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« Curiosité n'est que vanité », a dit Pascal. Partagez-vous cette opinion ?

Publié le 13/02/2012

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pascal

Pascal a bien écrit : « Curiosité n'est que vanité. « Mais il ajoute : « Le plus souvent on ne veut savoir que pour en parler. Autrement on ne voyagerait pas sur la mer, pour ne jamais en rien dire, et pour le seul plaisir de voir, sans espérance d'en jamais communiquer.«

Cette pensée affecte des sens différents, selon qu'on la considère ainsi tronquée ou dans sa teneur textuelle, selon qu'on l'envisage par rapport à Pascal ou qu'on la distrait de l'auteur et de l'oeuvre. Nous nous attacherons donc : 1) à la rétablir dans son intégralité; 2) à l'expliquer en fonction de Pascal; 3) à l'apprécier telle quelle, en tant que jugement universel, sans plus nous souvenir de son auteur....

pascal

« tension d'esprit excessive, les medecins lui ont recommande 1e « divertis- sement ».

Its s'appellent Miton, Mere, de Roannez, jeunes gens charmants, &Rees de la societe mondaine, a l'afffit de toutes les nouveautes, se tenant au courant de tout, uniquement pour pouvoir en parler : la derniere tragedie de Corneille, la derniere comedie de Moliere, le dernier roman de La Calprenede ou de Madeleine de Scudery, sans compter ces nouvelles, ces 4 historiettes » qu'ils colportent de salon en salon...

Its ne veulent voir, entendre, apprendre, se deplacer, ces jeunes curieux, que pour paraitre, se faire valoir et, par-dessus tout, pour ne se trouver en &tat d'inferiorite vis -a -vis de qui que ce soit.

La Rochefoucauld, lui aussi, les a observes; son regard impitoyable a devine leur jeu; 'sa plume atrabilaire a denonce cette curiosite « d'orgueil, qui nous donne envie d'être au-dessus de ceux qui ignorent les choses et de n'etre pas au-dessous de ceux qui les savent ».

Pascal voudrait prouver a ses amts le vide de leur existence, l'inconsis- tance de leurs propos et de leurs demarches, it voudrait les clever jus- qu'aux regions oil it plane desormais.

Apres avoir fait le tour de tout ce qu'ils aiment, de tout ce qui absorbe leur activite, it en est arrive a la constatation de l'Ecclesiaste : a Vanite des vanites et tout n'est que vanite », sauf Dieu et son service.

Et dussions-nous sembler en contradiction avec nos affirmations anterieures, it nous faut reconnaitre maintenant que cette « pensee » se rattache a d'autres, conformes a cette parole des Livres saints, expression d'un desenchantement total en ce qui concerne les joies d'ici- has, voire celles de l'esprit, les plus hautes, les plus desinteressees.

Vanite que la poesie, dont on ignore l'objet meme et que l'on fait consisler en un jargon conventionnel.

Vanite que la peinture, qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire pas les originaux.

Vanite que les sciences, que la philosophie, incapables de resoudre la grande enigme, impuissantes a nous consoler au jour de l'affliction.

Et l'austere janseniste va plus loin : vanite que ces pures affections oil le « moi haIssable » se recherche encore...

Nous ne pouvons suivre Pascal dans ces conclusions extremistes.

Cette intransigeance devient inhumaine.

On pent chercher Dieu avec toute son Acne et pourtant s'interesser curieusement a tout ce qu'il appelle vanites. 1r Oublions maintenant le xvii° siecle et l'auteur des Pensees, et envisageons tel quel le texte mutile. Dans un defile rapide, nous verrons a quelles curiosites it pent convenir, car it en est de nombreuses varietes.

D'abord la curiosite enfantine, ou puerile, irresistible penchant de la nature.

Ignorant de tout, l'enfant vent tout connaitre, it questionne sans cesse, sur le bien comme sur le mal.

L'inconnu, l'imprevu, le brillant, l'extraordinaire, le mysterieux surtout l'attirent.

Curiosite vive, mais aussi d'une mobilite deconcertante, s'arretant rarement sur un meme objet, sans but précis, vite epuisee, n'aboutissant pas a une observation exacte, ne remontant pas des effets aux causes.

Si parfois déjà cette curiosite se mue en vanite, si l'enfant se vante de ce qu'il vient d'apprendre et s'en fait un piedestal, on peut soutenir, en these generale, que cette curiosite echappe aux rigueurs de la sentence : curiosite n'est que vanite. On decouvre, un peu plus Lard, une autre curiosite : celle des adolescents. Tandis que leur corps se transforme, en eux s'eveillent de nouveaux &sirs. La barbe pousse, la voix mue, l'esprit reve, se pose des questions auxquelles l'enfant n'avait point songe.

Curiasite legitime, necessaire.

Est -ce uni- quement pour pouvoir en parler; se prevaudra-t-on de ces acquisitions nouvelles aupres des carnarades encore ignorants? Cette initiation pro- fitera-t-elle a la seule vanite? Oui et non.

Oui, pour les vicieux ou les imprudents, qui se seront renseignes par des voies illicites et eprouveront le besoin de craner; non, pour ceux dont le cceur est sain, la conscience droite, et qui auront recouru aux sources naturelles d'information : parents, medecin de la famille ou confesseur.

Ceux-la savent pour eux et n'eprou- vent point le besoin de communiquer a autrui leur science toute fraiche. « Chacun pour soi, Dieu pour tous », c'est leur devise en la matiere. Parlerons-nous de la curiosite feminine? Depuis notre mere Eve, it semble qu'une impulsion speciale pousse le sexe a s'enquerir de tout, a sta- tionner longuement devant la vitrine des magasins, a mettre le nez dans les affaires de la voisine, a recueillir les potins de la ville, de preference les plus scandaleux, a suivre passionnement les debats d'un proces tension d'esprit excessive, les médecins lui ont recommandé le « divertis­ sement ».

Ils s'ap.J?ellent Miton, Méré, de Roannez, jeunes gens charmants, délices de la societé mondaine, à l'affût de toutes les nouveautés, se tenant au courant de tout, uniquement pour pouvoir en parler : la dernière tragédie de Corneille, la dernière comédie de Molière, le dernier roman de La Calprenède ou de Madeleine de Scudéry, sans compter ces nouvelles, ces « historiettes » qu'ils colportent de salon en salon ...

Us ne veulent voir, entendre, apprendre, se déplacer, ces jeunes curieux, que pour paraître, se faire valoir et, par-dessus tout, pour ne se trouver en état d'infériorité vis-à-vis de qui que ce soit.

La Rochefoucauld, lui aussi, les a observés; son regard impitoyable a deviné leur< jeu; ·sa plume· atrabilaire a dénoncé cette curiosité « d'orgueil, qui nous donne envie d'être au-dessus de ceux qui ignorent les choses et de n'être pas au-dessous de ceux qui les savent ».

Pascal voudrait prouver à ses amis le vide de leur existence, l'inconsis­ tance de leurs propos et de leurs démarches, il voudrait les élever jus­ qu'aux régions où il plane désormais.

Après avoir fait le tour de tout ce qu'ils aiment, de tout ce qui absorbe leur activité, il en est arrivé à la constatation de l'Ecclésiaste : «Vanité des vanités et tout n'est que vanité», sauf Dieu et son service.

Et dussions-nous sembler en contradiction avec nos affirmations antérieures, il nous faut reconnaître maintenant que cette «pensée » se rattache à d'autres, conformes à cette parole des Livres saints, expression ·d'un désenchantement total en ce qui concerne les joies d'ici­ bas, voire celles de l'esprit, les plus hautes, les plus désintéressées.

Vanité que la poésie, dont on ignore l'objet même et que l'on fait consister en un jargon conventionnel.

Vanité que la peinture, qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire pas les originaux.

Vanité que les sciences, que la philosophie, incapables de résoudre la grande énigme, impuissantes à nous consoler au jour de l'affliction.

Et l'austère janséniste va plus loin : vanité que ces pures affections où le « moi haïssable » se recherche encore ...

Nous ne pouvons suivre Pascal dans ces conclusions extrémistes.

Cette intransigeance devient inhumaine.

On peut chercher Dieu avec toute son âme et pourtant s'intéresser curieusement à tout ce qu'il appelle vanités.

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Oublions maintenant le xvn• siècle et l'auteur des Pensées, et envisageons tel quel le texte mutilé.

Dans un défilé rapide, nous verrons à quelles curiosités il peut convenir, car il en est de nombreuses variétés.

D'abord la curiosité enfantine, ou puérile, irrésistible penchant de la nature.

Ignorant de tout, l'enfant veut tout connaître, il questionne sans cesse, sur le bien comme sur le mal.

L'inconnu, l'imprévu, le brillant, l'extraordinaire, le mystérieux surtout l'attirent.

Curiosité vive, mais aussi d'une mobilité déconcertante, s'arrêtant rarement sur un même objet, sans but précis, vite épuisée, n'aboutissant pas à une observation exacte, ne remontant pas des effets aux causes.

Si parfois déjà cette curiosité sc mue en vanité, si l'enfant se vante de ce qu'il vient d'apprendre et s'en fait un piédestal, on peut soutenir, en thèse générale, que cette curiosité échappe aux rigueurs de la sentence : curiosité n'est que vanité.

On découvre, un peu plus tard, une autre curiosité : celle des adolescents.

Tandis que leur corps se transforme, en eux s'éveillent de nouveaux désirs.

La barbe pousse, la voix mue, l'esprit rêve, se pose des questions auxquelles l'enfant n'avait point songé.

Curiosité légitime, nécessaire.

Est-ce uni­ quement pour pouvoir en parler; se prévaudra-t-on de ces acquisitions nouvelles auprès des camarades encore ignorants? Cette initiation pro­ fitera-t-elle à la seule vanité? Oui et· non.

Oui, pour les vicieux ou les imprudents, qui se seront renseignés par des voies illicites et éprouveront le besoin de crâner; non, pour ceux dont le cœur est sain, la conscience droite, et qui auront recouru aux sources naturelles d'information : parents, médecin de la famille ou confesseur.

Ceux-là savent pour eux et n'éprou­ vent point le besoin de communiquer à autrui leur science toute fraîche.

« Chacun pour soi, Dieu pour tous », c'est leur devise en la matière.

Parlerons-nous de la curiosité féminine? Depuis notre mère Eve, il semble qu'une impulsion spéciale pousse le sexe à s'enquérir de tout, à sta­ tionner longuement devant la vitrine des magasins, à mettre Ie nez dans les affaires de la voisine, à recueillir les potins de la ville, de préférence les plus scandaleux, à suivre passionnément les débats d'un procès reten-. »

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