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Convaincre, persuader et délibérer

Publié le 18/01/2020

Extrait du document

Objet d’étude : Convaincre, persuader, délibérer.

 CORPUS

TEXTE A. Alphonse Daudet, « La légende de l’homme à la cervelle d’or », Lettres de mon moulin, 1869.

ÉCRITURE

L Vous répondrez d’abord à la question suivante.

Question (4 points)

Après avoir lu attentivement le texte, vous en dégagerez brièvement la morale, puis vous direz à quel(s) genre(s) on peut le rattacher. Vous justifierez votre réponse.

IL Vous traiterez ensuite l’un des sujets suivants.

1. Commentaire (16 points)

Vous commenterez le passage suivant : «À quelque temps de là [...] souffrir» (1. 58 à 1. 100).

2. Dissertation (16 points)

« Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d’un bout à l'autre... », écrit Alphonse Daudet dans « La légende de l’homme à la cervelle d’or ».

Vous vous demanderez pourquoi certains écrivains ont recours à la fiction pour transmettre des vérités ou des leçons.

Vous répondrez en vous appuyant sur le texte d’Alphonse Daudet et sur d’autres œuvres que vous connaissez.

3. Invention (16 points)

A la réception de ce texte, « la dame qui demande des histoires gaies » décide de répondre à Alphonse Daudet. Dans sa lettre, elle évoque les émotions et développe les réflexions que cette histoire lui a inspirées.

Les attentes implicites* et explicites du sujet

La dissertation est un exercice qui possède ses règles propres. Le libellé du sujet en explicite certaines; les autres vont de soi. Ainsi le dernier alinéa rappelle que la réflexion se nourrit d'exemples précis. La nécessité d'une argumentation structurée n'est pas explicitement formulée ici ; elle est implicite.

■ L'élaboration du plan

Un plan thématique

L'adverbe interrogatif « pourquoi » oriente la réflexion. Vous développerez donc successivement les différentes raisons qui peuvent conduire un écrivain à recourir à la fiction pour faire passer ses « vérités » ou ses « leçons ». Il est tout de même possible, en fin de devoir, d'émettre des réserves quant à l'efficacité de la fiction dans la transmission des idées.

Le brouillon

Au brouillon, vous chercherez ces différentes raisons en recensant les exemples que vous pouvez développer à l'appui. Il est aussi possible, lors de cette recherche préalable, de partir des exemples dont on dispose pour dégager les arguments. Vous veillerez en tout cas à ne pas confondre argument et exemple.

La seconde étape consiste dans l'organisation du plan. Les arguments doivent être regroupés autour d'axes majeurs (deux ou trois) et ces axes seront développés par ordre d'importance croissante.

Le plan

I La fiction permet d'atteindre le destinataire malgré la censure

II La fiction est un outil de séduction

III La fiction représente la vérité ou la leçon

Introduction

Lorsqu’il compose ses Lettres de mon moulin en 1869, Alphonse Daudet s’est retiré « à mille lieues des brouillards parisiens », « dans le pays des tambourins et du vin muscat ». Cependant, il n’échappe pas à Paris et aux « éclaboussures de ses tristesses », ce qui le conduit à composer pour « la dame qui demande des histoires gaies » une « légende mélancolique », celle de l’homme à la cervelle d’or, dont il tire une leçon bien pessimiste quant à la condition de l’artiste et de l’homme en général. La légende, le récit fictif, devient un instrument au service d’une visée argumentative. Tel est le sens de la phrase qui introduit le dernier paragraphe de cette lettre : « Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d’un bout à l’autre... » Vraie l’attitude intéressée des parents ; vraie l’infidélité de l’ami ; vraie la légèreté égoïste de la « petite femme blonde » ; vrais l’épuisement et la folie de l’homme de génie... Pourquoi Alphonse Daudet recourt-il à la fiction pour transmettre sa vision pessimiste du monde ? De manière générale, pourquoi les écrivains - romanciers, conteurs, fabulistes, dramaturges - utilisent-ils la fiction pour transmettre leurs vérités ou leurs leçons ? Le contexte politique est sans doute déterminant dans certains cas et nous verrons d’abord que la fiction permet d’atteindre le

« t ! Convaincre, persuader et délibérer CORPUS ET SUJETS 10 TEXTE A Alphonse Daudet, «La légende de l'homme à la cervelle d'or», Lettres de mon moulin, 1869.

À la dame qui demande des histoires gaies.

En lisant votre lettre, madame, j'ai eu comme un remords.

Je m'en suis voulu de la couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes, etje m'étais promis de vous offrir aujourd'hui quelque chose de joyeux, de follement joyeux.

Pourquoi serais-je triste, après tout? Je vis à mille lieues des brouillards pari- s siens, sur une colline lumineuse, dans le pays des tambourins et du vin muscat.

Autour de chez moi tout n'est que soleil et musique; j'ai des orchestres de culs­ blancs 1, des orphéons 2 de mésanges ; le matin, les courlis 3 qui font « Coure li ! coureli ! », à midi, les cigales, puis les pâtres qui jouent du fifre 4, et les belles filles brunes qu'on entend rire dans les vignes ...

En vérité, l'endroit est mal choisi 10 pour broyer du noir; je devrais plutôt expédier aux dames des poèmes couleur de rose et des pleins paniers de contes galants.

Eh bien, non ! je suis encore trop près de Paris.

Tous les jours, jusque dans mes pins, il m'envoie les éclaboussures de ses tristesses ...

À l'heure même où j'écris ces lignes, je viens d'apprendre la mort misérable du pauvre Charles Barbara 5 ; 1s et mon moulin en est tout en deuil.

Adieu les courlis et les cigales! Je n'ai plus le cœur à rien de gai ...

Voilà pourquoi, madame, au lieu du joli conte badin 6 que je m'étais promis de vous faire, vous n'aurez encore aujourd'hui qu'une légende mélancolique.

Il était une fois un homme qui avait une cervelle d'or; oui, madame, une 2u cervelle toute en or.

Lorsqu'il vint au monde, les médecins pensaient que cet enfant ne vivrait pas, tant sa tête était lourde et son crâne démesuré.

Il vécut cepen­ dant et grandit au soleil comme un beau plant d'olivier; seulement sa grosse tête l'entraînait toujours, et c'était pitié de le voir se cogner à tous les meubles en marchant ...

Il tombait souvent.

Un jour, il roula du haut d'un perron et vint donner 2s du front contre un degré 7 de marbre, où son crâne sonna comme un lingot.

On le crut mort, mais en le relevant, on ne lui trouva qu'une légère blessure, avec deux ou trois gouttelettes d'or caillées dans ses cheveux blonds.

C'est ainsi que les parents apprirent que l'enfant avait une cervelle en or.

La chose fut tenue secrète; le pauvre petit lui-même ne se douta de rien.

De 30 temps en temps, il demandait pourquoi on ne le laissait plus courir devant la porte avec les garçonnets de la rue.

- On vous volerait, mon beau trésor! lui répondait sa mère ...

Alors le petit avait grand'peur d'être volé; il retournait jouer tout seul, sans rien dire, et se trimballait 8 lourdement d'une salle à l'autre ...

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