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Dans un apologue, le récit prime-t-il sur la morale ?

Publié le 13/09/2011

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apologue

Dans un apologue, le récit prime sur la morale car il sert en effet à l'englober, à lui donner un sens, de l'attention. La petite histoire que développe ce récit attire souvent le lecteur, l'intéresse, le fait venir. Le récit sert à donner du sens à la morale et lui permet de bien se faire remarquer du lecteur, ce qui est un des buts premier des apologues, car, si l'apologue n'est pas lu, il est totalement inutile. Le récit joue également tout du long avec les sentiments du lecteur, l'amusant, le répugnant ou l'horrifiant, pour arriver ensuite, lorsqu'il y est bien préparé à la morale.

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« abondamment utilisé des allégories pour ses fables, mettant en scène des animaux pour protagonistes, ce qui étaitalors plutôt insolite ! Ceci explique en grande partie sa renommée ; qui ne connaît pas aujourd'hui encore une de cesfables sur le bout des doigts ? On peut également penser à Denis Diderot, avec “ Jacques le Fataliste et sonmaître ”, où le récit de Jacques à son maître est le point le plus intéressant de l'apologue : l'allégorie comique ducouteau et de la gaine ravit le lecteur et c'est elle qui fait qu'il se souviendra de cet apologue, et donc de sa morale; c'est le récit qui ancre cet enseignement dans la tête du lecteur et qui fait, qu'ensuite, divertit par ce récit il ira leconter plus loin. Le récit est donc primordial dans un apologue : il donne de la profondeur à la morale et permet à l'apologue des'enraciner dans la mémoire de ses lecteurs et ainsi de se diffuser à grande échelle.

Cependant, bien que le récitsoit important, la morale l'est tout autant, voire plus. L'élément le plus important d'un apologue est sans nul doute sa morale.

Le but de l'apologue est en effet d'avoir uneportée morale.

Sans sa morale l'apologue perd tout son sens, toute sa beauté.

Tout dans un apologue est créé pourla morale ; c'est pour elle que le récit est créé, tout est axé autour d'elle.

Par son apologue, c'est une morale quel'auteur veut transmettre, c'est d'elle qu'il veut que l'on se souvienne, et tout est fait dans ce sens, pour ce but.Ainsi, on ne pourrait appeler “ apologue ” un discours narratif ou le récit primerait sur la morale ; c'est parce que lamorale prime sur le récit que ce discours devient un apologue.

Un des nombreux apologues de Rousseau, se trouvantdans “ Les Confessions ”, démontre bien que, dans un apologue, tout est fait pour la morale : Rousseau nous contela façon dont il avait brillé devant tous ces prétendus littéraires, puis la grâce dont l'avait honoré Mlle de Breil,mandant à son père de lui donner les louanges qu'il méritait, pour mieux nous montrer le succès qu'il avait obtenu,avant que tout ne s'effondre, que toute la situation se renverse avec le verre d'eau, en venant à la morale : quandon est au sommet de la gloire, on risque toujours de tomber.

On voit donc aisément que tout dans cet apologue estécrit afin que la morale soit d'autant plus percutante ; si la montée en gloire de Rousseau est autant décrite, c'estpour que sa chute en est d'autant plus d'impact sur le lecteur.

La morale prime donc sur le récit, car le récit est làpour servir cette morale, car l'élément le plus important d'un apologue est bel est bien sa morale. On a vu que l'on pouvait diviser un apologue en deux parties principales : la récit et la morale.

Si l'on se penche plusprès sur ces portions, on peut remarquer qu'elles ont également des buts différents : le récit a une portéemajoritairement distractive, tandis que la morale a, comme son nom l'indique bien, une portée entièrement morale,on peut en retirer un enseignement.

C'est la morale qui rend l'apologue si intéressant ; le récit, lui, le rendsimplement distrayant.

L'apologue “ Le peuplier et le roseau ”, de Raymond Quenau illustre parfaitement bien ceci :dans ce discours narratif, le côté festif et amusant du récit, mis en œuvre avec le peuplier qui “ caracole ” est bienplus enfantin voire puéril que la morale, expliquant qu'il faut choisir, entre profiter de la vie mais en encourir lesrisques allant avec ou rester dans son coin, en bonne santé, mais sans rien faire.

Après la lecture de cette fable, lelecteur est bien moins guilleret qu'au milieu, alors qu'il lisait que le peuplier gambadait ; la morale lui apporte denombreuses questions philosophiques, auxquels il s'efforce de trouver une réponse et changera peut-être égalementson mode de vie : peut-être deviendra-t-il plus téméraire, réalisant qu'il n'y a qu'une seule vie et qu'il faut enprofiter ou peut-être calmera-t-il ses ardeurs et s'assagira, prenant conscience qu'il n'y a que prendre trop derisque, que ne vivre qu'au jour le jour peut apporter des ennuis.

Le récit n'a donc que peu d'influence sur la vie detous les jours du lecteur, alors que la morale, elle, a un réel pouvoir et peut changer bien des personnes. Dans un apologue, la morale prime donc sur le récit car un apologue sans morale n'est pas un apologue, car tout estau service de cette morale, qui a une portée philosophique, dont on peut retirer un enseignement capable dechanger profondément notre mode de vie, contrairement au récit.

Néanmoins, on ne peut affirmer que la moraleprime sur le récit ou vice-versa, on ne peut les comparer puisque l'un sert l'autre : c'est l'association d'un récit estd'une morale qui forme un apologue. En effet, on peut sans peine affirmer qu'un apologue composé uniquement d'une morale ou d'un récit n'est pas unapologue.

C'est seulement leur combinaison qui en donne un.

Le récit sans la morale n'a aucun sens, et vice-versa.Plus léger, il prépare le lecteur, le détend ou le tend, insuffle du suspens, pour que la morale ait plus d'emprise sur lelecteur, qu'elle le persuade et le marque plus.

C'est l'alternance entre le récit, souvent comique et la morale, plussérieuse qui est en mesure de remplir les exigences d'un apologue : instruire et persuader, les tendant parfois mêmejusqu'à leurs plus extrêmes limites.

D'un premier abord simple, comique, l'apologue se révèle donc être en réalité undiscours narratif pensé dans le moindre de ses détails, précis jusqu'à la maniaquerie, où tout est réfléchi, du début àla fin, afin de convaincre et d'éduquer le lecteur le plus efficacement possible.

Pour toucher le lecteur plus encore,de nombreux autres procédés existent, tel le fait de présenter au lecteur un “ miroir ”, lui renvoyant sa propreimage, bien qu'un peu déformée, exagérée, afin que se reconnaissant, il soit davantage attentif au déroulement durécit et plus encore à la morale, qu'il prendra très certainement pour lui même.

Se reconnaître ainsi dans un de cesdiscours le fera à la fois sourire mais lui fera également prendre conscience de certains traits de son caractères, decertains défauts dont il ne s'était alors jamais rendu compte.

Ainsi, on voit notamment dans une autre desnombreuses fables de Jean de La Fontaine, “ Le Héron ”, où le protagoniste, un héron tarde à se décider de quelpoisson il fera son dîner, les trouvant bien trop dédaignables pour un être tel que lui.

Mais, le temps passe etchaque poisson faisant son apparition est encore plus rebutant que le premier, et, finalement, “ il fut tout heureuxet tout aise de rencontrer un limaçon ”.

Cette fable, d'abord fort distrayante par son récit spirituel, où chacun peutse rencontrer, fait également prendre conscience du fait plus profond qu'il vaut mieux saisir ce que l'on peut, tantque l'on le peut encore, pour ne pas avoir à regretter son indifférence passée par la suite.

On est donc bien ici dansle cas d'un récit divertissant, contrasté ensuite par une morale tout à fait sérieuse, pour avoir plus de poids, pourinstruire par le rire.. »

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