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Dans quelle mesure peut-on dire que la Princesse de Clèves est un roman historique ?

Publié le 18/12/2023

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« INTÉRÊT DU SUJET • Que faire quand nos aspirations entrent en conflit avec les valeurs de la société ? En s’appuyant sur des personnages de fiction, la littérature présente des réponses très variées à ce questionnement éthique. ► La Princesse de Clèves s’achève ainsi : « Sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables.

» Un personnage de roman doit-il forcément être un modèle de vertu ? Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté, en vous appuyant sur votre lecture du roman La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette et sur les autres textes étudiés dans le cadre du parcours « Individu, morale et société ». CORRIGÉ Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie. INTRODUCTION [Accroche] Certaines époques ont affirmé qu’elles croyaient dans les pouvoirs de la littérature, notamment dans sa capacité d’influencer les mœurs.

C’est vrai du XVIIe siècle : les écrivains du classicisme cherchent à plaire et à instruire à travers leurs personnages et leurs récits. [Explicitation du sujet] Dans cette perspective, la fin de La Princesse de Clèves est éloquente : « Sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables.

» Un personnage de roman doit-il forcément être un modèle de vertu ? Doit-il être considéré comme l’incarnation d’un idéal ou d’une certaine morale que l’écrivain propose à son lecteur ? [Annonce du plan] Nous verrons d’abord que certains personnages sont construits autour de la notion d’exemplarité morale [I], avant de montrer que les personnages à la moralité plus discutable présentent également un intérêt pour le lecteur [II].

Ce sont cependant les personnages complexes, tourmentés, qui s’avèrent probablement les plus attachants [III]. I.

LA TRADITION DU HÉROS EXEMPLAIRE ► Le secret de fabrication Il s’agit ici d’examiner comment et pourquoi certains personnages apparaissent effectivement comme des modèles.

Selon les époques et les esthétiques, les partis pris varient sensiblement. 1.

Des héros aux qualités exceptionnelles Certains héros de roman, personnages extraordinaires, sont érigés en modèles de conduite. La princesse de Clèves est louée à de multiples reprises pour ses qualités hors du commun, physiques et morales, à grand renfort de superlatifs. Ses actions et sentiments sont présentés comme singuliers ; elle évite jusqu’au bout de céder à sa passion, ce qui en fait un modèle de maîtrise de soi. Au Moyen Âge, les romans de chevalerie abondent en personnages que leurs multiples qualités (générosité, fidélité, courage, don de soi…) distinguent.

Elles suscitent l’admiration du lecteur et lui donne l’envie de les imiter.

Citons par exemple Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes. Dans La Condition humaine de Malraux, Katow, arrêté, doit être jeté vivant dans le foyer d’une locomotive ; du cyanure pourrait lui épargner cette mort atroce, mais il l’offre par solidarité à ses deux jeunes compagnons, qui doivent subir le même sort, et se sacrifie avec altruisme et générosité. À NOTER Le personnage « modèle » est aujourd’hui plus rare qu’aux débuts de l’histoire du roman : la littérature s’emploie de plus en plus à faire apparaître des failles. 2.

Des récits à visée édifiante, qui condamnent les comportements déviants Dans les récits à visée édifiante, tels ceux de Mme de Lafayette, certains personnages permettent de dénoncer des comportements qui s’écartent des codes moraux ou sociaux. L’histoire du vidame de Chartres attire l’attention sur les dangers de la duplicité et de l’infidélité.

Le vidame s’est engagé auprès de plusieurs femmes, auxquelles il ment effrontément.

Son secret est éventé après la perte malencontreuse d’une lettre, qui met fin à sa liaison en partie intéressée avec la reine Catherine de Médicis. Dans La Princesse de Montpensier , Madame de Lafayette jette un regard critique sur son héroïne, qui meurt d’avoir suivi sa passion : en cédant au duc de Guise, elle perd l’estime de son mari trahi, tandis que son amant l’abandonne bien vite pour une autre.

Ainsi s’achève le récit : « [Elle] aurait été la plus heureuse si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions ». II.

L’INTÉRÊT DES PERSONNAGES NON VERTUEUX ► Le secret de fabrication Sans contredire ce qui a été exposé dans la partie précédente, il convient ici de nuancer la réflexion en soulignant l’intérêt des personnages qui s’écartent des idéaux, en expliquant comment et pourquoi ils le font, et quel attrait le lecteur peut y trouver. 1.

Des personnages qui évoluent au contact de la société Certains personnages se forgent en se frottant à la société, ce qui provoque leur chute ou leur triomphe. La princesse de Montpensier est d’abord présentée comme un modèle féminin ; mais sa vertu est menacée par sa passion pour le duc de Guise. Elle finit par lui céder, la cour (lieu de tentation) les ayant rapprochés. Georges Duroy, dans Bel-Ami de Maupassant, est un anti-héros aigri par sa pauvreté qui profite de diverses rencontres pour faire sa place dans le milieu journalistique.

De plus en plus sournois et calculateur, il connaît une ascension fulgurante.... »

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