DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE
Publié le 20/01/2020
Extrait du document
> QUESTION [4pts]
Quels rôles les quatre poètes donnent-ils à la musique ? Vous justifierez votre réponse par l’analyse des procédés d’écriture qui mettent ces rôles en lumière.
> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16 pts]
I - Commentaire
Vous ferez le commentaire du poème de Victor Hugo (texte 1).
II - Dissertation
Attendez-vous de la poésie qu’elle soit nécessairement musicale ?
Vous répondrez à cette question dans un développement composé prenant appui sur les poèmes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures.
III - Écrit d'invention
Vous venez de découvrir un disque mettant en musique vos poèmes préférés. Dans une lettre adressée à la maison de disques, vous ferez part de votre enthousiasme ou de votre déception en justifiant votre point de vue et en vous référant à des textes précis.
>CORPUS
1. V. HUGO, « Les luttes et les rêves », Les Contemplations, 1856.
2. Ch. BAUDELAIRE, « Spleen et idéal », Les Fleurs du mal, 1857.
3. P. VERLAINE, « Ariettes oubliées », Romances sans paroles, 1874.
4. A. DE LAMARTINE, « Invocations », Harmonies poétiques et religieuses, 1830.
Pour Baudelaire (texte 2) et Verlaine (texte 3), la musique a un rôle plus intimiste. La musique fait naître chez le premier des émotions des plus variées, allant de la fougue des « passions » (v. 9) au « désespoir » (v. 14). Elle rappelle au second une absence : un « piano » (v. 1), « [u]n air bien vieux » (v. 4) et aussitôt, « Elle » ressurgit. La musique fait donc écho aux sentiments douloureux, qu’elle soulage. C’est ce que dit la métaphore du berceau, commune aux deux poèmes (texte 2 : « Le bon vent, la tempête et ses convulsions / Sur l’immense gouffre / Me bercent. [...] », v. 11-13 ; texte 3 : « Qu’est-ce que c’est que ce berceau soudain / Qui lentement dorlote mon pauvre être ? », v. 7-8).
Pour Lamartine, la musique est un don de Dieu (« Et moi, Seigneur, [...] / Tu m’as donné dans l’âme une seconde voix », v. 9-10), qui doit, selon toute justice, servir à lui rendre grâce. Le rôle de la musique est donc de chanter la perfection des créations divines (« pour chanter dans le ciel l’hymne naissant du jour », v. 2 ; « pour chanter tes merveilles », v. 9). Le rôle de la musique est par conséquent sacré.
Ainsi les quatre poètes accordent à la musique des rôles différents : elle est tour à tour un trait d’union universel, une berceuse pour l’âme, ou un chant divin.
«
Nouvelle-Calédonie, novembre 2003
20 Dans le ciel étoilé du zénith au nadir 1,
Dans la voix des oiseaux, dans le cri des cigales,
Le groupe éblouissant des notes inégales.
Toujours avec notre âme un doux bruit s'accoupla;
La nature nous dit: chante! Et c'est pour cela
25 Qu'un statuaire ancien sculpta sur cette pierre
Un pâtre sur sa flûte abaissant sa paupière.
1.
Nadir: point de la sphère céleste opposé au zénith.
Il Texte 2 : Charles BAUDELAIRE," Spleen et idéal», Les Fleurs du mal, 1857
La Musique
La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;
5 La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la Nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
10 D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l'immense gouffre
Me bercent.
D'autre fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !
li Texte 3 : Paul VERLAINE,« Ariettes oubliées», Romances sans paroles, 1874
Son joyeux, importun, d'un clavecin sonore.
{Pétru.s Borel/
Le piano que baise une main frêle
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu'avec un très léger bruit d'aile
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant
5 Rôde discret, épeuré2 quasiment,
Par le boudoir longtemps parfumé d'Elie.
Qu'est-ce que c'est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être ?.
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