Dans la biographie qu’il consacre à Molière, Georges Forestier écrit à propos du Malade imaginaire : « Molière et Charpentier transfigurèrent en apothéose, bouffonne et sublime à la fois, la satire conventionnelle des médecins ».
Publié le 23/01/2024
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«
DISSERTATION LE MALADE IMAGINAIRE
Sujet : Dans la biographie qu’il consacre à Molière, Georges Forestier écrit à
propos du Malade imaginaire : « Molière et Charpentier transfigurèrent en
apothéose, bouffonne et sublime à la fois, la satire conventionnelle des médecins
».
Vous expliquerez en quoi cette phrase éclaire les enjeux du Malade
imaginaire.
Selon Georges Forestier, docteur en littérature française, «Molière et
Charpentier transfigurèrent en apothéose, bouffonne et sublime à la fois, la
satire conventionnelle des médecins».
Cette citation nous invite à réfléchir sur la
manière dont Molière réinvente la satire traditionnelle des médecins.
En effet, les
termes « apothéose » et « sublime » désignent ce qu’il y a de plus élevé et
remarquable dans l’ordre moral, esthétique et intellectuel.
Nous pouvons
discerner un oxymore dans cette citation entre les termes précédents et l’adjectif
« bouffonne ».
Ce dernier renvoie à l’idée du comique burlesque et grotesque,
généralement peu délicat.
« La satire conventionnelle » désigne la satire
traditionnelle des médecins, c’est à dire la critique moqueuse qui est à l’époque
de Molière établit par l’usage.
Tous ces termes sont reliés par le verbe
« transfigurer », qui signifie changer le caractère, la nature de quelque chose en
l’exaltant et en lui donnant de l’éclat.
Par son sens, il fait écho au nom
« apothéose » et à l’adjectif « sublime » définis précédemment.
Ainsi, nous
pouvons nous demander comment Molière réinvente la satire traditionnelle des
médecins.
Pour cela, nous étudierons tout d’abord la satire virulente de la
médecine dressée par Molière dans Le Malade Imaginaire.
Puis, nous verrons que
l’originalité de cette œuvre repose sur l’intégration de cette satire dans un
spectacle complet qui permet de susciter des émotions variées chez les
spectateurs.
Tout d’abord, Molière dresse dans le Malade Imaginaire, une satire
virulente des médecins et de leur formation.
En effet, il les décrit dans un
premier temps comme de faux savants.
Ce sont pour lui des personnages
prétentieux qui dissimulent leur ignorance derrière un jargon scientifique.
Ils ont
recours à un vocabulaire complexe et à des formules latines toutes faites pour se
donner de la légitimité et de la contenance.
Par exemple, dans l’acte II scène 6,
les Diafoirus effectuent une consultation médicale à Argan.
Le diagnostic de ces
derniers contredit celui de Monsieur Purgon, un autre médecin.
Monsieur
Diafoirus cherche alors à se justifier en utilisant un verbiage prétendument
scientifique et des termes latins absurdes : « qui dit paremchyme, dit l’un et
l’autre, à cause de l’étroite sympathie qu’ils ont ensemble, par le moyen du vas
breve du pylore, et souvent des méats cholidoliques ».
De plus, pour Béralde, la
médecine n’est à ses yeux qu’une hypocrisie et une orgueilleuse prétention.
En
effet, dans la scène 3 de l’acte III, Béralde déclare «Entendez-les parler: les plus
habiles gens du monde ; voyez les faire :les plus ignorants de tous les
hommes ».
Ainsi, selon Molière les médecins sont pédants et ont recours à la
rhétorique pour se donner de la prestance.
Les médecins n’impressionnent que
par leurs habits et leurs discours savants qui permettent de rendre crédule leurs
patients.
De plus, Molière dénonce aussi le charlatanisme de ces médecins.
En
effet, il révèle leur caractère vénal et cupide ; ils ne cherchent pas à soigner les
malades mais à gagner de l’argent.
Dans la scène d’ouverture de l’œuvre, Argan,
faisant ses comptes, découvre que Monsieur Fleurant, son apothicaire, a
augmenté le tarif des lavements afin de récupérer plus d’argent.
Subséquemment, Toinette déclare sarcastiquement à propos de Monsieur Purgon
« il faut qu’il ait tué bien des gens, pour s’être fait si riche » (acte I scène 5).
Ainsi, les médecins se servent des maux de leurs patients pour s’enrichir de
façon peu scrupuleuse.
De plus, ils exploitent les faiblesses humaines en
exerçant une pression mentale sur leurs patients.
Cette manipulation est
notamment visible lorsque monsieur Purgon, furieux de voir ses prescriptions
négligées par la faute de Béralde, refuse de continuer à soigner Argan (III ; 5).
Le médecin le maudit alors en lui prédisant les pires maladies : « et de
l’hydropisie dans la prévention de la vie, où vous aurez conduit votre folie ».
Ainsi, Molière représente les médecins comme des charlatans imbus de leur
fonction qui n’hésitent pas à exploiter leurs patients et à tirer profit de leurs
maladies pour s’enrichir.
Enfin, Molière critique l’institution médicale qu’il considère incompétente.
En effet, il dénonce tout d’abord l’absurdité de la formation qui repose sur des
savoirs théoriques et non pratiques.
Lors de l’éloge curieux que dresse Monsieur
Diafoirus de son fils (acte II ; 5), le père retrace ses études de médecine.
La
formation repose sur l’apprentissage de la rhétorique et à débattre de façon
contradictoire ce qui n’est aucunement utile pour soigner les malades.
De plus,
les médecins s’opposent au progrès et se fie à des avoirs anciens et obsolètes.
Leurs pratiques qui remontent à l’Antiquité, comme le lavement et la saignée,
sont non seulement inefficaces, mais précipitent la mort des patients.
En effet,
Béralde déclare que « presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et
non pas de leurs maladies » (III ;3).
L’absurdité des pratiques médicales est
aussi visible par des remèdes totalement dénués de sens qui révèlent davantage
de la superstition que de la science.
Par exemple, Monsieur Diafoirus prescrit à
Argan de prendre un nombre pair de grains de sel dans ses œufs mais impair
pour les médicaments.
Ainsi, Molière critique dans son œuvre l’incompétence des
médecins qui ne possèdent qu’un savoir théorique obsolète.
Ils ne connaissent
pas le corps humain et sont incapables de soigner leurs patients.
Ainsi, Molière dresse dans le Malade Imaginaire une satire virulente de la
médecine.
Cette satire est sublimée et révolutionnée grâce à son intégration
dans un spectacle complet.
Dans un second temps, Le Malade Imaginaire constitue un spectacle
complet qui suscite des émotions variées chez les spectateurs.
Tout d’abord, la
pièce est une comédie-ballet qui allie trois formes d’art : la comédie, la danse et
la musique.
Ce genre est créé par Molière dans un concours de circonstances....
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