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Dans quelle mesure tous les romans d'apprentissage pourraient-ils s'intituler Illusions perdues ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur le ou les romans que vous avez étudiés.

Publié le 17/01/2022

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question
Autres sujets possibles : Faites le portrait du personnage principal d'un roman d'apprentissage. Peut-il exister des romans qui ne soient pas des romans d'apprentissage ? Comparez Rastignac, Julien Sorel et « Bel ami ». Les romans d'apprentissage ont-ils encore quelque chose à apprendre aux jeunes lecteurs d'aujourd'hui ? Plan I. L'illusion parisienne : — l'attraction de Paris sur le provincial — mais la réalité n'est pas toujours la soeur du rêve — le lieu du paraître. II. Les rencontres destructrices d'illusions : — les femmes initiatrices : éloge du calcul — rencontre avec le démon : la tentation du mal — les voies de la réussite. III. Illusions perdues et échecs — les mauvais choix — les échecs en série — une fois les illusions perdues, que se passe-t-il ?
question

« premier apprentissage, première illusion perdue : à Paris, peu importe ce que l'on est, ses qualités réelles, ce qu' ilfaut c'est paraître, soigner les apparences... 2.

Les rencontres destructrices d'illusionsEn revanche le jeune homme gagne en sens de l'observation et en lucidité : au terme d'« initiations successives »,Eugène finit par « concevoir la superposition des couches humaines qui constituent la société » : « ses illusionsd'enfance, ses idées de province avaient disparu », mais à la place il voit la société telle qu'elle est.

C'est un peunauséabond, mais il faut s'y faire.

Cette découverte, par ailleurs, ne peut s'effectuer seul, sans rencontresfondamentales dans la vie d'un être jeune, encore malléable : il lui faut un guide, un mentor, un professeur.

Aprèsson exploration du labyrinthe de la ville (théâtres, etc.) qui est un passage initiatique obligé de l'élève en voie deformation, Eugène « remarqua combien les femmes ont d'influence sur la vie sociale ».

C'est donc essentiellementMadame de Beauséant, une vague cousine parisienne, qui fait son « apprentissage » théorique à la vie mondaine où,par sa naissance, il a la chance d'être introduit (Lucien Chardon, quoique sa mère soit née de Rubempré, n'aura pasd'accès aussi facile à ce saint des saints que constitue le Faubourg Saint-Germain où se rassemble l'aristocratie lamieux dotée) : « Traitez ce monde comme il mérite de l'être.

Vous voulez parvenir, je vous aiderai...

Plus froidementvous calculerez, plus avant vous irez....

Si vous avez un sentiment vrai, cachez-le comme un trésor (...) ce qu'estle monde, une réunion de dupes et de fripons ».

Telle est la substance du discours que lui tient cette grande dame,elle aussi victime du monde et d'un « galant assassinat » : les femmes, chez Balzac, sont souvent des initiatrices(ainsi Mme de Mortsauf pour Félix de Vandenesse dans le Lys dans la vallée).

Une autre illusion va donc souventtomber : pas d'amour sincère à Paris, sinon c'est le déchirement, comme pour la « femme abandonnée » qu'est Mmede Beauséant...

Puisque les bons sentiments sont condamnés, il faut être sur ses gardes : jouer, calculer ( commeJulien Sorel dans le Rouge et le Noir quand il entreprend de conquérir Mathilde de la Mole ou Georges Duroy dans Belami): les femmes ne doivent être que des marchepieds, des échelons à gravir pour une ascension sociale rapide.Dans cet esprit, Rastignac deviendra l'amant de la belle Delphine de Nucingen : ce que ne comprend pas Lucien quireste « collé » à son actrice, Coralie, au lieu de fréquenter les dames du monde ou d'essayer de reconquérir Madamede Bargeton.

Erreur fatale.

Faiblesse terrible : Lucien est sincèrement épris de cette fille ; le « monde » ne le leurpardonnera pas.

Car l'homme sincère est condamné, ridiculisé.

Rastignac en revanche (comme Julien Sorel) avaitpour ce jeu d'hypocrite d'excellentes dispositions ; dès son adolescence, il se préparait déjà une belle destinée encalculant la portée de ses études : jamais il ne se laisse guider par le seul enthousiasme, ou si rarement.

A ladifférence de Lucien, Eugène n'est pas un poète.

Il réussira.L'autre rencontre décisive, c'est celle d'un initiateur étrange, inquiétant, pervers : ainsi Vautrin fait miroiter àRastignac la possibilité d'une fortune rapide par le crime.

Il est sur le point de céder.Sa conscience, prise de vertige, vacille.

Pour Vautrin en effet, il n'y a que deux partis à prendre : « ou une stupideobéissance ou la révolte », ou la résignation à la médiocrité, ou le refus, qui ne peut qu'utiliser tous les moyens, ycompris ceux que réprouve la morale officielle, car « l'honnêteté ne sert à rien ».

Vautrin fait au passage un élogede la volonté que Rastignac retiendra.

Pas Lucien qui pourtant rencontre aussi Vautrin (caché derrière le masqued'un mystérieux Espagnol, l'abbé Carlos Herrera) qui le sauve du suicide et auquel il vend son âme en échange d'unpeu d'argent...Grâce à ses rencontres successives, à son expérience, à ses observations pertinentes (à travers le père Goriot, ildécouvre comment on traite l'amour sincère et désintéressé), Rastignac va pouvoir réussir : en tuant le jeunehomme sensible qu'il fut, en se cachant derrière un masque : l'« élégant parricide » commis par les filles Goriot lui aouvert les yeux ; désormais, « il voyait le monde comme un océan de boue », « son éducation s'achevait ».

Noussommes au terme de l'apprentissage, au sommet du cimetière parisien du Père Lachaise où l'on vient d'enterrer lepère Goriot qui s'est « saigné » pour ses filles : après avoir versé ses dernières larmes de jeune homme, le jeuneprovincial devenu adulte prononce le mot fameux « A nous deux maintenant ! », en regardant Paris et « pour premieracte de défi qu'il portait à la société, Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen ».

Comme il n'a plus d'illusionssur rien, il pourra faire carrière (il finit ministre de l'Intérieur sous Louis-Philippe, comme le Duroy de Maupassant, luiaussi promis à la fin de Bel ami à une brillante destinée politique), et « réussir sa vie » au moins matériellement. 3.

Illusions perdues et échecsD'autres n'ont pas cette chance (si c'en est une) car trop indécis.

Ainsi Lucien hésite sans cesse entre les deuxvoies qui s'offrent à lui : la réussite facile, la gloire immédiate, par le biais du journalisme (la rencontre avecLousteau est capitale) et de ses prestiges, la vie de luxe, l'existence du dandy ou du « viveur », les beauxéquipages, les vêtements à la mode, les orgies, les actrices ; l'autre voie, plus étroite, est celle de la réalisation deses ambitions premières : devenir un grand écrivain, un poète.

Lucien choisit toujours la route qui descend, laissantl'âpre chemin qui monte à ses amis du Cénacle qui, loin de la terre et de ses médiocrités, vont jusqu'au bout de leurschemins.

Eux aussi sont des provinciaux.

Peut-être n'ont-ils jamais eu d'illusions ? En tout cas, fidèles à leursengagements, tel D'Arthez, ils n'ont qu'un but : leur idéal.

Rien ne peut les en détourner.Ce que découvre « l'apprenti », c'est aussi que l'on ne peut guère changer le monde ; il vaut mieux s'y adapter.Puisque la société qui nous entoure est ce qu'elle est : ignoble, et qu'on ne peut la changer, il faut en exploiter lestares pour soi-même et en tirer des bénéfices.

Les rêves sinon ont tôt fait d'avorter : le bilan politique des romansd'apprentissage est souvent très pessimiste.

Seul survit celui qui sait être aussi médiocre ou cynique ou corrompuque la société qu'il veut dominer : Bel ami en est un excellent exemple.

Le roman de Flaubert, l'Éducationsentimentale, propose un bilan terrible : l'échec politique est général ; les espérances de 1848 s'écroulent avec lecoup d'État du 2 décembre.

Que d'illusions perdues ici, politiques, sociales : la générosité n'a pas d'avenir.

Seulssurvivent les corrompus et les êtres doués de vraie grandeur d'âme.. »

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