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Commentez, en vous appuyant sur le texte des « Pensées », cette réflexion de Chateaubriand : « Les sentiments de Pascal sont remarquables surtout par la profondeur de leur tristesse et par je ne sais quelle immensité. »

Publié le 29/03/2014

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chateaubriand

Ce sombre tableau semble pour‑

 

tant présenter une lueur d'espoir, que nous ne trouverions guère chez Montaigne ou chez La Rochefoucauld. L'homme est « un roseau pensant «, et toute sa « dignité consiste en la pensée «. Vain espoir encore : la seule pensée juste qu'il puisse entretenir est celle de son néant. Et lorsque, dans la solitude, il y songera, lorsqu'il se représentera son impuissance à raisonner, l'essentielle contradiction de sa nature, «incontinent, il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir «. Voilà évoqués par avance le spleen douloureux de Baudelaire, la nausée de Sartre, fruits d'une amère prise de conscience. Mais pour Pascal, toute la grandeur de l'homme est dans cette prise de conscience et dans l'occasion qu'elle lui donne de chercher, auprès de Dieu, un suprême recours.

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« PASCAL 41 les lecteurs apprécient davantage le pessimisme des Pensées, et beaucoup pourraient prendre à leur compte cette remarque de Chateaubriand dans le Génie du Christianisme : « Les sentiments de Pascal sont remarquables surtout par la profondeur de leur tristesse et par je ne sais quelle immensité ».

Quelque limité que soit ce point de vue, il se justifie par les couleurs sombres dont Pascal peint la société, l'homme lui-même et son destin.

1.

LA SOCIÉTÉ HUMAINE Sujet d'un roi glorieux, vivant dans une société brillante, le lecteur des Pensées pouvait se croire, au xv11e siècle, quelques raisons d'être satisfait, mais de nombreuses réflexions de Pascal vont lui ôter ses illusions.

La respectabilité Dans cette société fortement hiérarchisée, certaines fonctions sont entourées de respect.

Mais, précurseur en cela de La Bruyère, Pascal dénonce avec férocité la comédie mensongère sur laquelle repose cet édifice.

li conduit sous nos yeux au sermon un grave magistrat, dont l'attitude prête plus à rire que le malheureux prédicateur, cause innocente de son hilarité.

Il évoque les « déguisements » des juges, « leurs robes rouges, leurs hermines, dont ils s'emmail­ lotent en chats fourrés », pour s'établir « par grimace ».

La référence à Rabelais n'est pas vaine ici ; sous cette pâture donnée à ! 'imagination, Pascal souligne l'hypocrisie fondamentale : « S'ils avaient la véritable justice et si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n'auraient que faire de bonnets carrés».

Qu'attendre de toute cette fausse science? Un monde absurde « L'appareil auguste » des juges masque l'inaptitude de l'homme à créer une société juste.

Les Pensées sur ce plan reprennent nombre des observations des Essais.

Si l'on examine les divers États, qu'ils se succèdent dans le temps ou voisinent dans l'espace, on est frappé par le caractère contradictoire de leurs lois.

Elles ont pour garants les « fantaisies et les caprices » de quelques-uns, et sont accréditées par la toute-puissante coutume.

Que maintiennent-elles ? Des usages absurdes, comme celui «de choisir, pour gouverner un État, le premier fils d'une reine»; des principes fondamentaux auxquels Pascal s'attaque hardi­ ment, tel celui de la propriété, « usurpation de toute la terre».. »

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