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Dans une lettre à son éditeur, Hetzel, Victor Hugo déclare: «Être violent, qu'importe ? Être vrai, tout est là.» Vous vous interrogerez sur la place de la violence dans Les Châtiments et sur son rapport avec la vérité de l'oeuvre.

Publié le 17/01/2022

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Le poète cherche aussi à susciter le mépris pour les auteurs du coup d'État: même un bagnard comme « Vidocq », « eût refusé » d'être payé pour tirer sur la foule (II, 7,III), même « un chiffonnier», trouvant en «fouillant du croc l'ordure» l'âme d'un Dupin, «la dédaignerait» (IV, 8). Face à ce beau monde s'abrite derrière la religion pour protéger ses privilèges, Hugo justifie ultimement le refus de la violence par l'affirmation que les toucher le salirait (IV, 4).
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« toutes les richesses du prince, Hugo conclut: « Il lui convient d'avoir [...] Ses chasses; par la même occasion, il sauve / La Famille, l'Église et la Société ».

La mise en valeur du verbe « sauver » en contre-rejet, le déploiement, au vers suivant, de la devise officielle, sont ruinés par les mots qui précèdent et soulignent que l'enrichissementpersonnel est l'unique objectif du nouvel empereur. La figure de prédilection de l'ironie est l'antiphrase.

Ainsi, dans «À Juvénal » on déclare de Napoléon III: «Il est l'appui de l'ordre; il est bon catholique; ».

Le même procédé guide le choix du titre des sept livres. Le grotesque.

Dès le poème d'ouverture, «Nox », la farce donne un des tons fondamentaux du recueil.

Elle correspond non seulement au désir d'amuser mais à l'image même que Hugo veut donner du nouveau régime.

C'estque «la Saint Barthélemy s'achève en mardis-gras » (VII, 13).

Mais le travestissement n'ôte rien à l'horreur du régime.

La déformation, le grossissement, en dépassant le réalisme, disent à leur manière la vérité.

Le poète, commele caricaturiste, retient un détail et le grossit à l'extrême.

De ses modèles, « tout en courbes » à force de faire descourbettes à leur maître, il remarque ainsi qu'ils « ravi [n'aient] les Daumiers enchantés par [leurs] convexités et [leurs] concavités » (III, 8). Certaines pièces témoignent plus que d'autres de cette inspiration.

Dans «On loge à la nuit» (IV, 13).

Hugo poussela caricature jusqu'au fantastique: les images animales dominent («Le porc Sénat fouillant l'ordure du grouin »; «Le boeuf peuple rôtit tout entier devant l'âtre » ; l'empereur, sa dure journée finie, rentre « paître ») ; les abstractions deviennent ustensiles domestiques ( « La marmite Budget pend à la crémaillère», la «renommée» s'ôte «avec un tire-botte», comme ailleurs la « Probité » devient un vieux «pourpoint» dont on retourne la manche).

Le burlesque permet ainsi la réécriture prosaïque de l'épopée : sur la cheminée, au lieu de l'aigle, trône « une chouette» de plâtre, les héros sont devenus «grands hommes nains», fiers de leurs «gloires nabotes». Ainsi, devenant carnaval, l'empire et ses créatures incitent moins à la violence qu'au mépris. Le dépassement Même au plus fort de la raillerie, Hugo entend dépasser l'invective, pour s'élever plus haut, montrer la voie de l'Idéalet préparer l'avenir: « Ce que la France veut pour toujours désormais / C'est l'amour rayonnant sur ses calmes sommets » (Nox, VIII).

La vérité de l'Histoire sera dans le dépassement de la violence et le mouvement même des Châtiments y conduit: «Affirmons le progrès dans le châtiment même; / la honte, et non la mort.

» Susciter dégoût et mépris.

Le rôle des macabres descriptions est avant tout de dégoûter à jamais du massacre, faire passer le goût du sang.

Les notations très physiques qui accompagnent le portrait des criminels vont dans cesens.

«Ils couvrent de leur bave honneur; droit, république » (IV, 6).

C'est ce qui explique aussi l'importance dans tout le recueil du thème de l'égout, où «Les reptiles laissent des traces de salive» (III, 13; VII, 4). Le poète cherche aussi à susciter le mépris pour les auteurs du coup d'État: même un bagnard comme « Vidocq », « eût refusé » d'être payé pour tirer sur la foule (II, 7,III), même « un chiffonnier», trouvant en «fouillant du croc l'ordure» l'âme d'un Dupin, « la dédaignerait» (IV, 8).

Face à ce beau monde s'abrite derrière la religion pour protéger ses privilèges, Hugo justifie ultimement le refus de la violence par l'affirmation que les toucher le salirait (IV, 4). Le sublime.

Par la mise en perspective de l'Histoire, Hugo transforme le Second Empire en simple parenthèse et peut alors faire preuve de mansuétude à l'égard de la clique impériale, confiant dans la puissance divine.

Dominentalors les images de lumière, d'envol.

Hugo puise cette élévation dans la contemplation de la nature, dont l'immensitéest aussi grandeur morale.

En elle s'incarne l'apaisement («Aube », IV, 10), le message d'amour (« Stella », VI, 14),du printemps dans «Floréal » (VI, 13), la générosité («Force des choses», VII, 13).

Contre les massacreurs, le poète entend lutter au niveau le plus élevé, celui des principes.

Ce sont eux, ultimement, que le coup d'Etat a foulés aupied: Hugo leur redonne la parole, au moyen de multiples prosopopées. (CONCLUSION) Comme le suggère le mot qui donne son titre au recueil, « châtiment», la seule violence acceptable pour Hugo estcelle qui, légitimée par la loi divine, permet de corriger les coupables, ou du moins de ne pas avilir ceux quil'exercent.

Ce n'est qu'en échappant au cycle infernal de la vengeance que les hommes pourront s'élever à la vraievie.

Et c'est alors seulement que le poète aura rempli sa mission.. »

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