque fois sur un mot d’ Œnone que Phèdre répète et qualifie péjorativement (« votre sang », « ce sang déplorable » ; « aimez-vous », « De l’amour j’ai toutes les fureurs »).

Au comble de l’impatience, Œnone interrompt même Phèdre et c’est à elle qu’il incombe de prononcer le nom du beau-fils de Phèdre, Hippolyte.

En forçant l’aveu de sa maîtresse, Œnone est l’agent de la fatalité : le processus tragique est lancé, comme l’indique l’expression de sa terreur et de sa pitié : « Hippolyte ! Grands dieux ! » (vers 23).

Son principal rôle au sein de cette scène est aussi d'engager Phèdre à agir et surtout de ne pas s'abandonner à elle-même. Œnone est ainsi un moteur fondamental de la tension tragique, jusqu'à sa propre mort et celle de sa maîtresse. Œnone est une passionnée, passion qui fait non seulement le tragique de cette scène mais aussi son pathétique, qui se remarque par son dévouement aveugle sans faille qui n’empêchera pas sa maîtresse ainsi qu’elle-même de courir à leurs propres pertes, symbole d’une passion impossible.

C’est elle qui va faire ‘accoucher’ Phèdre, et donc de permettre à 2. »

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